[Concert] SABATON + ACCEPT + TWILIGHT FORCE, au Bikini (Toulouse), le 18 janvier 2016

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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Troisième date française sur les quatre que compte la tournée The Last Tour des suédois de Sabaton en notre beau pays, et probablement la plus intimiste. En effet, après L’Olympia parisien, l’Aéronef Lillois et avant le Transbordeur Lyonnais, c’est au tour de la mythique salle du Bikini, située à deux pas de Toulouse, à Ramonville Saint-Agne, de recevoir la division blindée originaire de Falun. Il s’agit de la plus petite des quatre salles citées, mais elle aura su tout au long de cette mémorable soirée (j’ai donc déjà craché le morceau !) mettre en valeur son caractère chaleureux et remplir très rapidement le moindre espace disponible.

Et les suédois ne sont pas venus les mains vides, oh que non ! Tout d’abord, ils nous ont apporté un froid de canard venu tout droit de leur lointaine contrée, qui nous aura tenu compagnie pendant plus d’une heure avant que les portes de la salle ne daignent s’ouvrir (en certains endroits, on pouvait lire que le concert débutait à 19h00, mais non, c’était bien 20h00 ! Brrrrrr, j’en tremble encore !).

Les hostilités commencent avec Twilight Force, autre groupe suédois originaire de Falun, partageant une profonde amitié avec Joakim Broden, le frontman de Sabaton (déjà invité en guest sur album). La prise en main du public est chose faite en quelques instants, même si ce n’était pas gagné d’avance. En effet, Twilight Force délivre un power symphonique pouvant faire passer Rhapsody pour un monstre de mesure n’en rajoutant jamais. Amoureux du kitsch que nous sommes (oui, car la salle a réagi plus que positivement, même si elle n’était pas encore garnie à son comble), nous avons été servis ! Du clavier grandiloquent comme s’il en dégoulinait, des musiciens encapés, déguisés en mighty warrior armé d’une épée, en elfe masqué, en assassin ou voleur (masqué aussi) ou en mage démoniaque avec bâton de sorcier brillant de mana mauve, c’est bien simple, on se croirait dans Warcraft ! Les titres s’enchaînent irrésistiblement, volontairement second degré, et c’est bien cela qui aura permis aux suédois de remporter une éclatante victoire (même s’il manquait hélas une princesse à sauver), chacun s’amusant visiblement sur le peu d’espace qui leur est laissé par l’immense machine Sabatonienne attendant derrière eux. Coups de pieds aux fesses, grimaces, sourires, poses iconiques ou au contraire peu académiques. Je ne pensais pas qu’il était ainsi possible de jouer de la guitare comme un dieu tout en dansant comme un saltimbanque ! Le son fut assez brouillon, il faut bien l’avouer, trop de choses cherchant à s’exprimer en même temps, mais le duo des guitaristes fut plus que remarquable, voire même par moment virtuose. Et que dire du chant de Chrileon, impressionnant par sa maîtrise et ses montées orgasmiques (la charmante Agnès, qui m’accompagnait, ne s’en est pas remise) ! N’oublions pas Blackwald, le sombre mage officiant aux claviers et ponctuant chaque titre d’une intro kitchoune et sympathique de sa belle voix de basse. 30 petites minutes seulement pour s’exprimer (bon, n’oublions pas que le premier de leurs deux albums ne dure guère plus), mais le message est passé : la soirée sera festive, sans prise de tête et dans la bonne humeur !

On dégage ensuite un peu d’espace pour Accept (c’est en fait le batteur qui va bénéficier de ce bonheur, surélevé alors que celui des suédois était à même la scène, dans un coin, presque invisible. Nettement plus sérieux, mais tout aussi enjoués – Wolf Hoffman, le guitariste et frontman de légende, arborera tout du long un sourire faisant plaisir à voir, agrémenté de plaisantes grimaces -, les teutons vont délivrer un set forcément court (ils sont les guests ce soir, contrairement à la précédente tournée qu’ils partageaient avec Sabaton et n’aurons droit qu’à une heure), mais metal en diable. Ultra carré et intelligemment partagé entre les titres de légende (l’époque Udo) et ceux tirés des trois derniers albums avec Mark Tornillo derrière le micro, le set ne laissera aucun moment de répit. Et la salle le lui rendra bien, reprenant en cœur aussi bien Stampede et Stalingrad que Metal Heart et Balls to the Walls. L’équilibre est juste et même si le groupe n’a plus rien à prouver, il montre ce soir que son nouveau répertoire tient la route face à l’ancien. Il est clair cependant que dès que surviennent les premières notes de Princess of the Dawn, une sorte de transe mystique s’empare de la foule et met tout le monde d’accord. Et quand on l’enchaîne avec Fast as a Shark, et bien on se met carrément le public dans la poche ! Que voulez-vous, ces titres font partie du patrimoine du heavy metal, et ils sont interprétés de bien belle façon, tant par un Wolf hilare et volubile, affichant une ressemblance frappante avec un certain Bruce Willis  en plus élancé et sur lequel l’outrage des ans ne serait pas passé (58 ans tout de même !), que par un Mark Tornillo hurlant comme un damné, même si sa voix se noie parfois dans le déluge sonore (il m’en a donné mal à la gorge !). Le bassiste Peter Baltes ne sera pas en reste, très présent sur le devant de la scène, tandis que le batteur, Christopher Williams, se montrera impitoyable avec ses fûts. Il est difficile de dire au revoir à ces vaillants teutons tant le show de ce soir était maîtrisé, mais le dvd Restless and Live et de nouveaux shows et festivals consoleront facilement les irréductibles, venus nombreux ce soir.

