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Pour ceux d’entre-vous qui préfèrent les histoires courtes, une version express de ce report est disponible ici.
On l’a connu, il était haut comme ça mais déjà bien costaud pour son âge. On l’a vu grandir, prendre des formes et du poil, devenir toujours plus séduisant…. Et voilà l’Alcatraz Metal Fest fêtant maintenant ses 10 ans ! De Deinze à Courtrai, d’une journée à deux puis maintenant trois, d’une scène principale à une seconde, en 10 années la prison a mué, s’est étoffée au grès de son succès, a accueilli toujours plus de bienheureux. Une évolution toute naturelle et méritée. N’étant pas forcément un fervent amateur de festivals XXL et préférant laisser cela à mes joyeux collègues, cet événement avait jusque-là des atouts majeurs pour me garder conquis : une infrastructure à taille humaine dans laquelle on ne se perdait jamais vraiment de vue, une ambiance familiale et une belle programmation, pas forcément à outrance, mais ainsi faite qu’on ne manquait rien des prestations tout en ayant du temps avec les potes passant par là! Cependant, l’Alcatraz s’étoffant et gagnant toujours plus de terrain, allait-il en être encore ainsi ?
Jour 1
C’est à cause de réflexions de ce genre que j’en arrive à me mettre déjà en retard ! DYSCORDIA, ce sera pour une autre fois. Après une entrée difficile, je rejoins enfin mes habituels compagnons Michel de MUSIC IN BELGIUM, Sophie et Claude sous la tente de la Swamp Stage. Mieux organisés que moi, les voilà bien postés mais ça y est, j’y suis ! Les 3 jours peuvent commencer.
Quand bien même nous ne sommes pas sur les hauteurs d’un Helfest, d’un Graspop, d’un Wacken ou autre, la quarantaine de groupes force à se fixer des objectifs. Pour ma part et par ordre chronologique :
Des objectifs principaux : EVIL INVADERS, HELL, DENNER-SHERMANN, GHOST, DIRKSHNEIDER, ICED EARTH, VENOM, ABBATH, MOONSPELL, PARADISE LOST
Des objectifs secondaires mais parfois manqués: RAGE, LAST IN LINE, TESTAMENT, SAXON, RAVEN, SACRED REICH, ENSLAVED, DORO
Et puis le reste… les prestations « tant mieux si je les vois » et celles qui me laissent indifférent.
Ceci devrait vous donner, si vous ne connaissez pas mes goûts, la couleur de ce report. Et comme les choses sont souvent bien faîtes, mes objectifs fixés se sont souvent révélés être mes coups de cœur !
A commencer donc par EVIL INVADERS. Le public affluant et la queue confondue entre presse et VIP me font manquer le début de l’immanquable… Néanmoins, il faut peu de temps pour s’apercevoir à quel niveau d’intensité le groupe est capable de propulser son auditoire et le malheureux demi-set auquel j’ai droit sera suffisant pour me convaincre que la fougue et la maitrise déjà pressenties au travers de la discographie ne sont rien en comparaison du feu qu’ils allument sur scène. L’énergie du quatuor est tout bonnement incroyable. Entre speederie, vélocité, pirouettes, hargne, moustache et rouflaquettes, EVIL INVADERS est simplement un condensé de ce qu’il se fait de mieux. Déjà dans mon classement des meilleures formations actuelles belges, voire des meilleures tout court, ce show fumant ne fait que confirmer mon appréciation !
Pendant ce temps, sur la Prison stage, PRETTY MAIDS a déjà entamé son set. Mes craintes sont donc fondées, comme dans bien d’autres fests multiscènes, les sets se chevauchent l’espace de quelques minutes… Je passe rapidement sur les Danois qui, malgré quelques bons vieux brûlots tels que « Back To Back » ou « Red, Hot and Heavy » et la voix toujours puissante de Ronnie Atkins, me laissent l’amer goût de soupe à l’oignon. Comme quoi tout ne bonifie pas avec le temps mais peut-être est-ce l’effet d’une transition un peu trop brutale avec EVIL INVADERS ! Le groupe occupe la foule le temps d’un réglage et l’amuse avec quelques plans ultra-connus de QUEEN, WHITE STRIPES ou encore PINK FLOYD…. Je passe également rapidement sur le concert de KROKUS qui, contrairement à mon confrère Michel – fan du groupe devant l’éternel – ne me procure pas un enthousiasme exaltant. Il faut dire que (oui je sais ce que vous allez me dire, je reconnais qu’il y a un problème quelque part mais la vie est faite de réalités incroyables), je m’ennuie rapidement à l’écoute d’un disque d’AC/DC, alors KROKUS… et ce, même si le groupe délivre, en toute objectivité, un show très carré, enjoué et offrant visiblement beaucoup de plaisir à la horde de fans !
Ce qui suit nourri davantage mes attentes. Malgré un son mal réparti, qui sera malheureusement une tendance sur la Swamp Stage, c’est toujours un plaisir de retrouver la troupe théâtrale de HELL, groupe apprécié pour ses qualités d’écriture et de mise en scène, groupe attachant de par son histoire. Pour celui qui a déjà croisé la route des Anglais, il n’y a rien de totalement spontané dans la scénographie. Le set est truffé des gimmicks du groupe : corpse paint, vitraux en kakemonos, costumes d’ange noir, de satyre sur échasse, de pestiféré, de martyre au martinet, et set-list presque exclusivement composée des titres historiques du groupe, immortalisés sur le premier album « Human Remains ». Mais le charisme fou de David Bower et ses acolytes laisse peu de place aux reproches. Ca chauffe bien sous la tente et le groupe est salué à sa juste valeur. A voir si ce n’est pas déjà fait de votre côté !
A l’origine, s’il n’avait fallu choisir qu’un des 3 jours, je me serais jeté sur ce vendredi car compilant le plus grand nombre de noms faisant écho chez moi. En fan de MERCYFUL FATE et de Snowy Shaw par ailleurs, j’avais donc légitimement hâte de découvrir ce que donne DENNER/SHERMANN sur scène… Je ne savais pas encore, à l’heure où Sean Peck réglait sa caméra sur le côté, à quel point LA déception du week-end commençait à s’organiser. Je ne sais non plus par quelle opération maline je n’avais pas suivi le fait que Shaw, le facétieux blondinet, ne serait pas de la partie. Et déjà une terrible impression s’empare de moi en voyant quelqu’un que je ne reconnais pas, s’assoir à sa place derrière la batterie. Et ce n’est que le début des désillusions. Le son est ignoble, la voix n’est audible que dans les égosillements les plus poussés, les guitares se mêlent dans un brouhaha duquel ne ressortent que la basse et la batterie… Je mets d’ailleurs quelques douloureuses secondes à reconnaître les grands classiques de MERCYFUL (« Black Funeral », « Curse Of The Pharaohs », « Into The Coven », « Evil », « A Corpse Without Soul »). Difficile également de se concentrer sur le visuel, il n’y en a pas. La paire de gratteux la plus evil des années 80 est assez placide. De son côté, Sean plagie le Metal God et se montre parfois plus intéressé à filmer et photographier le moment, ce qui lui fait d’ailleurs manquer une fin de chanson. Bref, une triste escroquerie mal servie par l‘ingénierie sonore.
Déjà vu maintes fois avec un plaisir toujours renouvelé (ou boudé par une autre frange de Metalheadz), GHOST se fait attendre sous les liturgies des chants sacrés. L’ambiance est assurée et le monde afflue pour acclamer ce groupe qui cultive, depuis maintenant plusieurs années, sa différence et qui a toujours su prendre la culture metal à revers. Ce soir cependant, je suis perturbé par le timbre étrange de Papa Emeritus, plus nasillard, voire rauque que d’habitude…. Ce qui vaut les railleries de mes compagnons de l’instant. Les nouvelles goules (sic !) prennent davantage le devant de la scène mais il y a une alchimie moins perceptible qu’à l’accoutumée. Comme pour HELL, on retrouve les éléments qui jalonne les concerts du groupe : encens, nonnes, renfort de pyrotechnie, confettis et, désormais, la mutation de Papa en maestro. Tobias Forge (qui s’est depuis officiellement révélé, même si ce n’était plus une surprise) est toujours à son aise avec le public. La setlist prend des airs de « best of », piochant allégrement dans chaque album et, vu l’effet que cela produit sur le public, il est incontestable que GHOST a réussi à se hisser, en l’espace d’une poignée de disques, au rang d’incontournable des années 2010 ! La messe est dite !
C’est avec DIRKSCHNEIDER sur la Swamp stage que nous terminons cette bonne première journée, même si elle n’aura pas été aussi prometteuse qu’espéré. Nous avions eu ACCEPT lors de l’édition 2015, cette fois nous avons son mythique chanteur. Son idée est simple : partir sur les routes avec UDO, en changeant de patronyme, pour revenir aux racines (« Back To The Roots », du nom du live sorti) et en finir avec ACCEPT (« Farewell to Accept » du nom de la tournée). Uniquement du tube d’ACCEPT donc, voilà qui ne sera pas bien difficile de conquérir plusieurs générations tombées dans la potion étant petites. Toutes les tueries y passent ! Le son est puissant… comme quoi la Swamp en est capable! Joyeux, les gratteux nous font languir avant d’entamer un superbe « Princess Of The Dawn » et les « Son Of A Bitch », « Metal Heart », « Fast As A Shark » ou encore « Balls To The Wall » dynamitent le public. Ca slamme à tout va mais, victime d’un douloureux dessein, je terminerai la soirée avec une bien fâcheuse expérience… au moment où je ressens une masse molle et juteuse au dessus de moi, je m’aperçois qu’un papy au coeur plus jeune que le mien et tout de fesse vêtu sous le kilt, écrase son séant sur mon front d’ébahi tel un baiser maudit déposé par la peste ! Hagard et la risée de mon équipage, je m’en vais, m’interrogeant profondément sur les bienfaits de l’existence. Inutile de vous dire que l’exploit sera repris par mes comparses tel l’emblème de cette édition 2017.
Jour 2
Ragaillardi, je commence la seconde journée tardivement avec ICED EARTH. Je manque donc les prestations de RAGE et LAST IN LINE et côté Swamp, la programmation très Stoner m’inquiète un peu.
Après avoir bousillé un pneu en tentant de trouver un place de parking de fortune, j’arrive au son de l’intro de « Great Heathen Army », l’un des deux uniques extraits (avec « Seven Headed Whore ») du pourtant excellent nouveau-né : « Incorruptible ». A peine la machine est-elle lancée qu’elle dégage déjà une énorme énergie. La fosse est abreuvée de gros son à l’américaine, déjà parce qu’en live Jon Schaffer reste un monstre de la rythmique mais également car, au fil des titres fortement issus des albums des 90’s (« Pure Evil », « I Died For You », « Dark Saga », « The Hunter », « Vengeance Is Mine » « Burning Times », « My Own Saviour »), Stu Block confirme qu’il est le plus grand chanteur que Schaffer a pu avoir en ses rangs… en inconditionnel de Matt Barlow, je prends tout de même sur moi pour décider de cette opinion! L’émouvant « Watching Over Me » fait office de final mettant bon nombre d’entre-nous à genou… enfin à peu près… la boue ayant élu domicile à nos pieds suite aux pluies nocturnes et matinales, ce n’est pas évident de se mettre à genou !
Je passe voir rapidement OBITUARY qui est en train de faire un carton pour les fans du genre, avec un show carré, bien old-school et dégoulinant de l’esprit gore. Je note les classiques « Slowly We Rot » et « Chopped In Half » dans un coin de ma tête avant d’aller discuter musique avec les gars d’HYBRID (combo Heavy des Hauts de France dont le premier album devrait paraître dans quelques temps) trouvés sur place.
J’avais déjà eu l’occasion de voir TESTAMENT en live et, malgré mon adhésion à une bonne partie de leur travail studio, j’étais resté sur ma faim. Ici, le son est assez étrange, écrasant certaines fréquences, et n’est pas perçu de la même manière suivant l’endroit où l’on se trouve. Cela dit, ça poutre. Di Giorgio, qui avait déjà foulé la Prison stage avec DEATH DTA en 2015, impressionne toujours avec sa technique fretless. Avec une moitié de setlist tirée des deux dernières productions du groupe et une autre moitié tirée des premiers albums (dont les incontournables « Disciples Of The Watch » ou encore « Over The Wall »), la facette très Heavy ressort. Chuck Billy s’amuse avec son bout de micro, mime à merveille les soli de la paire Peterson/Skolnick et invite au « circle pit » sous les coups de massue du monstre Gene Hoglan. Un set qui me laissera une meilleure impression live du groupe.
Après, c’est SLEEP ! Et SLEEP, c’est un Stoner/Doom trèèès lent et trèèès lourd. Ca sonne actuel blablabla… exploration des espaces infinis… blablabla… son très fort et puissant… blablabla…hypnotique et fumeux…. Bref, nous faisons une tentative mais il faut bien dire qu’ils ont choisi un nom valable. Nous restons hermétiques à leurs tentatives de nous sortir de ce sommeil qui rôde !
Déjà de passage il y a deux ans et grosse claque de cette édition 2015, VENOM revient nous gratifier de son raffut infernal. Le backdrop se déploie avec le diable de « Black Metal », cerné des pentagrammes de « Metal Black »… à son âge, pas de raison que Cronos nous fasse le coup du compromis ! Rage, à la guitare, a troqué sa moustache pour une grosse barbe de hipster mais chauve. Ce soir, seulement une poignée de classiques (« Welcome To Hell » interprété assez lentement, « Countess Bathory », « Buried Alive ») sont offerts au profit d’un « Fallen Angels » (dernier album en date) très représenté. La grosse basse claque, la pyrotechnie et le jeu de lumières sont travaillés mais l’effet est tout de même un brin moins percutant que deux ans auparavant. Il n’y a qu’un seul et unique VENOM disait le bassiste… Prenez garde Monsieur Cronos, vu la qualité du « Ave » que vos ex-comparses ont sorti et que je me suis empressé de me procurer au Metal Market, le seul et unique VENOM risque bien de gagner un « INC » en suffixe ! Voilà qui devrait vous booster ! En attendant, je file, je ne veux rien manquer du grand ABBATH !
Il est 22h25 et le légendaire bichrome venu du froid nous fait une entrée façon gladiateur sur la Swamp stage, crachant du feu sur fond de trompettes romaines. Puis avec un « To War ! » de circonstance, le trio – devenu quatuor pour la scène – lance une violente offensive de plus d’une heure qui ne connaîtra d’accalmie qu’à l’occasion des quelques arpèges clairs typiques du style du guitariste. Tout se joue dans l’ombre, on devine les musiciens au beau milieu d’un champ d’épaisse fumée pour un rendu des plus apocalyptiques. Le magnétisme opère d’emblée et le publique, survolté, réagit en conséquence ! Pas mal d’incursions à IMMORTAL sont faîtes (les terribles « Nebular Ravens Winter », « Tyrants » ou encore « Solarfall » et « All Shall Fall » par exemple) et nous avons même droit à un petit « Warriors », issu du projet I. Quant aux titres issus du premier album éponyme, ils réussissent parfaitement l’étape du live. Le son va de mieux en mieux sur la Swamp. Au delà du fait qu’il force le respect, Abbath est un grand clown qui ne boude pas notre plaisir avec ses interventions uniques et quelques pas de sa fameuse danse du crabe… mais, bien heureusement pour lui, pas le gadin façon MetalDays! Un grand homme en blanc et noir et bien certainement l’un de mes coups de cœur de ces trois jours.
Je dois, une fois de plus, sacrifier l’entrée du groupe suivant sur la Prison stage. Et là, il s’agit de SAXON. Forcément, après le black traditionnel, le soufflet retombe un peu mais autre ambiance, autre époque… et quelle époque puisque nous avons droit à une grande majorité de titres issus des années 80. Des tubes Heavy à la pelle sans toutefois oublier une ou deux pépites plus récentes comme « Battering Ram ». Une setlist en fin de compte très calée sur celle de « Let Me Feel Your Power », dernier album live en date. Biff Byford est en belle forme autant vocale que humoristiquement parlant. Il envoie ainsi paître les mecs qui resteraient chez eux à mater le concert sur Internet, oblige Nigel Glockler à jouer debout derrière son kit, etc. Un beau show pour un groupe prouvant qu’à une époque on savait remplir un morceau avec un rien dans le rythme.
Je fais l’impasse sur WOLVES IN THE THRONE ROOM et reste sur cette belle leçon pour clore cette seconde journée et ceci, sans même récolter une fesse sur le front !
Jour 3
De pire en pire, j’arrive pour le set de DORO… Heureusement que ce fest ne dure pas cinq jours, je risquerais de ne rien voir du tout la dernière journée. Vous ayant déjà parlé de SACRED REICH lors d’une précédente édition, c’est surtout RAVEN et ENSLAVED que j’aurais aimé ne pas manquer aujourd’hui… mais ENSLAVED à 16h10, c’est encore trop matinal !
Après Mina Caputo (LIFE OF AGONY) un peu plus tôt dans la journée (non, je n’écoute même pas vos commentaires !), un peu de présence féminine dans ce monde franchement macho et trop plein de poils, ça fait du bien… surtout lorsqu’il s’agit de balancer des hymnes fédérateurs comme « All We Are » ou le « Wacken Hymne ». La reine du Heavy, grande dame à qui l’on doit un grand respect, axe principalement son set sur le passé avec pas moins de sept titres de WARLOCK et une reprise du « Breaking The Law » de vous-savez-qui. C’est classique donc, c’est cool et ça se digère très bien. Dommage que je ne puisse finir ce concert…
Vite, vite à la Swamp. Le must se prépare, le must arrive, le must est là ! Avec Sophie, à force de persévérance et de martelage, nous réussissons l’incroyable tour de force, Mesdames et Messieurs, de trainer Michel au show de ceux qu’il aime à appeler les « DEPECHE MODE portugais » avec une moue dédaigneuse et beaucoup de mauvaise foi… oui, sa haine est sans limite et pourtant MOONSPELL, qui fera un sans faute, réalisera cette toute aussi incroyable prouesse de convaincre mon bon ami ! Il faut dire que les planètes jouaient en notre faveur puisqu’il était prévu un set spécial « Irreligious/Wolfheart ». De quoi séduire d’avance ! Dans une ambiance infernale, illustrée par un habillage de lumières rouges, la totalité d’ »Irreligious » est donc jouée et augmentée des inégalables « Vampiria » et « Alma Mater » en bout de set. Ceci laisse donc le loisir à Fernando Ribeiro de ressortir ses lasers à doigt maniés tels les ficelles d’un « Herr Spiegelmann » manipulateur. Aucune faute de goût, aucun faux pas, les Portugais sont parfait ! Un gros, peut être MON, coup de cœur du festival. Voilà qui ouvre l’appétit en attendant « 1755 » qui sortira le 03 novembre, qu’il me tarde déjà d’avoir dans les mains avant de revoir le groupe en compagnie de CRADLE OF FILTH le 20 février 2018 au Metaphone de Oignies (62).
Certainement au grand dam de bon nombre de lecteurs, je l’avoue, je n’ai jamais adhéré à AMON AMARTH…. Je n’en ai jamais vraiment fait l’effort non plus. Trop calibré. Vu l’affluence dans la fosse, beaucoup de gens sont incontestablement, eux, amateurs des Suédois et l’on comprend ce qu’implique un dimanche « sold out » à l’Alcatraz : la prison est prise d’assaut ! J’apprécie néanmoins cette belle scène aux couleurs viking qui se dresse. Le côté parfois Heavy est plaisant mais la grosse caisse à tout-va est tout bonnement pénible. SkeleThor (… humour !), pointant son absence de nez au milieu des Musclors, apporte son lot de fantaisie mais, définitivement, je préfère rejoindre mes potes Yoann et Jay – chanteur de ZAANG (groupe de Metal prog et alternatif du Nord dont le premier album, « Perdition », n’a reçu qu’éloges à travers le monde) qui attendent déjà PARADISE LOST.
Avec MOONSPELL et PARADISE LOST, je fais un bond en arrière dans mes jeunes années, la période goth lycéenne. « Wolfheart » pour l’un et « Draconian Times » pour l’autre venaient de sortir et révolutionnaient mon monde ! Après « No Hope In Sight » ouvrant assez logiquement le set, puisque emprunté au superbe « The Plague Within », dernier album en date, “Pity The Sadness” vient donc nourrir cette nostalgie évoquée plus haut! “One Second”, malgré la controverse de l’époque, fait sacrément remuer la foule avant que le groupe ne nous propose le tout récent “Blood And Chaos”, tiré de “Medusa”, le prochain album à paraître le 1er septembre. Le morceau ne me convainc pas forcément et j’espère qu’il n’est pas représentatif de cette prochaine production. « Longest Winter », un second extrait, semble déjà plus intéressant… Les “Say Just Words”, “Enchantment” et “The Last Time” en final bien choisi, provoquent bien du remous et c’est toujours assez amusant d’observer le décalage que cela provoque en comparaison du flegme stéréotypiquement britannique qu’affiche Nick Holmes. Ce n’est pas nouveau, les shows de PARADISE LOST sont souvent fort épurés. Celui-ci ne déroge pas à la règle, ce qui a pour conséquence de voir Michel jeter l’éponge. Néanmoins, Aaron Aedy et Steve Edmonson vivent davantage l’énergie des morceaux. Mon pote Jay, lui, prend son méga-pied et il a raison. Et en plus de passer un très bon moment, la venue de PARADISE LOST sur cette édition nous aura permis de voir à quoi ressemble le talentueux Greg Mackintosh lorsqu’il se déguise en punk!
C’est le moment fatidique. Après 3 jours intenses, il faut clore cette édition. C’est à KORN que revient le privilège de baisser le rideau et je crois n’avoir jamais vu autant de monde dans la prison ! Il aura été d’ailleurs, sur cette édition, bien plus difficile de croiser toutes les personnes que j’avais prévu de voir (je repartirai donc sans le premier EP de GUNNAR, groupe de Hard du Nord sortant son premier effort, sans le 2 titres promo de DRAKKAR, etc.). Ceux qui me connaissent le savent, je ne suis pas un amateur de la scène néo, je pensais donc en rester là pour cette année mais, curieux et bien escorté par les copains, je reste planté là. Je retrouve HAIRCUTS THAT KILL (groupe belge de Heavy/Thrash dont on attend avec grande impatience le troisième album) au trois quarts complet (… enfin… trois mecs quoi, vu qu’ils sont quatre !) hurlant de rire à propos d’un malheureux qui a reçu un cul nu sur le crâne… je ne vois pas… Je dois reconnaître que, par contre, en face, il y a un show communicatif, sur une belle scène à étages lumineux. « Twist » et « Got the Life » me rappellent les CDs échangés sous mes yeux dans la cour du lycée. Le groupe donne ce que le public veut entendre. Il paraît même qu’un musicien d’I AM MORBID a fait sa demande en mariage à la fin du set mais à ce moment là, je suis déjà loin car, pour ma santé fragile, il est bon de ne tout de même pas abuser d’un concert de KORN…. Fourbu, les pieds en compote dans une paire de New Rock qui date bien elle aussi des années lycée, je repars conquis et heureux ! L’Alcatraz, c’est quand même vachement bien !
A l’heure du bilan, si l’évolution du festival le pousse à s’étendre, et ceci de manière prometteuse pour l’équipe d’organisation, je crains de voir au fur et à mesure s’estomper l’agréable statut de festival intermédiaire auquel je suis attaché. Mais toute chose évolue et l’Alcatraz conserve tout de même son identité. Si le festival doit encore évoluer, il serait alors intéressant de réserver un espace pour la scène underground car c’est ce qu’il manque actuellement. Quoiqu’il en soit, cette nouvelle édition aura été un franc succès au travers d’une affiche variée et sacrément balaise. Merci à l’équipe !
On l’a connu, il était haut comme ça mais déjà bien costaud pour son âge. On l’a vu grandir, prendre des formes et du poil, devenir toujours plus séduisant…. L’Alcatraz Metal Fest a fêté ses 10 ans !
Super report 😉