[Interview] Des managers Danton Smiley-Charlotte Sometimes- Mathieu Kollmann

Il y a dans le milieu de la musique et de fait du metal de nombreux intervenants, tous ont un rôle important mais certains sont beaucoup plus méconnus.
Vous connaissiez le groupe, vous connaissiez l’organisateur de spectacle, grâce Lords of Chaos vous avez pu découvrir le graphiste, l’attaché de presse (…) aujourd’hui ce n’est pas un manager mais trois qui vous expliquent en quoi consiste leur action, Charlotte, Mathieu et Danton !
– Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter, qui êtes-vous, qu’aimez-vous, potentiellement quel âge avez-vous (sauf si vous êtes susceptibles), que faites-vous d’autre dans le milieu metal ?

mathieu Mathieu :
Je m’appelle Mathieu KOLLMANN, j’ai 32 ans et je suis éducateur spécialisé. J’évolue dans le domaine de la musique depuis environ 15 ans, d’abord comme musicien amateur puis comme bénévole dans une MJC (MJC Le Studio, Limours, 91) sur le secteur musique actuelle. Je suis venu au management de groupe après un concert dans cette MJC justement. J’ai eu un énorme coup de cœur pour l’un des groupes et je les ai contactés par la suite pour « travailler avec eux ».

charlotte Charlotte :
Je m’appelle Charlotte, j’ai 28 ans. J’ai fait de la danse pendant quinze ans, ce qui a développé chez moi une passion exacerbée pour le milieu de la culture et plus spécifiquement pour le monde du spectacle. J’ai un Master en politique et gestion de la culture en Europe et à l’international. Je suis assistante d’éducation dans un lycée, et rédactrice/éditrice pour le compte du webzine The Unchained.

danton Danton:
Danton, j’ai 45 ans et je suis papa de 5 enfant dont 3 sont dans des projets autour de la scène rock, je travaille en tant que responsable de poste sur le Hellfest et le Motocultor fest, un projet en court de développement avec Réseau Rock France, un projet dark ambient sous le nom de Nequam.

Vous êtes tous ou avez été encore récemment Managers de groupes, pour quels groupes avez-vous travaillé ou travaillez-vous encore ?

Mathieu :
J’ai commencé avec le groupe NEHR, un trio qui oscillait entre rock, electro-dub et quelques influences métal. Je me suis occupé aussi d’ALTERNATIVE CULT, le projet personnel d’Audrey HENRY (la chanteuse de NEHR). Au cours de mes activités (technicien plateau, régie et programmation) au sein de la MJC Le Studio, j’ai rencontré beaucoup de groupes Metal. L’un d’eux, K.A, m’a fortement tapé dans l’œil (et dans les oreilles). J’étais déjà ami avec certains membres du groupe. Au bout de quelques temps, H Ram, le chanteur de K.A, m’a proposé de devenir le régisseur du groupe, ce que j’ai accepté. Je collabore avec UNSCARRED, que j’ai découvert (ou plutôt redécouvert) pendant une recherche de groupe pour la programmation de la MJC. Durant la journée de concert, le courant est très bien passé avec les membres du groupe. Ces derniers avaient pour projet d’enregistrer rapidement leur premier album. Nous avons gardé le contact et au bout de deux mois je les ai obligés à travailler avec moi !!!! Enfin, je collabore avec VISE VERSA pour qui j’ai fait la régie de plusieurs événements: tournage télé, tournage des clips et concerts.
Pour finir je travaille aussi de façon épisodique avec des groupes, en général sur une date ou deux. Je leur fait la régie et le plateau. Cela me permet d’assister à des concerts dans des salles sympas et aussi de me faire des contacts. Il y a eu PITBULLS IN THE NURSERY, THE EKPYROSIS, DEEP IN HATE…

Charlotte :
J’ai travaillé pendant un peu plus d’un an pour le groupe Magoa, ainsi que quelques mois pour les groupes Yugal et Break This Cycle.

Danton :
Toshes, Deep In Hate, Silent Dawn et mes p’tits derniers Bigsure

– Comment définissez-vous ce rôle de manager, comment vous êtes venu à le remplir et depuis quand ?

Mathieu :
Je ne me définis pas comme un manager, loin de là. Je préfère dire que je « travaille » avec des groupes que j’aime. Il faut déjà que la musique ainsi que la démarche du groupe me plaise. Il serait impossible pour moi de collaborer avec des groupes pour lesquels je n’ai pas un immense coup de cœur, tant musicalement qu’humainement. Pour en revenir à ce terme de « manager », je ne l’apprécie pas trop, en ce qui me concerne, car je n’arrive pas à le définir correctement. De plus je trouve un peu prétentieux d’utiliser ce « titre » alors que ce n’est pas mon métier. Je ne le fait que pour le plaisir: ce n’est que du ROCK AND ROLL. Je travaille différemment en fonction des groupes que j’accompagne. Mes activités sont diverses et variées: recherche de concerts, régie, organisation d’un tournage de clip, déclaration SACEM… Bref je préfère demander aux groupes de quoi ils ont besoin et si j’en suis capable je leur propose de le faire à leur place. Sinon j’ai réellement commencé à travailler avec des groupes en 2009 avec NEHR.

Charlotte :
A la fin de mes études, j’ai été confrontée à la crise de l’emploi dans le secteur de la culture : peu de postes à pourvoir, ou alors uniquement en stage/alternance ou via des contrats aidés auxquels je n’étais pas éligible. J’ai alors décidé de me mettre à mon compte pour ne pas rester inactive. Quelques semaines plus tard, j’ai eu un coup de cœur pour les Magoa. Je leur ai proposé mes services, et c’est ainsi que l’aventure a commencé !

Pour moi, manager un groupe, c’est un peu être « maman pour artiste ». On intervient dans toutes les étapes de la vie du groupe : la gestion des contrats, les problèmes administratifs et financiers, les relations avec les différents partenaires du groupe (labels, techniciens, tourneurs, etc.), celles avec les médias, on est amené à donner aussi des conseils artistiques et à épauler le groupe lors de ses prestations. Sans oublier le soutien moral, la résolution des conflits, et le côté infirmière. Un boulot complet en somme, maman quoi !

Danton :
un manager à la lourde tâche de faire en sorte que le groupe aille dans le bon sens dans tous les aspects de sa vie, on se retrouve à temporiser les différents au sein de l’équipe ,un conflit entre un groupe et son label, on construit la feuille de route de manière à cadrer les objectifs, on trouve des solutions aux problèmes en général on sert d’intermédiaire avec les différents intervenants qui gravitent autour, on est très attentif à l’image, aux intérêts financier , au développement du projet…. A la base, je ne me destinais pas spécialement à cette tâche mais apparemment Toshes semblait intéressé par ma grande gueule alors ben j’me suis dit, why not ?
Depuis d’autres groupes ont dû voir le boulot fait avec eux et m’ont demandé, depuis je suis obligé de refuser régulièrement des demandes, cela dit je cherche des solutions, vu que les managers se font de plus en plus rares.

– Pour ma part je ne pas suis venu à ce rôle de manière directe, on me l’a proposé, j’ai d’abord refusé et j’ai accepté plus tard lorsque je considérais d’une part savoir assez de choses et surtout savoir avec qui je pouvais travailler sur quoi. Vous pensez qu’un manager doit plutôt être quelqu’un d’extrêmement polyvalent, quelqu’un qui sait s’entourer ou finalement peu importe du moment qu’il y arrive ?

Mathieu :
C’est exactement comme cela que j’ai commencé !!!! Pour moi, un « manager » est quelqu’un qui donne le maximum de ce qu’il peut pour un projet artistique qui le motive. Après oui cette personne doit savoir s’entourer, être capable d’aller chercher les informations qui lui manquent, être polyvalent, avoir un très bon contact humain et surtout avoir des nerfs d’acier pour supporter les musiciens 😉 !!!

Charlotte :
Comme dit précédemment, le boulot de manager est un boulot extrêmement complet. La variété des activités que nous sommes amenés à effectuer nous oblige à être polyvalents. Cependant, le contact est aussi quelque chose de primordial pour aider le groupe à avancer. Le carnet d’adresse est le premier capital que nous pouvons apporter aux artistes, et c’est souvent la première chose qu’ils recherchent chez nous.

Danton :
Très souvent les groupes attendent du manager qu’il fasse aussi le job de booker, d’attaché d’com, de psychologue etc…, ce sont des métiers liés mais à part, souvent extrêmement chronophage peu ou pas payé, je pense d’ailleurs que c’est une des raisons qui font que beaucoup fuient ce travail pourtant passionnant.

– Pensez-vous qu’un manager peut travailler de la même manière pour n’importe quel groupe, doit-il y croire particulièrement ou peut-il être détaché de son propre goût musical ?

Mathieu :
J’en parlais justement auparavant. Personnellement, cette activité est bénévole, je ne le fait que pour mon plaisir. Étant bénévole, je ne travaille qu’avec des projets auxquels j’adhère à 1000%. De plus, en ce qui concerne ma façon de travailler, cela dépend des besoins des groupes et si j’ai des choses à leur proposer. Le but est d’aider le groupe sur tous les aspects possibles (si j’en suis capable bien sûr).

Charlotte :
Quand tu travailles dans n’importe quelle industrie, si tu ne crois pas toi-même au produit que tu essaies de vendre, tu ne le feras jamais aussi bien que si tu es convaincu de ses qualités, à moins d’avoir un don inné pour le bluff.
Tu peux ne pas être passionné par l’œuvre d’un artiste, mais il faut au moins être à 100% convaincu de sa capacité à plaire aux gens et savoir mettre l’accent sur ce qui est efficace. Si tu n’aimes pas du tout, il est difficile de déceler ce sur quoi appuyer.
Pire encore : le travail de manager occupe 90% de ton temps, et il faut oublier totalement les weekends et les jours fériés. Accorder autant de temps à quelque chose que tu détestes, y a de quoi le vomir et devenir totalement improductif au bout de quelques semaines.
Pour ce qui est de la première partie de la question, travailler de la même manière avec tous les groupes est une erreur monumentale. Derrière chaque groupe, il y a des individus tous plus différents les uns des autres, et des besoins particuliers à chacun. Certains auront uniquement besoin d’une épaule et d’un coup de main, d’autres auront besoin de beaucoup plus d’aide. En dehors de ça, chaque style musical (pour ne même pas parler du reste des arts) a ses codes et ses acteurs, et plus encore, chaque sous-genre a ses codes et ses acteurs. Il faut donc pouvoir adapter son travail et son carnet d’adresse à chaque groupe.

Danton :
Houlààà, chaque groupe est différent, il faut bien évidemment avoir des capacités d’adaptation en prenant en compte l’aspect humain, travail et business, chaque groupe est différent, les problématiques ne sont pas forcément les mêmes, les capacités d’évolutions, les moyens financiers et en termes de dispo pour ce qui est du temps de travail non plus, bref faut s’adapter quoi.
Sinon ben j’vois pas comment tu peux défendre un groupe correctement si tu n’aimes pas le projet, t’es quand même censé faire partie du groupe.

– On peut définir ce rôle en quelques mots, en quelques taches mais qu’est ce qui en fait la complexité ?

Mathieu :
Le rôle du « manager » l’oblige à être en contact avec énormément de correspondants soit au sein du groupe (musiciens, techniciens…) soit à l’extérieur du groupe (programmateur, journaliste de radio ou de magazine, chroniqueur…). Or, plus tu multiplies les intervenants et plus tu te dois d’avoir un très bon contact humain. Personne n’a le même caractère et il arrive parfois que les informations soient mal transmises ou mal comprises. Il peut arriver que les esprits s’échauffent un peu. Dans ce genre de situation, il est primordial de garder la tête froide et d’essayer autant que faire se peut d’arranger la situation. Le comportement des musiciens peut aussi être une difficulté. Certains prennent un peu la « grosse tête » mais rien d’insurmontable non plus. Une bonne blague bien placée pour les faire redescendre et on repart. Je suis partisan du fait que c’est ta musique et tes performances scéniques qui sont ta seule carte de visite (pour les musiciens), pas besoin de rajouter de la tchatche !!! Concernant le nombre de groupes sur le marché, cela ne m’importe que peu. Chacun a le droit de s’exprimer et de se faire plaisir. Je n’apprécie pas tous les groupes, loin s’en faut, mais si d’autres personnes prennent du plaisir en les écoutant cela me va. De plus, le fait qu’il y ait beaucoup de groupes est le signe que la culture n’est pas encore totalement morte malgré le manque d’argent accordé à ce domaine par l’Etat.

Charlotte :
Avec le numérique, l’accès à la musique s’est démocratisé, que ce soit pour les consommateurs ou pour les acteurs. Tout le monde a désormais la possibilité d’apprendre à moindre coût à jouer d’un instrument, d’enregistrer la musique chez soi, de contacter les salles et de faire sa promo en trois clics.
De là, le nombre de groupes qui s’improvisent professionnels croît de façon exponentielle, et toute la difficulté pour nous réside 1/ dans le tri à faire parmi les groupes qui nous contactent, et 2/ dans le fait d’essayer de faire sortir du lot les groupes pour lesquels nous travaillons. Aussi, il faut faire comprendre aux groupes que, non, ils ne vont pas devenir aussi célèbres que Metallica en trois mois, et que ce n’est pas parce que les échanges sont plus rapides que la construction d’une carrière l’est aussi.
A l’instar du milieu de la variété où du jour au lendemain on passe de l’ombre à la lumière et de nouveau à l’ombre, dans le milieu du métal la crédibilité s’acquiert avec le temps et les preuves se font petit à petit. J’ai croisé des adolescents qui étaient persuadés de jouer au Hellfest quelques mois plus tard, ça m’a bien fait rire !

Danton :
La complexité c’est surtout de savoir être polyvalent, de savoir être psychologue et en même temps de savoir s’imposer, et parfois d’expliquer à certains membres de se taire quand c’est l’mo-ment, dans certain cas c’est un peu comme essayer d’empêcher un pitbull enrager de bouffer un chien en rut^^.

– Je suis assez bien placé pour mesurer les difficultés de la tâche, qu’est ce qui fait que vous avez gardé votre motivation ?

Mathieu :
L’un des avantages d’être bénévole c’est que je ne dois rien à personne. Je donne un coup de main aux groupes que j’aime lorsque j’ai du temps à leurs consacrer. J’ai toujours mis un point d’honneur à ne jamais mentir aux musiciens. Il peut arriver que je dise « voilà je vais essayer de faire cela mais ce n’est pas sûr à 100%, donc prévoyez du temps au cas où ». Je trouve que c’est une marque de respect pour les groupes. Le fait de changer de projet de temps en temps aussi remotive. Par exemple NEHR s’est arrêté en 2012, j’ai commencé à travailler avec K.A cette année-là aussi. Et puis je ne m’occupe pas de tous les projets au même moment, l’actualité étant bien différente d’un groupe à l’autre. Après je vais commencer à lever le pied sérieusement étant devenu papa très récemment. Si je devais arrêter complètement demain et bien j’en aurai bien profité.

Charlotte :
Je fais partie de ceux qui ont abandonné. J’ai adoré ce travail, je me suis beaucoup amusée, mais malheureusement c’était beaucoup trop d’investissement pour trop peu de retombées financières. Ce n’était pas compatible avec mes projets de vie. En dehors de ça, même si c’est éreintant, si j’avais pu me le permettre, j’aurais continué encore longtemps !

Danton :
C’est tout simple, j’aime mes gars et leur musique, et puis j’adore le milieu d’la zic !

– Quelles bonnes et mauvaises expériences marquantes avez-vous?

