[Live Report] ENSIFERUM + CEREVISIA + DRAKWALD – CCM JOHN LENNON, 24 octobre 2015

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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Ensiferum

19h30. Les portes du CCM John Lennon de Limoges sont encore closes, et la file s’allonge raisonnablement dans la fraîcheur automnale. Le cheveu se porte long, ici, et quelques kilts dévoilent des mollets au poil dressé. Certains sont vêtus façon médiévale. Et quoi de plus normal, la soirée sera pagan ou ne sera pas.
Johan, le claviériste de Cerevisia, vient réclamer du feu pour sa cigarette. Il en profite pour échanger quelques mots avec des fans venus de Marseille pour soutenir son groupe. Sacrée preuve d’amour ! Il faut dire que la tournée européenne d’Ensiferum, Warrior Without A War, ne s’arrête que trois dates sur notre territoire : Marseille, Limoges et Rouen.
Et c’est justement avec Cerevisia que les hostilités vont démarrer, avec une salle non encore pleine, mais qui dès le terrible Diviciacos, va vivement s’intéresser au set proposé. Le gigantesque Stéphane, sec comme un pieu acéré et coiffé tel un lion, va imposer sa présence et son chant guttural très agressif, faisant lever les poings et malmener les clavicules. Trails of a Walker est leur premier album, mais leur expérience de la scène est certaine et la complicité des musiciens indubitable. A noter la présence d’un batteur de session masqué, le poste restant encore vaquant au sein du groupe. Heroic Charge et The Walker resteront des morceaux qui auront ce soir marqué les mémoires. Belle mise en bouche dotée d’un son irréprochable et merci à Antho (lead guitar) pour être ensuite venu à la rencontre du public.

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Quelques réglages plus tard, et l’intro martiale The Drowning des tourangeauds de Drakwald retentit. Ce qui surprend de prime abord lorsque les lumières s’allument, c’est le look des musiciens, fort éloignés de celui des traditionnels groupes de pagan-folk. Il faut dire que Drakwald joue sur plusieurs tableaux, se décrivant à juste titre comme un groupe de melodic death folk metal. Le rendu est plus technique, avec un guitariste au très beau touché, Marc Vaillant, et un Bertrand Renaud alternant flûte et cornemuse au gré des morceaux. La technicité prendra un peu le pas sur la spontanéité, et il faudra toute la fougue de Thibaud Destouches, le hurleur de service aux faux airs de Max Cavalera, pour inviter la salle à se bouger, lançant même un wall of death sur le furieux Giant With The Axe. Nous aurons même droit à un rappel plus provoqué que réclamé lançant Inhale The Ashes of Honor et God and Glory, nous laissant goûter au futur album en gestation. Set un brin statique qui aura quelque peu décontenancé certains auditeurs, non préparés à la violence d’un Amon Amarth adouci par des guitares léchées et des instruments typiques du folk pur et dur.

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Enfin, après une attente laissant place à de nombreux réglages que l’on imagine sans peine très professionnels, résonnent les échos de March of War, l’intro forcément réussie (c’est une habitude chez les finlandais) du dernier album d’Ensiferum, One Man Army, dont pas moins de cinq titres (plus l’intro, et il faudra aussi rajouter le titre bonus dont je vais parler plus tard!) seront joués ce soir. Les artistes entrent alors, gagnant d’emblée leur place en ce lieu tant la personnalité de chacun s’impose naturellement. A noter la présence de l’accordéoniste Netta Skog (ex-Turisas), remplaçant pour la tournée européenne Emmi Silvennoinen, absente pour des raisons personnelles. Et le groupe enchaînera logiquement avec le féroce Axe of Judgement, interprété de main de maître par un Petri Lindroos en très grande forme.

Ce qui frappe de suite avec les finlandais, c’est le plaisir visible qu’ils prennent à jouer, à l’image du facétieux bassiste, Sami Hinkka, jouant de ces expressions dont il a le secret. Durant l’intégralité du set, et ce malgré l’exiguïté de la scène, nos vikings préférés vont grimper sur les baffles, échanger leurs places, sautiller à la Angus Young comme le fera Markus Toivonen, au look de guerrier toujours aussi impressionnant.

 MiniLOC_9847MiniLOC_9888L’ambiance va carrément devenir festive avec l’irrésistible One More Magic Potion, invitant à boire fraternellement de généreuses pintes glacées, et la foule sera largement mise à contribution sur l’attendu et réclamé Lai Lai Hei,  repris en chœur par des fans connaissant le titre sur le bout des doigts… ou plutôt de la langue. Et le moins que l’on puisse dire est que le public, venu parfois de loin pour voir ses idoles, a fait honneur à la tête d’affiche, l’un d’eux surprenant même le groupe en faisant du surf sur un gaillard faisant office de planche et lui-même tenu à bout de bras (bravo Romain !).

L’aspect guerrier ne sera pas oublié, des titres comme From Afar ou Battle Song venant heurter l’audience telle une vague furieuse, entraînant quelques joyeux pogos. Les titres en voix claire seront d’ailleurs rares ce soir, et il faudra attendre le refrain de Burning Leaves pour savourer un autre aspect du groupe, pourtant très apprécié du public. Beaucoup ont regretté, comme votre serviteur, de n’avoir pas eu son content de Wanderer. Quant au chant féminin, il fut inexistant, si ce n’est sur les chœurs, Netta se contentant de quelques soli festifs, joués tout en complicité avec Sami, comme sur le rappel, lorsqu’au solo de basse bluesy la demoiselle répondit par une tirade folk en diable, titillant un public joueur attendant avec impatience que reviennent les choses sérieuses et retentissent les premières notes de l’imparable In My Sword I Trust, repris en chœur par l’assemblée.

Les grands moments de délire furent incontestablement les deux derniers morceaux précédant le rappel. La guitare disco de Two Of Spades, morceau tiré du dernier opus, montra que ce titre avait définitivement sa place dans le set, Ensiferum s’amusant avec ce morceau et savourant son retour. Quant à la suite, elle commença lorsque chacun coiffa sa tête d’un chapeau espagnol, noir et bordé de pompons rouges, annonçant la reprise tant décriée de Bamboleo, bonus jugé « inutile » par la majorité des critiques sur l’édition spéciale du dernier album mais qui ce soir entra tout à fait dans le propos, transformant le concert en véritable fête où public et artistes ne faisaient plus qu’un, la communion s’illustrant au travers de rires complices et de mains tapant en rythme, façon gypsy.

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MiniLOC_9905Les lumières revinrent sur les dernières notes d’Iron, annonçant la fin du set, les musiciens s’attardant en saluts de rigueur et poignées de main forcément viriles. Malgré la douceur quasi estivale de ce mois d’octobre, un vent frais et scandinave souffla ce soir, rafraîchissant les cœurs et les corps à la façon d’un beau combat ou de quelque beuverie au fond d’une taverne enfiévrée. Gavé de plaisir païen, je suis comme beaucoup rentré chez moi l’âme emplie d’images et de sons venus d’ailleurs, avec une grosse envie de revivre ça très vite.

Remerciements en passant à Execution Management, organisateur aguerri de soirées réussies !

Set-list CEREVISIA : Brace Yourself, The Ancient Gods, Diviciacos, Summon the Nightbringer, Flight of the Cross, Heroic Charge, The Walker.

Set-list DRAKWALD : Let the Slaughter Begins, Diving in the Depth of Agony, Escape the Claws of Fate, When Beer’s Flowing, Giant with the Axe, Rebirth (extrait nouvel album en crowdfunding : vous pouvez encore participer !), Raise our Swords, Inhale the Ashes of Honour, Blood and Glory.

Set-list ENSIFERUM : March of War, Axe of Judgement, Heathen Horde, One More Magic Potion, Warrior Without a War, From Afar, Token of Time, Battle Song, Lai Lai Hei, Burning Leaves, My Ancestor’s Blood, Two of Spades, Bamboleo (reprise des Gypsy King) + rappel : In My Sword I Trust, Twilight Tavern, Iron.

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