C’est ensuite à la tête d’affiche d’envahir la salle, de façon cocasse et prudente. Deux roadies, au treillis de rigueur mais à la coupe de cheveux non réglementaire, vont lentement passer la scène au détecteur de mines, finissant le parcours en posant une pancarte achtung de bon aloi. Un salut militaire de rigueur et les rideaux noirs sont abaissés, laissant apparaître l’immense machine de guerre fantasmée par Joakim et ses sbires. En effet, un char pareil, doté de tels shotguns, ferait frémir d’effroi un bataillon de rebelles talibans. Le SHOW commence, un SHOW écrit en lettres majuscules tant le mot va prendre ce soir tout son sens, alliant un set irréprochable à un spectacle en mettant plein le cœur et les yeux. Une bande enregistrée reprenant In The Army Now de Status Quo (avec la voix de Joakim, ça fait son effet !) annonce la couleur, The March To War fait durer l’attente en maintenant la tension martiale, et le groupe prend la scène d’assaut sur un Ghost Division de folie. Pas le temps de respirer, de s’accoutumer au placement des membres du groupe, l’écran géant, mettant à chaque fois des images en rapport avec le morceau joué, montre une forêt de lances, de boucliers, et de guerriers hellènes encapés. Les premières notes de Sparta font hurler la foule, d’autant plus qu’arrivent quatre spartiates en tenue, accompagnés d’un Joakim équipé du casque de Léonidas ! Ne serait le fait que les spartiates n’ont pas les abdos de leurs aînés (m’est avis que certains ont abusé de la bière !), on se croirait dans 300. Ce morceau, taillé pour la scène, emporte haut la main son objectif, s’emparer de la foule qui lève les bras aussi haut qu’elle le peut et hurle des « Ouss » à s’en déchirer les poumons. A noter que même si l’album est frais, les paroles sont sur toutes les lèvres, ancrées dans les mémoires. La force de Sabaton est de toujours penser ses refrains, de les garnir de phrases autrement plus fournies que trois malheureux mots accompagnés de « ohohohoho » (non, je ne vise pas Maiden), propres à galvaniser les troupes et donner envie de les reprendre en chœur. The Last Stand, autrement plus complexe à mémoriser d’ailleurs, sera également l’un des grands temps forts du set, montrant que malgré certaines critiques, le dernier album est digne de figurer dans la riche discographie du groupe. Ce seront ainsi pas moins de six titres qui se verront tirés de ce nouvel opus, dont Blood of Bannockburn et ses cornemuses, ainsi que Shiroyama et son hommage à l’ultime baroud des samouraïs. Seront également à l’honneur des titres des incontournables Carolus Rex (le titre éponyme et The Lion From The North, avec sa superbe image du regard d’un félin en fond d’écran) et Heroes (Night Witches, Resist and Bite, Far From The Fame, To Hell and Back, clôturant la soirée). Mais les autres albums ne sont pas oubliés, Primo Victoria, avec son titre éponyme qui fera sauter tout le monde sur place, et un moins évident aussi tel que The Art Of War donnant lieu à un Union peu joué sur scène ou du moins pas depuis longtemps.

Mais c’est au rayon des surprises que va se détacher Sabaton ce soir là. La musique est ultra carrée, puissante, Joakim est en voix et les musiciens redoublent de vaillance dans l’application des riffs et des soli. C’est connu, Sabaton est à tout point de vue une véritable machine de guerre, parfaitement huilée. Mais le groupe est également amoureux de son public et cela se sent. Les échanges seront nombreux avec le public, sans jamais casser le rythme du show. Dans son anglais chargé de « r » roulés à la façon suédoise, et parfois même en français s’il vous plait, Joakim va s’amuser avec nous, nous présentant ainsi son nouveau et jeune guitariste, Tommy Johansson, un gaillard bien campé à la blonde chevelure. Celui-ci sera d’ailleurs largement ovationné par le public, l’encourageant à nous montrer toute la maîtrise de son instrument. Et il est doué le petiot ! Le chanteur plaisantera avec lui en lui apprenant comment dire acclamations en français, et le blondinet de s’adresser à la foule en prononçant de bien naïfs « salauds », « salauds » ! Le frontman nous fera ensuite montre de ses talents au piano, nous amenant à penser qu’il va jouer Primo Victoria en annonçant son désormais célèbre Will you jump with us ? et de se mettre à lancer un court instant le Jump de Van Halen ! C’est ensuite au tour du batteur d’être mis en avant, Hannes Van Dahl, « à l’insu de son plein gré ». C’est en effet le jour de son anniversaire, et une image de fond apparaît, le montrant grimaçant alors que l’ovation commence. Grand moment de connivence. Nous aurons également droit à un formidable moment d’émotion, débutant par une blague, le guitariste Tommy Johansson s’emparant du piano que Joakim avait tant maltraité, des maracas étant donnés à celui-ci. Puis il commence à jouer, faisant preuve d’une maestria exceptionnelle. Chris Rörland, l’autre guitariste, s’empare d’une guitare acoustique, s’assoit, et poursuit la prenante version de The Last Solution, titre à faire pleurer issu de Coat to Arms et traitant ni plus ni moins de façon humaine des camps de concentration. La voix de Joakim, redevenu sobre, illumine le morceau, camouflet à tous ceux ne voyant en Sabaton qu’un pamphlet pro-militariste voire plus honteux. Un grand moment, probablement le plus beau de la soirée (faut dire aussi que le reste ne fait pas dans la finesse !). