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A l’occasion de la sortie d’Arcane Astral Aoens, Sirenia est de passage en France. Premier passage depuis bientôt 10 ans. Leur dernier concert remonte au 23 novembre 2009 au Glaz’Art, soit presque 9 ans jour pour jour.
C’est la possibilité pour moi et Eudus, ami de longue date et confrère du webzine Les Éternels, de prendre une bière avec Emmanuelle Zoldan et Nils Courbaron à La Fourmi, avant leur concert à la Boule Noire.
Aniron : Bonsoir Emmanuelle ! Comment-vas-tu ?
Emmanuelle : Bonsoir, ça va très très bien !
A : Emmanuelle, peux-tu te présenter et présenter Sirenia pour ceux qui pourraient vous découvrir ?
E: Je suis une chanteuse française, je viens de l’Opéra et de la musique classique, initialement du rock’n’roll avant le classique, mais je suis passée par une longue période au classique. J’ai rejoint Sirenia en 2003 pour les chœurs et 2016 comme Lead Singer. Sirenia est un groupe de Metal Symphonique, d’origine Norvégienne, et de plus en plus Français.
Eudus : Comment s’est passée votre rencontre avec Morten en 2003 ?
A : À ce moment-là, j’avais l’habitude d’enregistrer des voix lyriques pour des albums de metal dans un studio norvégien basé à Marseille, le Sound Suite studio de Terje Refsnes. Il avait l’habitude de recruter aux conservatoires d’Aix-en-Provence et de Marseille. C’est comme ça qu’on s’est rencontrés avec Terje. La rencontre avec Morten en a découlé, Morten venant enregistrer là-bas, il avait besoin de voix pour ses chœurs. Il m’a ensuite rappelée régulièrement pour tous les albums.
E : Le poste de chanteuse permanente, c’est Morten qui t’a contactée directement à l’époque ?
E : Ils m’ont appelé au mois de juin 2016 pour remplacer leur chanteuse, Aylin Giménez, en place à ce moment-là car ils ne pouvaient pas annuler la date, c’était un concert important. Elle ne pouvait pas assurer la performance. Ils m’ont appelée en me disant « j’ai une question un peu folle à te poser, est ce que tu te sens de remplacer Aylin pour ce concert-là ? » Moi j’y suis allée et j’étais super enthousiaste et j’ai fait le show. Quelques jours après Morten m’a rappelée pour me demander si effectivement je voulais rester définitivement.
A : Tu chantes avec Sirenia depuis maintenant plus de deux ans. Comment ont été ces deux années ?
E : Les choses ont beaucoup évolué maintenant. Au départ je me suis heurtée aux réactions négatives de certaines personnes mais je m’y attendais. J’essaye d’être très philosophe par rapport à cela, on ne peut pas faire l’unanimité quand on remplace quelqu’un qui est en place depuis un certain nombre d’années et qui a une fan base assez importante depuis 8 ans. Je savais que cela allait être long, que cela allait prendre du temps.
Aujourd’hui les gens viennent nous voir en concert et réalisent que je suis capable de bien faire le job. J’ai des bons retours de la part de personnes étant sceptiques à la base, mais qui sont très ravies au final que je sois là avec des messages et commentaires encourageants.
Il m’a fallu du temps pour ré-apprivoiser la scène Europe que je n’avais pas arpenté depuis des années.
Tout cela m’a demandé du temps, maintenant tout va bien, je me sens à 300% dans mon élément.
Nils : Deux trois cours d’Headbanging et c’est reparti !
E : Du coup je voulais en parler à la fin, mais j’en profite, entre Liv Kristine (Leave’s Eyes) et Diane de Xandria il y a eu pas mal de polémiques ces derniers temps. Quand on est chanteuse dans un groupe, comment vit-on avec ça ? Est-ce qu’il y a une peur derrière ?
E : Non, moi personnellement je n’ai pas vraiment d’appréhension, je ne me dis pas « tiens je ne sais pas pour combien de temps je suis là, à trembler ». Pour moi c’est une aventure extraordinaire, elle durera le temps qu’elle durera. J’ai plein d’autres projets à côté. Je m’éclate dans celui-là mais voilà si ça doit se finir demain c’est que c’est écrit comme ça. Non, je ne nourris pas de craintes par rapport à cela. Je pense que c’est important que la musique évolue aussi dans un groupe. Je peux comprendre que les besoins d’un groupe évoluent dans le temps et qu’une chanteuse ne puisse ne plus correspondre à un moment donné et si c’est mon cas un jour, c’est que c’est comme ça.
E : Belle Philosophie !
A : L’enregistrement de Dim Days of Dolor était quasiment terminé lors de ton arrivée, alors que pour Arcane Astral Aeons, tu as été présente dès le début. Comment s’est déroulé celui d’Arcane Astral Aeons?
E : L’enregistrement s’est très bien passé. Nous avons eu plus de temps en amont. J’ai eu les textes bien en avance afin de pouvoir me les approprier, de réfléchir aux interprétations que je voulais leur donner, ce dont je n’avais pas eu la possibilité sur l’album précédent.
Nous avons pu, Morten et Moi, prendre le temps de pouvoir faire des aller-retours sur chaque chanson et faire des propositions. Nous avons eu vraiment du temps.
N : Morten nous a envoyé des pré-productions des titres, de ce fait, nous avons pu les travailler à distance et dire ce que nous en pensions, si la tonalité matchait avec la voix, mettre un solo de guitare, etc…
A : C’est une première partie de composition puis un travail de groupe ?
E : Oui, particulièrement sur cet album. C’est la première fois que Morten nous fait confiance. Les guitaristes, Nils et Jan Erik ont pu proposer leurs solos. C’est quelque chose d’assez nouveau. Idem pour les paroles de chansons.
E : Je voulais revenir sur la pochette, le visuel du nouvel album que je trouve beaucoup moins sombre qu’à l’accoutumée. Quels sont les thèmes abordés dans ce nouvel album ?
E : C’est une question qu’il faudrait poser à Morten. C’est très imagé. Les chansons sont très imagées donc c’est difficile de dire exactement « telle chanson parle de ceci ou de cela » c’est beaucoup de métaphores.
N : Des trucs de Gothiques ! (Rires)
A : Arcane Astral Aeons ne comporte aucune ballade, contrairement aux précédents opus de Sirenia. Terminer avec une ballade devenait un peu comme une habitude. Aucune ballade n’avait été prévue pour cet album ?
E : Non aucune n’est sur l’album, c’est le premier album où il n’y a aucune ballade à proprement parlé. Ça a été ma première question quand j’ai reçu les chansons, j’ai demandé à Morten, « c’est bizarre y’a pas de ballade cette fois-ci, qu’est ce qui se passe ? » Je crois que c’est une volonté de sa part, il était vraiment dans une énergie différente pour cet album. Il avait beaucoup de choses à exprimer dans l’énergie. Cet album est de toute façon beaucoup plus énergique que le précédent.
N : C’est carrément vrai. Paradoxalement, la pochette est vachement… limite « happy » tu vois, il ya vachement de chansons avec beaucoup de blasts, beaucoup de trucs influencés Dimmu Borgir, qu’il n’y avait pas sur les titres d’avant. C’est carrément du blast beat en mode black metal à fond. Il y a quand même des parties qui sont plus bourrines.
E : Par rapport à ta voix Emmanuelle, sur certains morceaux tu vas plus utiliser une voix lyrique, et sur d’autres, une voix plutôt pop, par exemple sur « Asphyxia ». C’est toi en concertation avec Morten qui vous orientez sur un type de voix ?
E : Tu vois, c’est rigolo, moi j’ai fait des propositions et on s’est rendu compte qu’on avait les mêmes attentes sur les mêmes morceaux. Après c’est vrai qu’il y avait beaucoup de demande de la part des fans qui étaient un peu déçus sur l’album précédent parce qu’ils disaient « quel est l’intérêt d’avoir une chanteuse lyrique si on exploite pas la voix lyrique? » Il y avait une volonté d’exploiter ce côté-là. Après, pour décider de quels morceaux j’allais chanter de façon lyrique ou plutôt pop, c’est d’un commun accord. Mais je pense qu’au moment de la composition, Morten avait déjà des idées derrière la tête.
A : Tu as une préférence, ou justement le fait de pouvoir alterner les deux…
E : Moi j’aime justement pouvoir alterner les deux, de pas avoir à proposer toujours la même couleur, sinon ça serait chiant autant pour moi que pour l’auditeur je pense. Pour toucher plus de monde, avoir plus d’émotions aussi, pas toujours les mêmes palettes de couleurs.
E : Quel est ton ou tes morceaux favoris de ce dernier album ?
E : C’est difficile car plus j’écoute l’album, plus ça évolue au fil du temps. Au tout début ma chanson préférée c’était In Styx Embrace, qui ouvre l’album. Maintenant c’est la dernière. J’aime bien la dernière.
Si je devais en choisir une, c’est Glowing Embers la dernière car elle est très variée. La place du chœur est très importante. Il y a une partie ballade et guitare acoustique. Elle est très complexe.
E : J’ai regardé un peu sur setlist.fm et ces deux dernières années, vous avez beaucoup tourné en Amérique. Y’a-t-il une différence entre ces deux publics, par rapport à l’ambiance ? L’accueil ?
E : La plupart du temps, on a quand même un bon accueil. Après c’est vrai que la fan base aux États-Unis est encore à faire. On n’est pas très connus là-bas.
N : En Amérique du Nord.
E : En Amérique du Nord, ce qui n’est pas le cas en Amérique du sud où les réactions du public sont justes hallucinantes. Ça dépend vraiment des pays.
N : Ne serait-ce qu’en Europe, c’est différent.
E : Oui. Entre l’Allemagne et l’Angleterre déjà. Après, il y a une façon d’exprimer je pense. Par exemple, le public allemand au premier abord peut paraître hyper froid.
N : Carrément.
E : On se dit, ça ne plaît pas. On peut avoir de grands moments de solitude sur scène. Mais après le concert, les gens viennent nous voir pour nous dire qu’ils ont passé un super moment. C’est culturel je pense en fait.
E : Du coup c’est votre premier concert en France…
E : Et oui…
N : Avec le nouveau line-up…
A : Pas trop stressés ?
E : Oui avec le nouveau line-up, car ils ont joué en 2009 je crois en France avec l’ancien. Stressant non, plutôt excitant ! On a nos potes, notre famille, qui sont là.
N : C’est du bon stress.
E : Voilà c’est du bon stress, du stress positif.
A : Emmenualle, tu es de formation, une chanteuse classique. Avais-tu déjà manifesté le désir de rejoindre un groupe de Metal ?
E : Pour être complètement honnête, pour moi le metal je l’ai découvert en rejoignant Sirenia, parce que ce n’était pas forcément mon univers à la base et vu que j’aime les challenges et que j’ai toujours suivi plus ou moins de loin Sirenia et les groupes avec lesquels j’ai travaillé, j’ai absolument voulu aller à cent pour cent dans ce challenge-là. Je m’y retrouve absolument, à trois-cents pour cent.
A : Si un jour l’aventure Sirenia venait à se terminer, ce que je ne te souhaite pas, tu continuerais à évoluer dans le metal ?
E : Complètement, parce que pour moi ça a été une révélation, vraiment. Pendant toute ma carrière dans le milieu classique et opéra, je me suis focalisée seulement sur çà. J’écoutais moins de musique qu’avant et maintenant quand j’écoute ce répertoire-là, je me dis « y’a tout ce que j’aime », c’est curieux que je ne m’y sois pas plongée avant.
E : Tu as des modèles ou des sources d’inspiration parmi les chanteuses du milieu du metal symphonique ?
E : Non justement, j’essaie de me distancer de ça pour ne pas être influencée, pour garder mon authenticité parce que je pense que ce qui est intéressant dans les collaborations comme cela, c’est-à-dire inattendues, c’est justement le fait qu’on ait des parcours différents. Le fait, je pense et j’espère, que ce que j’apporte peut-être à Sirenia, ce n’est pas les mêmes choses que d’autres apportent à d’autres groupes, notamment de par mon parcours lyrique, de mes autres influences, donc j’essaie de me distancer de ça même si j’écoute beaucoup de choses, d’autres chanteuses de metal, de metal symphonique notamment. J’essaie de garder ma personnalité car c’est difficile, je trouve, d’écouter sans être influencé.
A : Ta première apparition avec Sirenia, en dehors des chœurs depuis 2004, était une reprise de Leonard Cohen, First we take Manhattan, sur l’EP Sirenian Shores, est-il prévu de voir ce duo un jour sur Scène ?
E : Ce n’est pas dans les projets, mais pourquoi pas. Peut-être en en reparlant à Morten. Je ne sais pas. On n’a jamais abordé la question
N : Déjà sur cette tournée on fait des choses qui n’ont pas été faites auparavant.
E : Donc ce n’est pas exclu que ça arrive sur les prochaines tournées.
Une petite tournée est prévue en Europe jusqu’à la fin du mois…
Ça se termine le 17 (novembre) à Milan.
A : Des projets pour 2019 ?
N : Avant 2019, en décembre on est au Winter Master of Rock,
E: En République Tchèque.
N : Rien de concret, il y a des projets de nouvelles tournées européennes. On est assez réclamés à l’Est. On revient de Russie, on a fait la release party, c’était mortel, c’était dingue. Là, l’objectif c’est de refaire la Bulgarie, la Pologne, la République Tchèque. On en parlait tout à l’heure mais là-bas niveau ambiance c’est la guerre à chaque fois, c’est un truc de dingue. C’est génial, j’adore jouer là-bas. Et ensuite, l’objectif c’est de pouvoir repartir, moi je ne l’ai jamais fait, eux l’année dernière, en Amérique du sud.
E : En Asie.
N : Ouais, et peut être milieu, fin d’année prochaine en Asie. C’est un truc que Sirenia n’a jamais fait. On a fait la Chine mais le gros « Target » c’est le Japon. Tout simplement pour promouvoir cet album le mieux possible.
A : Pas de retour en France ?
N : On aimerait bien, ne serait-ce que sur des festivals. Notre rêve serait de faire le Hellfest que Sirenia n’a jamais fait. Sirenia s’est produit au Wacken, au Graspop, tous les festivals majeurs mais n’a jamais fait le Hellfest. Là avec deux français dans l’équipe ça serait con de louper l’occasion de le faire. On aimerait bien faire le Hellfest cette année et tous les festivals qu’on va nous proposer qui sont intéressants à prendre.
A : Ça fait longtemps que le groupe existe et aujourd’hui c’est l’une des seules formations à ne pas encore avoir de live album ou de DVD. C’est quelque chose qui vous plairait, que vous aimeriez bien faire ?
E : On en a parlé avec Morten, ça fait partie des projets.
N : Notamment le fait que Sirenia approche les vingt ans de carrière, il y aura un gros truc à ce moment-là. Live, DVD, j’en sais rien, mais il y aura forcément un gros truc.
A : Merci en tout cas !
E : Merci à vous deux !
Nous terminons tout les 4 nos bières et nous séparons pour rejoindre La Boule Noire où Mind Whispers à déjà commencé son set.
Retrouvez le Report de cette soirée juste ici et la chronique de l’album, juste ici !