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Herbert Al West - Réanimateur Recalé

Grand amateur de films d'horreur et de musiques de films, j'ai découvert le monde du metal par ce biais là. D'abord de façon presque subliminale en découvrant, jeune adolescent impressionnable, le clip d'Alice Cooper réalisé pour Vendredi 13, Chapitre VI (la chanson He's Back, The Man Behind The Mask). Mais c'est surtout le visionnage du film Shocker (Wes Craven, 1989) et sa formidable bande son qui me firent basculer du côté obscur. J'ai donc commencé par Alice Cooper, Kiss, Megadeth, Bonfire et pas mal d'autres. Mes goûts en matière de metal sont très variés, selon l'humeur, allant de l'AOR au Death Metal en passant par beaucoup de Heavy classique, du Thrash et du Prog, sans oublier le Metal Sympho. Les albums que j'ai le plus usé sur ma platine sont incontestablement : Rust in Peace, de Megadeth, Painkiller, de Judas Priest, Seventh Son of a Seventh Son, d'Iron Maiden, Antichrist Superstar, de Marilyn Manson, Great Escape, de Seventh Wonder, The Divine Wings of Tragedy, de Symphony X, In Their Darkened Shrines, de Nile, Victory Songs, d'Ensiferum, 1614, d'Opera Diabolicus, At The Edge of Time, de Blind Guardian, Herzeleid, de Rammstein, Opus Eponymous, de Ghost, Seasons in the Abyss, de Slayer, Hell Destroyer, de Cage, Bent out of Shape, de Rainbow, Legendary Tales, de Rhapsody, Cruelty and the Beast, de Cradle of Filth, Battle Magic, de Bal-Sagoth, A Retrospective, d'Empyrium, The Fourth Legacy, de Kamelot, Horrorscope, d'Overkill, Panzer Division Marduk/Nightwing, de Marduk, et l'intégrale de Dio, d'Alice Cooper et d'Iced Earth ! Je déteste voir de brillants projets sombrer dans l'oubli et le split pur et simple, comme par exemple le sublime Slaves for Life d'Amaseffer, qui restera à mon avis fils unique à tout jamais. J'ai tenu un blog orienté metal, mais aussi BOF et films tout court. Mais il me manquait pour m'épanouir de rejoindre cette bande de fous que forment les Seigneurs du Chaos !
Ah oui, et comme vous l'avez remarqué, j'adore écrire long...

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Allez, zou, au boulot ! Chaussures qui grincent atrocement sur le carrelage de la morgue, éclairage au néon daté, femme de ménage hideuse bossant encore à cette heure tardive alors qu’elle sait très bien que je préfère travailler dans le silence et la solitude, juste accompagné de mes chers cadavéreux ! Elle va se prendre un coup de scalpel un de ces jours !

Je pousse la porte et cinq silhouettes couvertes d’un drap m’attendent, une étiquette à chaque orteil. Aco, Nico, Fred, Rémi et Chris. Ben se sont foulé la rate ceux-là pour se trouver un blase. Ensemble, ils se nommaient Split Brain, « cerveau scindé », maladie faisant qu’une partie du cerveau pense que l’autre ne fonctionne plus, et vice-versa. L’inconscience de la conscience, ou la conscience du néant. Une démo en 2009, un maxi en 2012 et cet EP datant déjà de 2015 (putain, mais qui c’est qui planque la barbaque aussi longtemps ?!?). Jolie pochette que celle du p’tit dernier, Orpheline. Me fait penser à celle de Follow the Leader, album de Korn, et à son imagerie naïve autant qu’inquiétante.

Côté zique, par contre, c’est pas du néo. Leur page annonce juste la couleur « metal », ce qui reste vague et lui convient en fin de compte très bien. Split Brain n’a pas besoin d’étiquettes, sauf peut-être celles nouées à leurs orteils. Du lourd, de la rage, des distorsions, et de quoi énerver les bien pensants. Le groupe délivre une musique brutale sans jamais oublier la mélodie, servant à merveille le propos de textes clamés en français, des textes au contenu sans concession et au regard plus que lucide sur une humanité n’ayant cesse d’être son Pire Ennemi. Les premiers mots de cette chanson annoncent d’ailleurs la couleur, magnifique et létale, « car l’homme est un animal, possédé par le mal« . C’est très antisocial, et nous restons ainsi dans la tradition d’un metal français de qualité.

Orpheline, c’est quatre chansons, et un interlude situé au milieu, reprenant la mélodie du deuxième morceau, avec un tempo beaucoup plus lent. La voix de Rémi, surtout quand il se lance dans ses impressionnants hurlements, me rappelle fortement celle de Rose Hreidmarr, leader des regrettés Anorexia Nervosa, Glaciation, et des toujours d’actualité CNK et Occulte. C’est assez frappant sur Pire Ennemi, surtout quand on pense aux premiers CNK et son esprit metal teinté de punk – genre ayant une influence importante au sein de Split Brain, dans son esprit si ce n’est dans la forme. Une sacrée référence, qui vous dresse d’emblée le potentiel offert par ce groupe. Et s’il n’y avait que la voix, les textes à la rigueur, mais la section rythmique impose la victoire en hissant un drapeau noir, un combat remporté à coups de shrapnel et terminée à l’estoc des baïonnettes. Guitares, basse et batterie se donnent à fond dans le mouvement, ignorant la performance (ne cherchez pas les soli, sauf quand même sur le virulent Quelle Importance clôturant le débat d’une très belle façon et donnant envie d’y revenir), croisant les riffs comme d’autres le fer. Par Habitude est à ce titre révélateur, marqué par son double riff, Fred et Nico enfermant l’auditeur dans une prison aux murs se resserrant, des murs garnis de tessons acérés. Ce titre reste mon favori, avec son refrain sans concession (C’est le choix qui m’a été imposé, ce n’est pas le mien ni le tien. Quelle serait ma vie si je n’étais pas né ici, un autre moi) et la maîtrise impartiale de sa rythmique.

Puissant, intelligent, mélodique, Split Brain possède tous les atouts pour s’imposer avec un premier album que beaucoup attendent de pied ferme et dont je fais dorénavant partie. La scène française est riche mais la niche visée par ces musiciens à de quoi les accueillir comme il se doit. Allez, un coup de sérum et je vais ranimer tout cela pour qu’ils se remettent vite au boulot.