[Report] IN PURULENCE + UNTIL DEAD, 28.01.2017, le Kilimanjaro, Dunkerque

Bernard-Henri Leviathan

La nuit tombe sur les quais du port de Dunkerque. Face à la darse reflétant le noir de jais, nul rat rampant dans les ruelles de la Citadelle mais quelques sombres et néanmoins goguenardes silhouettes, preuve d’une bonne compagnie au delà des apparences, poussent la porte de l’établissement. Ce soir, le Kilimanjaro, davantage connu pour ses rythmes reggae et world arrosés de rhum, cède la place aux décibels et propose le genre d’événements qui se fait bien trop rare dans la cité corsaire. Ce soir, je ne bouge pas mes fesses. Ce soir, c’est le Metal qui vient à moi.

Les câbles courent le long de la cave et la fumée emplit l’espace, il est temps de découvrir UNTIL DEAD, groupe de Dark/Black Metal qui sévit dans la région depuis 2014 et qui s’apprête à sortir son premier album. A en juger les Mjöllnirs en pendentif qu’arborent les musiciens, je me dis avant même les premières notes que l’influence culturelle du Grand Nord ne sera certainement pas bien loin. Et effectivement, au fur et à mesure du set, on pensera aux racines du genre : un peu de BATHORY, d’ENSLAVED, de DARKTHRONE. Un Metal noir mené par un rythme continu et consistant sur lequel se calent de beaux accords, recette pas forcément complexe, avec quelques légères maladresses dans l’interprétation, mais bougrement efficace, bien écrite et respectueuse d’un héritage. Le mariage des voix de Jo, Steeve et Ben, guitaristes et bassiste aux timbres essentiellement saturés mais également clairs (j’ai comme une envie de citer l’excellent «Over Bleknede Blåner Til Dommedag » de DIMMU BORGIR), concourent à l’aspect épique de leur Metal extrême.  Vers la fin du set, l’apport d’arpèges de guitare claire – vestiges du passé plus rock du groupe – en alternance de blasts donne également une certaine couleur post-black, à la manière d’ALCEST par exemple. Outre Christ’Off qu’on aime voir s’éclater à descendre les toms, encore un peu plus d’agitation au devant rendrait la prestation impeccable. Mais bien entendu, la configuration de la salle est à prendre en compte… Un groupe que la sincérité anime, au propos pénétrant, qu’il me tardera de revoir et dont l’album devrait rapidement venir compléter ma collec’ de chroniques!

Je vous avais déjà parlé d’IN PURULENCE, jeune formation de Death Metal old-school du Pas-de-Calais qui compte notamment en ses rangs Thorsten, illustre personnage des salles sombres de la région. IN PURULENCE fait partie de ces groupes méritants et tentant de faire voyager leur nom en enchaînant les dates. C’est donc de nombreux concerts plus tard que je me retrouve à nouveau nez-à-nez avec lui…. Et la donne a sensiblement changé ! Il est évident que s’il avait déjà trouvé un créneau dans lequel il avait pas mal de choses à dire, l’expérience accumulée fait son oeuvre. Le groupe a encore gagné en technique, en cohérence aussi et l’arrivée de Kildengaard derrière le micro n’est pas non plus anodine. Sa présence, sa prestance, les variations de hauteurs qu’il donne à son chant emmène la troupe encore plus en avant. Il interpelle le public, se mêle à lui, lui demande sa participation et donne ce qu’il faut de dynamique qu’il manquait peut-être auparavant au groupe. Derrière, Aze se concentrent sur ses gros riffs rappelant OBITUARY, Hrothgar sur ses soli hirsutes à la MORBID ANGEL, Thorsten sur ses parties de basse fretless façon Di Giorgio et Gravdal sur ses blagues douteuses entre deux matraquages de peaux. Et quand l’un deux rencontre un problème technique lui faisant manquer quasiment un morceau, pas de problème, the show must go on, et tout le monde retombe sur ses pattes. Bref, une belle prestation rehaussée d’une évolution dont il est toujours plaisant d’être témoin et que je ne peux que conseiller maintenant de poser sur disque.

C’est avec la satisfaction d’une soirée réussie que je m’extirpe de la cave, m’enfonçant dans la brume épaisse du port, disparaissant dans la masse informe des bâtiments, des cheminées de cargos et crachotant ce qu’il me reste de souffle en cet hiver rugueux. Je ne rappellerai jamais assez le plaisir de revenir à la source, loin des gros projecteurs, de prendre un peu de distance avec les grandes salles, les grandes affiches pour aller voir ce qu’il se trame en amont de tout cela. Le talent et le bonheur se trouvent aussi dans nos souterrains et ils ne demandent qu’à émerger. Long live the underground !

 

Share This:

1 commentaire sur “[Report] IN PURULENCE + UNTIL DEAD, 28.01.2017, le Kilimanjaro, Dunkerque”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *