[interview] Unsafe

Unsafe Front CoverTout d’abord, félicitations pour l’excellent « Enter Dark Places », pouvez-vous nous présenter cette nouvelle équipe et nous parler de la conception de ce nouvel album?
Stéphanie : – » Merci ! Nico (guitare) & Mathieu (basse) sont arrivés il y a un peu plus d’un an et Xavier (batterie) un peu après. L’album avait déjà été enregistré, nous en étions à revoir les arrangements de la batterie auxquels ils ont participé ainsi qu’aux coeurs des parties de chant à rajouter. Comme nous avions l’habitude de devoir changer régulièrement de musiciens pour diverses raisons, nous avions décidé (avec Lionel) d’être en mesure de faire les compositions et la majeure partie de l’enregistrement d’un album tout seul afin de ne pas freiner la progression du groupe. La nouvelle équipe va permettre d’enrichir les prochaines compos et d’apporter des idées neuves au futur projet d’album. »

C’est désormais « Mighty Music » qui s’occupe de vos intérêts, qu’attendez vous de ce nouveau deal, pouvez vous nous en dire un peu plus ?
Stéphanie : – » Moi je suis assez contente d’avoir signé chez eux, ils font un bon boulot de promotion, surtout à l’étranger. D’abord il faut savoir que j’avais envoyé des tonnes de mails aux labels français sans avoir de réponses… je commençais à me dire qu’on allait devoir le sortir tout seul cet album ! et j’ai vu que No Return avait signé chez Mighty Music alors je me suis dit qu’on pouvait tenter de contacter ce label et 4 jours après j’avais une réponse positive. »

Bon, c’est un nouveau départ pour Unsafe, nouveau line-up, nouveau label, comment voyez vous l’avenir dans ce monde cruel qu’est le music business ?
Stéphanie : – » Pour l’instant je suis plutôt contente de voir qu’on a des retours positifs avec de bonnes chroniques en Allemagne, Belgique, Danemark, Suède… c’est déjà beaucoup mieux que tout ce qu’on a eu avant. »
Lionel : – » En France, par contre, les choses ne bougent pas. ça fait 17 ans qu’on évolue dans indifférence générale et je crois que ça n’est pas prêt de changer. Dans ce pays, on dirait qu’on aime nous reprocher une foule de petits détails (trop old school pour certains, trop moderne pour d’autres, trop linéaire, pas assez ceci ou cela) alors qu’on retrouve les même « défauts » dans un tas d’autres formations mais à qui on ne fait jamais ce genre de reproches parce qu’ils sont plus connus. L’exemple le plus flagrant se situant au niveau du chant, que beaucoup trouvent monotone, alors que nous avons fait des progrès à ce niveau et qu’il faut bien admettre que la majorité des groupes de death n’ont pas une diversité folle dans leurs « mélodies » vocales. Malgré tout, on est quand même bien noté en général, donc je ne vais pas me plaindre, mais je crois que l’avenir ne sera pas forcément meilleur que le passé. Avec la multitude de groupes qu’il y a sur le marché, il devient très difficile de se faire une place. »

Les années passent et malgré tout les aléas de la vie d’Unsafe, vous êtes toujours là, il y a forcément autre chose que la foi, dites nous quel est votre secret?
Stéphanie : – » J’aime composer des morceaux, jouer de la guitare, de la basse ou faire du chant, aller aux concerts, parler musique avec des amis, rencontrer des gens… toute cette ambiance fait partie de ma vie quotidienne depuis plus de 20 ans, je continuerai comme ça tant que je pourrai. C’est bien plus enrichissant que le monde du travail (auquel j’appartiens aussi) où beaucoup de gens ne pensent qu’à leur intérêt personnel, à leur statut social et à enfoncer leurs collègues, surtout ceux qui sont différents et pensent autrement… ils doivent s’ennuyer dans la vie ! »
Lionel : -« Il faut en effet avoir la foi pour continuer après tout ce que nous avons vécu. Je dirais même que c’est un véritable sacerdoce. En 17 ans nous avons vu passer dans le groupe une vingtaine de musiciens et il nous est arrivé plus d’une fois de se retrouver tout seul avec Stéphanie, au point de se demander si nous allions pouvoir continuer le groupe. Nous y sommes arrivés malgré tout, même si parfois nous n’avions pas toujours les bonnes personnes à nos cotés, mais à l’époque nous n’avions pas vraiment le choix, c’était ça ou rien ! »

Le niveau technique s’est encore élevé sur « EDP », par quoi cela passe t’il, après toutes ces années, répétez vous encore beaucoup ?
Stéphanie : – » Avec la nouvelle équipe on répète bien plus régulièrement qu’avant, ça c’est vraiment appréciable ! tout le monde a un bon niveau. Le niveau technique progresse parce qu’on se lâche un peu plus aussi et peut-être que j’y arrive mieux… à force de faire des nouvelles compos ! »
Lionel : -« Justement, la fréquence des répétitions que nous nous sommes imposées a en partie été à l’origine de nombreux départs au sein du groupe. Contrairement à ce que certains pourraient penser, nous ne sommes pas des tyrans et nous n’avons jamais viré personne. Tous ceux qui ont gravité dans Unsafe sont partis de leur plein gré. Répéter une fois par semaine ne me parait pas excessif mais voilà, c’est encore trop pour certains qui veulent faire un groupe et jouer sur scène mais sans avoir à travailler pour cela. Les mecs préfèrent faire du gras sur leur canapé en regardant des conneries à la télé plutôt que de se donner les moyens de faire quelque chose de sérieux. C’est triste mais c’est comme ça pour beaucoup. »

Un album tous les deux ans depuis « Masterpiece of the absurd », n’est il pas trop difficile de tenir le rythme et de garder une qualité de compos somme toute assez impressionnante notamment sur « Enter Dark Places » ?
Stéphanie : – » En fait quand je ne travaille pas et quand il n’y a pas trop de choses à gérer pour le groupe, je passe mon temps à jouer de la guitare et des fois j’arrive à faire un morceau dans la journée, du coup j’ai trois tonnes de compos et il faut après ne garder que celles qui nous semblent les mieux. Du coup comme on a très peu de concerts, je me dis qu’il faut bien faire avancer le groupe alors, un album tous les deux ans ça ne me semble pas être un rythme trop dur à tenir pour l’instant. »
Lionel : -« Il faut savoir que nous avions largement de quoi faire un double album et que nous avons dû jeter à la poubelle presque la moitié des morceaux composés pour cet album. Je doute qu’on en retrouve sur le prochain, qui ne devrait être composé que de matériel neuf. D’ailleurs, à l’heure ou j’écris ces lignes, on en a 3 sur les rails. »

Parle nous Steph, s’il te plait du fait d’être une femme dans ce milieu de brutes souvent macho, comment vis tu cette position de frontwoman, n’est ce pas trop difficile à porter parfois ?
Stéphanie : – » Non moi ça ne me pose pas de problèmes et j’en ai jamais eu au sein du groupe. Je ne mets pas du tout en avant le fait d’être une femme, je fais de la musique et rien d’autre. J’avais eu plus de remarques « macho » il y a 20 ans quand je jouais de la basse dans un groupe de hardcore, il y avait très très peu de filles dans ce millieu à cette époque. Mais globalement ça a toujours été correct et vu mon gabarit, je ne suis pas embêtée ! 🙂 « 

Peut-on espérer vous voir un peu plus sur scène, avez vous un message à passer aux diverses assos, organisateurs de concerts?
Stéphanie : – » Moi j’aimerais bien ! mais là c’est comme pour les labels, tu as beau envoyer des tonnes de mails un peu partout, y a personne qui te réponds ! on a un projet très sérieux pourtant, une grosse promo et même avec ça : rien !
Je remercie Kermhit au passage pour son sérieux et son investissement dans le millieu, grâce à lui on fera peut-être notre seule date de l’année en dehors de notre région ! « .

Lionel : – » En France, c’est bien simple : si tu n’est pas déjà connu ou que tu n’es pas dans les petits papiers d’une association ou pote avec untel, ça devient très difficile de dégoter quelque chose. ça ne se joue plus sur la qualité du groupe mais sur le degré de camaraderie avec les organisateurs ou sur la capacité à lécher des culs. Après, il y a les échanges entre groupes qui peuvent fonctionner, mais comme nous ne sommes pas organisateurs de concerts, ça nous ferme pas mal de portes. »

Que pensez vous actuellement de la scène metal en France, de son niveau, y’a t’il des formations que vous affectionnez particulièrement ?
Stéphanie : – » Je ne suis pas très fan de la scène métal en France d’un point de vue du « style musical », je trouve que globalement c’est très formaté et aseptisé et tout le monde fait un peu la même chose. Le groupe qui me branchait vraiment bien c’était Scarve. J’aimais bien les premiers albums de Loudblast, Supuration, No Return… Après ça fait plaisir de voir des nouveaux groupes comme Gorod où il y a un très bon niveau et de bonnes idées !.  »
Lionel : – » Pareil. Je suivais de très près la scène métal française dans les années 80 mais j’avoue être beaucoup moins pointu aujourd’hui. En plus des groupes cités par Stéphanie, je rajouterais quand même Trepalium et Gojira, ainsi qu’Ultra Vomit qui me fait bien marrer, le reste me parait assez tiède. Et puis souvent les mecs ont un melon énorme alors que ce qu’ils font est loin de valoir une telle autosatisfaction. Je parle en connaissance de cause pour en avoir rencontré quelques uns. C’est bien représentatif de la France, je trouve. Beaucoup de groupes étrangers ont un bien meilleur niveau et se la pètent beaucoup moins. »

En tous cas, j’espère sincèrement que les retombées seront à la hauteur d »‘Enter Dark Places », ce fût réellement un plaisir de réaliser cette interview, je vous laisse donc le mot de la fin !
Stéphanie : – » Oui, moi aussi je l’espère ! merci à toi pour cette interview. Maintenant, je commence les compos d’un prochain album… c’est souvent inspiré de ce que j’écoute à ce moment là, et là je suis à fond branchée sur Carcass que j’ai vu au Festival Alcatraz en Belgique cet été, on verra bien ce que ça donnera ! « .
Lionel : – » Merci aussi à toi pour cette interview, c’est la première interview que l’on fait depuis au moins 5 ans !. »

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