Mathieu :
Dans les pires souvenirs, je dirais en premier lieu le split de NEHR car ce fut le premier groupe avec qui j’ai collaboré. Ce fut une immense déception pour moi mais chacun des musiciens avait besoin d’aller de l’avant et de tracer son propre chemin. Le festival Tous A La Brie aussi avec K.A fut assez décevant non pas à cause de la performance du groupe mais bien à cause de l’organisation: conditions techniques déplorables et enfin le directeur du festival qui ne paye pas le groupe et qui devient injoignable du jour au lendemain !!! Bref un enfoiré et un escroc. Je ne suis pas du genre à dire du mal mais lorsqu’on se retrouve face à un réel trou du cul il ne faut pas hésiter à le dire.
Heureusement il y a beaucoup plus de bons souvenirs. Je retiens certains concerts notamment le Mennecy Metal Fest 2013 et le Rack’Am en 2015 (avec GOROD) pour K.A. C’est le genre de concert ou tu vois tes chouchous en mode indestructible et capables de rivaliser avec des groupes confirmés !!! Enfin j’avoue que la sortie d’album de « 100 Lashes » d’UNSCARRED a aussi été très importante pour moi. Ce fut un an de travail non-stop à partir du moment où les musiciens ont décidé d’enregistrer à la MJC Le Studio jusqu’à la soirée de sortie de l’album. Durant tout ce temps, nous avons réussi à faire tout ce que nous avions planifié (enregistrement, mixage, mastering aux Etats-Unis, visuels, photos promo, tournage du clip, préparation des deux soirées de sortie…). Bref, ce fut beaucoup de travail mais pour un résultat au-delà de mes espérances.

Charlotte :
Difficile de répondre à cette question précisément. Ce boulot est bourré de choses qui te laissent de bons souvenirs. Tu découvres l’envers du décor, tu fais de nouvelles rencontres chaque jour, t’es tellement épuisé que tu rigoles à en pleurer, etc. Le plus chiant, c’est la partie « harcèlement ». Tu passes une bonne partie du temps à envoyer des milliers de mails aux maisons de disque, aux salles, aux festivals, aux tourneurs… Mais quand tu as des retours positifs, le sentiment du travail bien fait n’en est que décuplé. Après, le vrai problème que j’ai eu tient au fait que je sois une femme. Il y a encore malheureusement trop peu de nanas dans ce milieu, et elles sont trop souvent relayées au rang de merch-girl. Du coup, il faut que tu fasses deux fois plus tes preuves pour acquérir un tant soit peu de crédibilité auprès de certains. Et adieu les tenues un tant soit peu sexy ! Il faut aussi faire le tri entre les gens qui te contactent avec une idée derrière la tête, et ceux qui ont vraiment besoin de toi.

Danton :
Les gens, groupes compris, ne se rendent pas toujours compte des heures qu’on passe pour eux, c’est assez frustrant.

Le management peut être pratiqué de manière bénévole, défrayée, rémunérée, avez-vous un avis sur la manière dont il doit être pratiqué ?

Mathieu :
Chacun voit midi à sa porte. J’ai pris le parti de faire cela bénévolement, il s’agit d’une démarche personnelle. Après bien entendu, si un cachet est disponible pour moi à la fin d’un concert, je ne vais pas le refuser mais ce n’est pas ce qui me fait avancer. Après je ne vais pas juger la pratique des autres « managers », du moment que l’on ne vienne pas me dire comment je dois me comporter. A l’avenir, il est possible que je demande un petit cachet. Mon temps devenant plus rare avec la paternité, je pense que si je m’éloigne de chez moi, cela sera aussi pour mettre un peu de lait dans le biberon 😉 !!!!

Charlotte :
En France, le rôle de manager est peu encadré légalement, mais la loi impose une rémunération au pourcentage du cachet. Au final, c’est très peu comparé à la somme de travail effectuée. Après, chacun s’adapte vis-à-vis de sa situation et de celle du groupe pour lequel il travaille. Les cachets couvrent difficilement les frais engagés par le groupe, donc on se retrouve souvent à bosser bénévolement. C’est un peu un pari sur le long terme, et ça pousse à tout donner pour que le groupe gagne plus. Mais c’est aussi source de nombreux abandons, surtout dans le milieu du metal qui, comme chacun le sait, engendre moins d’argent que celui de la pop.
Le bénévolat est un statut très pratique : on fait ce que l’on veut, quand on le veut, et au final on ne doit rien à personne. Cependant, c’est aussi ce qui entraîne la dévalorisation des métiers autour de la culture de façon générale. Ne pas être payé pour un boulot, c’est aussi la porte ouverte à la non-considération de ce boulot comme un vrai travail. Beaucoup de gens font ça à côté de leur activité salariée, et heureusement qu’ils sont là ! Mais ça entraîne les pouvoirs en place à diminuer chaque années les différentes aides et subventions : « Vous voyez que vous n’avez pas besoin d’argent ! Tout le monde travaille pour vous gratuitement ! ». Et au final, on se retrouve avec des MJC qui ferment, des asso qui baissent les bras, et des labels qui ne font plus que de la distribution parce qu’ils n’ont plus les moyens d’embaucher des gens pour accompagner réellement les artistes. Sans les bénévoles, on ne s’en sortirait pas, mais en même temps, on se retrouve aussi à la botte d’une poignée de majors qui ne permettent plus qu’à une dizaine d’artistes de percer chaque année. Moins les gens seront payés pour bosser dans la musique, moins ils y consacreront de temps, et plus ce sera bâclé.

