- [News] Thrash Metal Inoculation – 30 mars 2024, Toulouse - 22 mars 2024
- [News] Les albums de 2023 : le TOP 15 de Bernard-Henri Leviathan - 31 décembre 2023
- [Chronique] WORSELDER – « Redshift » - 7 décembre 2023
Deux ans que je n’avais pas foulé les terres belges de l’Alcatraz, le plus petit des grands festivals, le plus grand des petits festivals ! Après une édition 2017 aux petits oignons (Evil Invaders, Hell, Denner/Shermann, Ghost, Iced Earth, Abbath, Venom, Moonspell, Paradise Lost…), les aléas de la vie nous avaient empêchés de couvrir l’année 2018.
Cette fois-ci, ce n’était également pas si simple… la programmation 2019 ne se montrait pas aussi alléchante que les années passées, faute essentiellement à une bonne poignée de groupes vus et revus sur ces mêmes planches, le festival ayant tout de même un peu de peine à renouveler son affiche. Bon d’accord, je ne suis pas très juste en écrivant cela. Du renouveau, il y en a chaque année puisque le festival ne cesse de s’agrandir, d’évoluer et c’est ainsi que la Morgue, 3ème scène découverte privilégiant les circuits courts avec davantage de groupes nationaux, vient s’ajouter à la Prison et la Swamp, scènes ayant déjà une belle histoire écrite.
Donc après un tour d’horizon de la programmation et une mise en parallèle des contraintes personnelles, je jette mon dévolu sur la journée du dimanche parce que, tout de même, un été sans Alcatraz, c’est comme un bain de soleil sans slip…. On se sent un peu cul nu. Cette ambiance ! Cette organisation ! Je reste avant tout un fan !
On est vendredi… je n’y suis pas. Je pense surtout à NERVOSA, QUEENSRYCHE, SODOM que je manque.
On est samedi…. Je n’y suis pas. Je pense surtout à FLOTSAM & JETSAM et MAYHEM que je manque.
On est dimanche… voici le récit d’un festival certes écourté, aux sets parfois moins intenses qu’auparavant mais néanmoins toujours créateur de souvenirs durables.
12h00, je suis sur la route… et déjà à la bourre. C’est officiel, j’ai manqué ALIEN WEAPONRY, sensation du moment venue de Nouvelle-Zélande avec haka, culture maori et fond de thrash. L’idée, c’est d’être au moins posté pour ANVIL. Je prends au passage un auto-stoppeur à l’air tristounet sur le bord de la route et, bingo, vernis comme je suis, je tombe sur l’éminent guitariste du groupe nordiste THE LOSTS… et accessoirement mon frère, en fait…. qui occupera ainsi le poste de premier compagnon tout au long de la journée.
Passage des barrages de circonstances, pêche au pass et nous voilà sur les lieux, comme promis, pour les premières notes des Canadiens à la carrière longue comme un bras, mais sérieusement réactivée grâce au film événement de 2008. C’est donc « March Of The Crabs » qui aura l’honneur d’ouvrir le bal devant un public très épars et, si la grosse foule arrivera un peu plus tardivement, ce sera malheureusement un constat assez récurrent cette année. Ceci n’empêche aucunement Lips de faire le mariole comme à son habitude : blagues à foison, cris dans les bobinages de sa guitare, solo au vibromasseur,… Il s’éclate comme un jeune chien fou tandis que Robb Reiner joue les infatigables marteleurs et que Chris Robertson, le récent bassiste, semble en grande joie dans son propre monde ! Huit morceaux, entre classiques de ‘82-83 et un tout neuf « Bitch in the Box » se déroulent avec l’enrobage d’un beau son bien rond et propre jusqu’à l’évident « Metal On Metal » venu clore ce très bon petit set heavy !
Petite visite rapide sur la Morgue, histoire de faire connaissance, malheureusement je n’y passerai que très rarement aujourd’hui, la programmation se déroulant en parallèle d’autres sets et se tournant essentiellement vers le Stoner, genre qui me laisse assez froid. A ce moment, c’est le groupe belge FIRE DOWN BELOW qui occupe les planches. Ca joue fort, on sent la maitrise mais c’est un peu trop typique du style à mon sens. Une frite plus tard, nous passons faire un coucou à UNLEASHED qui a débuté sur la Swamp. Les amateurs du genre se nourrissent de blasts à foison mais nous préférons attendre l’arrivée de METAL CHURCH sur la Prison stage. Ici déjà le son, notamment sur les leads, semble un peu plus faiblard, mais les quelques hymnes balancés, et habilement interprétés par Mike Howe, forment un set bien carré et facile d’accès. Mais tant de passion mise dans les décibels ne pourra égaler le réel clou visuel du spectacle : cet incroyable back drop réalisé avec un tee-shirt « logo » piqué au stand de merch et scotché au rideau arrière… Nous ne saurons malheureusement pas quelle passionnante mésaventure le groupe a rencontré pour en arriver là! Ce set est également l’occasion de retrouver l’essentiel Michel Serry de MUSIC IN BELGIUM, gracieusement accompagné cette année par Stéphanie. « Essentiel » car un Alcatraz sans Mich-Mich, c’est un peu comme un bain de soleil sans slip… on se sent un peu cul nu… Quoi ça sent le réchauffé ?! Hé, c’est canicule !!
Je crois voir un OVNI atterrir derrière la Swamp. Venu d’ailleurs, c’est effectivement le moment pour les extra-terrestres de VOIVOD d’animer l’une des prestations les plus attendues de cette journée! Avec quatre titres de « The Wake » – dernier album en date – mais également de bons classiques tels que « The Prow », « The Unknown knows », « Into My Hyercube », ou encore « Voivod », je regrette juste que l’album « Target Earth », que j’affectionne particulièrement, soit boudé du set. Les riffs thrash fusion, déjantés et lumineux parfaitement réendossés par Chewy seraient une totale bénédiction pour les oreilles si le son sous tente n’apportait pas crédit qu’à la batterie d’Away. Un traitement sonore ne rendant pas grâce au génie des canadiens mais n’entachant cependant pas l’ambiance dans le public, ni le bonheur, pour moi, de découvrir enfin ce groupe culte sur scène.
Sur la Prison, c’est différent, l’ingénierie sonore est très en place et le prouve encore avec SACRED REICH qui, sans forcément grande esbroufe, nous offre une belle performance, mais pas bien différente de celles déjà réalisées sur ce festival en 2014 puis en 2017. On retrouve ainsi « The American Way », « Surf Nicaragua », « Death Squad », « Love… Hate », etc. dans une interprétation des plus rodées mais la bonne surprise viendra bien sûr de l’intégration de 3 titres de « Awackening », l’album non encore paru à l’heure du festival mais très attendu, le précédent datant de 1996 ! Si les titres s’intègrent bien à la setlist, une certaine impression de platitude s’impose et, quelques jours tard, malheureusement, cette impression sera confirmée à l’écoute du disque. Dommage…
Un peu de blues ne fait jamais de mal, surtout lorsqu’il est arrosé de whisky. C’est ROSE TATTOO qui s’en charge. Le moins que l’on puisse dire c’est que nous avons affaire à des musiciens enthousiastes menés par un Angry Anderson hilare et loquace entre deux lampées d’eau de vie. On ne peut pas en vouloir au grand âge de ces messieurs mais, après deux ou trois chansons, il faut tout de même dire que c’est un petit peu chiant. Au moins, comme dirait mon frère, on se sera fait un concert de slide ! Ce n’est pas rien !
Pas grand amateur de gros death metal (d’où ma désertion de DECAPITED) mais bon, DEICIDE, ça vaut tout de même le coup d’œil, ne serait-ce que pour le fun de la chose bien brutale et les souvenirs de jeunesse qui vont avec. Direction donc la Swamp. J’ai déjà évoqué le son sous tente. Ici c’est la double pédale qui couvre les instruments. Un bon lead arrive parfois à s’en extraire. Rythmiquement, il n’y a rien à redire, c’est carré. Les airs méchants de Benton et un « Serpents Of The light » plus tard, j’ai eu ce que je voulais, il est temps d’aller chercher une bière !
Alors que la magnifique scène de POWERWOLF se monte sur la Prison, nous manquons de nous faire décapiter par un frisbee rose qui passe de tête en tête… on se pose la question de faire la peau au propriétaire mais la piété nous ramène au concert. C’est que la messe commence ! Alors bien sûr, ici tout est pensé à l’excès mais, POWERWOLF, c’est tout de même purement et simplement un spectacle enflammé ! Déjà vu en 2015 sur ce même festival, les pitreries d’Attila Dorn (chant) et Falk Maria Schlegel (claviers) sont prévisibles mais il y a un gros répondant dans le public qui s’en donne à chœur joie sur les refrains de « Resurrection By Erection », « Werewolves Of Armenia » ou encore « We drink your blood ». Très cliché mais n’est-ce pas ce qu’on attend au final ? Assurément l’un des meilleurs shows de la journée.
On tente TESSERACT qui nous attire avec un beau jeu de lumières tournoyantes mais la recette progressive du groupe est assez hermétique et on se perd rapidement dans les rythmiques complexes… au bout de 15 minutes, on ne sait plus s’il s’agit du même morceau ou s’il y en a déjà eu quatre de balancés. Heureusement, le côté ambiant satiné vient sauver l’expérience.
Avec MESHUGGAH, l’expérience se poursuit. Pas fan de leur discographie, je me poste par curiosité. C’est que ça doit quand même être quelque chose sur scène ! Premier constat, il n’y a pas foule dans la fosse. Les mecs arrivent, envoient leurs rythmes tirés par les cheveux et…. C’est tout en fait. Il ne se passe rien sur scène. Les gratteux sont statiques. On aurait tout aussi bien pu mettre un disque et des gars en cartons, ça aurait couté moins cher à l’organisation ! Le groupe donne l’impression de devoir se concentrer à fond sur la complexité de sa musique et c’est d’un ennui mortel. Je ne sais pas, je ne dois pas être fait pour les expériences…. Mon frère non plus d’ailleurs, voilà que ça l’achève et qu’il dépose les armes. Non mais c’est vrai, POWERWOLF par exemple, c’est très cliché, mais ça a le mérite de ressembler à un vrai concert !
Heureusement, après vient ROTTING CHRIST et on troque l’expérience contre un nouveau spectacle. Belle scène, longue introduction de chant monacal, ambiance sépulcrale, pyrotechnie, chœurs virils et incantations, voilà un groupe qui en donne pour notre argent ! Et le public lui rend bien en enchainant pogos et walls of death. Seulement trois titres du dernier album sont présentés ce soir (« Hallowed Be Thy Name », « Fire, God And Fear », « Dies Irae » ») mais on se délecte d’un bon vieux « The Forest Of N’Gai ». Une très belle prestation.
A ce stade, il fait nuit noire et il est l’heure pour AVANTASIA de conquérir les lieux… et quels beaux lieux, ornés de backdrops mouvants et évoluant au gré des chansons. Déjà tête d’affiche en 2016, mais avec le concept même d’Opera Metal, on peut s’attendre à un casting remanié et donc un concert évolutif. Les voix retenues pour la tournée, c’est d’ailleurs toujours ce qu’on attend de ce groupe. Le fabuleux Jorn Lande, Bob Catley, Eric Martin et Oliver Hartmann sont ainsi toujours de la partie aux côtés de Tobby. La surprise viendra d’Herbie Langhans (souvent relégué au poste de choriste dans les deux derniers albums), de l’étonnante Adrienne Cowan (reprenant les parties de Mille Petrozza tout de même) mais surtout de Geoff Tate nous honorant de sa présence. Tobias Sammet, bien que jamais avare en interactions, raillant à répétition les gens planqués dans l’espace VIP, me semble un peu fatigué et laisse plus d’espace à ses invités pour présenter les titres, voire s’éclipse complètement le temps d’un « Twisted Mind ». Terminant par un « Sign Of The Cross » phares sous les feux d’artifice, je regrette simplement l’absence d’une pensée exprimée pour Andre Matos (ANGRA, SHAMAN, etc), contributeur de talent dans le parcours d’AVANTASIA et subitement décédé en juin dernier.
AVANTASIA, c’est l’impression de voir plusieurs groupes en un. Quoi de mieux pour clore un festival dont on a manqué les deux premiers jours ? Ce n’est pourtant pas totalement fini. C’est sur les 2 cordes restantes sur la guitare de Max Cavalera qui s’époumone avec SOULFLY sur la Swamp que Mich-Mich, Stéphanie et moi quittons le site. Un site attachant, qu’il nous tarde déjà de retrouver. Rendez-vous est pris pour l’année prochaine… en espérant un peu plus de fraicheur dans la programmation. De mon côté, reste à trouver de quoi combler les douze mois entre deux mais là-dessus, j’ai ma petite idée.