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Je suis le premier à me plaindre du désert culturel dans lequel je me trouve depuis mon déménagement dans le Lot-et-Garonne. (Bon, il y a bien le festival Garorock de Marmande à une quinzaine de minutes de chez moi, mais bon… il y a autant de « rock » dans la programmation qu’à l’époque dans les émissions de Pascal Sevran!) Alors quand je vois que les Bordelais de The Great Old Ones passent à moins de 30 mn de chez moi, un samedi qui plus est, je dis banco ! Et au vu du plateau proposé ce soir, j’aurais été sacrément idiot de rester chez moi…
La salle Simone Veil ne paye pas de mine, mais une fois la porte d’entrée passée, on ne peut que saluer les efforts réalisés par l’association pour proposer des stands variés : outre le classique merchandising, nous avons divers objets d’art, de la joaillerie, un webzine… Ainsi qu’un artiste peintre qui réalisera, en direct pendant les concerts, une toile du plus bel effet.
Breakdust ouvre le bal avec un set bien thrash qui a fait bouger la fosse dans tous les sens. Pour tout vous avouer, c’est peut-être la première fois, en plus de 20 ans de concerts et festivals, que j’ai failli me lancer dans le circle pit. Ces gars-là ont une pêche d’enfer, très communicative.
Gros morceau pour continuer avec les Marseillais d’Acod. Un show très carré, pour un black metal très bien exécuté (pourtant ce n’est pas mon style de prédilection) et une énorme présence scénique. Difficile de ne pas apprécier la qualité des compos, le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé.
Necrowretch sera le troisième et dernier opener de la soirée, et je dois vous avouer que j’ai moins accroché. Déjà, je n’ai pas vu le début du set, étant parti me sustenter, mais après cela, je n’ai jamais réussi à rentrer dans leur musique, probablement un peu moins accessible que les deux premiers groupes. Attention, à aucun moment je dis que ce n’était pas bon, je ne suis simplement pas cœur de cible. La fosse, elle, ne s’y est pas trompée, et l’ambiance n’est jamais redescendue.
Jusqu’ici, l’organisation a été irréprochable en ce qui concerne les horaires, et c’est donc confiant que je me dirige au second rang afin d’assister au show de la tête d’affiche. Mes pieds, mes jambes et surtout mon dos ne me remercient pas, vu l’heure (même plus) de retard prise. Le régisseur finira par prendre la parole pour expliquer qu’ils avaient été victimes d’un problème technique et que le spectacle allait pouvoir démarrer. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’attente en valait la peine…
Ce soir en Gironde, nous avons assisté à la toute première représentation du ciné-concert The Call of Cthulhu. Si vous connaissez un peu The Great Old Ones, vous n’êtes pas sans savoir que le groupe puise son inspiration dans les œuvres de Howard Philips Lovecraft, maître américain du récit d’horreur, connu donc pour son Appel de Cthulhu mais également pour un bon nombre d’œuvres relatant comment l’espèce humaine se retrouve à gérer diverses rencontres avec des dieux extraterrestres nommés « Grands Anciens », soit en Anglais The Great Old Ones…
« Ciné-concert », il a dit, le chroniqueur ? Oui oui, ce soir, le groupe est installé sur les deux extrémités gauche et droite de la scène, tandis qu’un écran projette le moyen métrage réalisé par la HPL Historical Society, dans le plus pur style « années 30 », muet et noir et blanc. Le groupe a donc préparé ce qu’on pourra appeler une bande originale, jouée en direct sur les images du film. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce concept alléchant et prometteur s’annonçait tout aussi casse-gueule. Et le groupe a réussi son pari avec brio.
Difficile de décrire la musique jouée par TGOO ce soir. Post-rock ? Post-black ? Death prog ? Fusion ? Finalement, le groupe a réussi à rendre hommage à Lovecraft, en composant et jouant une musique tout aussi indescriptible et « indicible » que l’est la démonologie créée au siècle dernier. Les riffs d’ambiance précèdent les déchaînements de violence au fur et à mesure que l’enquête de l’histoire se déroule, les bruitages inquiétants et dissonants finissent d’hypnotiser un public qui, pour l’immense majorité, reste bouche bée devant la performance qui se joue devant ses yeux. En revanche, je me demande ce que donnerait la musique seule. On y perdrait évidemment énormément.
On vit ce soir quelque chose de magique. Pas « magique » dans le sens princesses et dragons, plutôt comme une messe noire où on se demande quels genres de cauchemars vont venir nous hanter alors que les notes jouées ce soir ont probablement amené Cthulhu à se réveiller de son sommeil centenaire et que ses adorateurs préparent déjà l’avènement du Dieu-poulpe.
La projection s’achèvera par un morceau plus « classique », à savoir « Of Dementia », tiré de l’album Cosmicism. L’occasion d’entendre du chant, peu présent lors du moyen-métrage, le tout joué avec le clip en projection.
Pari gagné pour The Great Old Ones. J’appelle de tous mes vœux une sortie de ce concept au format physique. D’ici là, je vais ressortir mon intégrale de Lovecraft – souvenir d’un mémoire de maîtrise jamais terminé, 20 ans déjà… – et la relire en réécoutant les albums de The Great Old Ones. Bravo et merci à l’organisation d’avoir amené un tel évènement dans les campagnes girondines !