[Chronique] THE GREAT OLD ONES – Tekeli-li

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tgoo

Note : 9/10

Site officiel/Facebook/Les acteurs de l’ombre

THE GREAT OLD ONES (Les Grands Anciens en français) est un projet constitué de 5 membres inspirés par les écrits de HP LOVECRAFT et de tout ce qui gravite autour du mythe de Cthulhu ; un des nombreux Grands Anciens justement. Cette créature humanoïde gigantesque a trouvé une place dans le milieu du Metal au sens large. Parmi les artistes ayant évoqué le mythe, on retrouve bien sûr METALLICA, CRADLE OF FILTH mais encore THE VISION BLEAK, ADAGIO ou encore ICED EARTH très récemment. Mais là où THE GREAT OLD ONES diffère des autres groupes, c’est qu’il a décidé de dédier son œuvre à 100% au concept de l’écrivain. Ainsi après un 1er album intitulé « Al Azif » sorti en 2012 et inspiré par l’histoire du Necronomicon, TGOO sort cette année « Tekeli-li » inspiré directement, cette fois-ci, de la nouvelle de LOVECRAFT : « Les Montagnes Hallucinées ».

Fort de cette découverte, je décide de laisser en stand-by ma lecture de « La tour sombre » de STEPHEN KING pour m’attaquer à cet autre monument de la littérature fantastique qu’est HP LOVECRAFT. Je file à la librairie, passe à la caisse et me revoici déjà quelques 200 pages plus tard (balèze non ???). Après lecture (et l’obtention au passage d’un master en géologie, il faut dire que le sieur LOVECRAFT se perd parfois dans des descriptions interminables qui peuvent rendre la lecture un peu pénible par moments…), je range le livre à côté du « Mythe De Cthulhu » dans ma bibliothèque, tout comme « Tekeli-li » (que j’ai eu la chance de faire dédicacer par le groupe après une excellente prestation live, lors de leur passage à Lille) trouvera sa place à côté de « Al Azif » dans ma discothèque.

Pour commencer (enfin) cette chronique, je citerai un passage du livre : « On se souvient que dans ce récit fantastique (Ndlr : Arthur Gordon Pym de EDGAR ALLAN POE), il est un mot d’une signification inconnue mais terrible et prodigieuse lié à l’Antarctique et que crient éternellement les gigantesques oiseaux blancs de neige fantomatiques, au cœur de cette région maléfique : « Tekeli-li ! Tekeli-li ! » » Il s’agit également du cri que reproduisent, par imitations des oiseaux, les Shoggoths (créatures indescriptibles, sorte de bêtes de somme, héritage des grands anciens disparus) issus de l’imagination fertile de LOVECRAFT et découverts dans notre roman par une équipe d’aventurier sur les terres du pôle Sud. La voilà enfin l’explication de ce drôle de nom d’oiseau pour un album de Metal !

Le disque débute par une courte introduction « Je ne suis pas fou » parlée en français sur fond sonore de violons. Glaçant !!! Le décor est planté et on est tout de suite plongé dans l’ambiance : la température de la pièce s’effondre et les poils de la nuque se hérissent. S’ensuit le titre Antartica. On se heurte alors à un mur de son composé de 2 guitares rythmiques (Benjamin et Jeff); comme si on venait heurter de plein fouet les pentes abruptes, massives, cyclopéennes (pour reprendre les termes de l’auteur) de ces montagnes hallucinées. Un grand bravo à la section rythmique (Sébastien à la basse et Léo à la batterie) qui parvient à contrebalancer ce duo avec brio. La 3ème guitare, celle de Xavier, se veut très mélodique et très aérienne. Une autre citation du roman s’applique à merveille à sa description « Même le refrain du vent prenait un accent particulier de malignité consciente et il sembla une seconde que le son composite contînt un bizarre sifflement musical ou flûté, couvrant une gamme aussi large que le souffle qui balayait en tous sens les omniprésentes et sonores cavernes ».

Très fidèle au roman, l’ensemble du disque sera une succession de passages narratifs en français, relatant les péripéties du duo d’explorateurs sur le sol glacé d’Antarctique, et de compositions labyrinthiques chantées en anglais de 7 à 9 minutes dans lesquelles on se perd volontiers. Cet autre extrait pourrait à lui seul décrire l’état d’esprit dans lequel on se retrouve à l’écoute de cette œuvre : « Il serait difficile de donner un compte rendu détaillé, suivi, de nos allées et venues dans ce dédale caverneux de maçonnerie primitive, mort depuis des millénaires ; ce repère monstrueux d’antiques secrets qui résonnait maintenant, pour la première fois après des ères innombrables, au bruit de pas humains ».

La musique très dense, la batterie de Léo et les voix sous mixées (volontairement je pense) de Benjamin et de Jeff laissent une forte place à l’imaginaire et à l’auto-interprétation de l’auditeur. Comme cette merveilleuse sensation de plaisir et de liberté que l’on peut ressentir à la lecture d’un bon roman. Le disque se termine sur le véritable bloc de matière noire « Behind The Mountains » de près de 18 minutes. Trop court !!!!! TGOO parvient exactement à exprimer en musique ce que le héros du roman ne parvient pas à décrire par des mots : « L’ambiance de mystère maléfique de ces montagnes arides, et l’appel de cette mer du ciel opalescent aperçue entre leurs sommet fut une chose si subtile et ténue qu’on ne saurait l’exprimer en mots de tous les jours ». La perfection n’existe probablement pas mais là on s’en approche ! TGOO parvient à retranscrire parfaitement en musique les émotions suscitées par un roman fantastique. La musique de TGOO s’apprécie dans son ensemble comme un roman passionant du 1er au dernier chapitre de l’histoire.

Il est également à noter un soin particulier apporté à l’artwork du projet avec notamment la superbe version Box limitée à 75 copies en français et 75 copies en anglais avec l’album, le roman de HP LOVECRAFT, des pins, un patch. Un futur collector ! Signés chez les excellents Acteurs de L’Ombre (passionnés d’art noir avec dans leurs rangs, des groupes français à suivre comme REGARDE LES HOMMES TOMBER ou PENSEES NOCTURNES), on espère un long et radieux avenir à cette formation bordelaise.

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