Danton :
Ma devise c’est on gagne ensemble ou on perd ensemble, j’ai horreur de l’idée d’asphyxier les groupes en prenant un salaire qu’ils n’ont pas eux même, comme je n’aime pas voir un groupe ramasser des cachets et oublier ceux qui travaillent autour d’eux.

– Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui serait tenté par le management, quelle ambition, quelles qualités doit-il avoir ?

Mathieu :
La première des qualités est d’avoir la passion et une furieuse envie de faire des choses qui donnent du sens à ta vie !!!! Après c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Chacun doit faire ses propres expériences. Il faut tenter au risque de se tromper, mais cela fait partie de l’évolution.

Charlotte :
Patience est mère de toutes les vertus. Mais la base de tout, c’est la passion ! C’est difficile, c’est chronophage, il n’y a personne pour te dire si ce que tu fais est bien ou pas, donc il faut savoir faire preuve de beaucoup de ténacité et ne pas être du genre à jeter l’éponge au premier obstacle. Il faut aussi évidemment avoir un bon sens du relationnel, et bien être au fait des tenants et aboutissants du milieu dans lequel tu évolues. Il faut aussi être fin psychologue. Et puis, last but not least, il ne faut pas oublier que l’on travaille avec des « artistes », donc des nerfs d’aciers sont de mise !

Danton :
J’dirai qui si t’as de vrais qualités relationnelles, le sens du réseau, de la communication, que tu es psychologue et que tu sais aussi taper du poing sur la table tout en sachant fédérer les gens autour d’un projet ben vas-y, j’connais pleins d’groupes qui ont besoin de toi.

– Qui dit management dit souvent aussi promo, quelle est l’actualité de vos groupes ?

Mathieu :
ALTERNATIVE CULT est en standby pour le moment.
K.A est en train de composer pour le successeur de « Reborn Again ». De plus chacun des membres du groupe fait également partie d’autres projets: H Ram a son projet Grindcore et sort son premier EP « The H.GrinD », R.A.F est également le vocaliste de T.A.N.K qui sort bientôt son troisième album, O.H.M fait partie d’ORAKLE qui vient de sortir son troisième album « Éclats », et enfin R.U.L a intégré récemment ETHS et travaille également sur son projet personnel DISPLEASURE.
UNSCARRED, après le départ de sa chanteuse Niloo, vient récemment de retrouver un vocaliste. Le groupe travaille en ce moment sur l’intégration du nouveau chanteur et sur de nouvelles compositions.
VISE VERSA travaille sur les compositions de son second album.
Je voudrais aussi et surtout terminer en te remerciant pour cette initiative. Il est toujours flatteur qu’on te demande ton avis par rapport à un domaine que tu aimes et où tu évolues 😉 !!! Merci donc à toi camarade et à très vite pour de nouvelles aventures.

Danton :
Tous mes groupes sont en prépa d’album pour 2016 et tournage de clips prévu, j’vous invite à les suivent sur le net et à aller voir leurs vidéos sur tutube.

Toshes:
FB TOSHES  Site TOSHES  Clip Toshes

Deep In Hate :
FB DIH  Site DIH  Clip DIH

Silent Dawn :
FB Silent Dawn
Clip Silent Dawn

Bigsure
FB BigSure
Site BigSure
Vidéo BigSure

Share This:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *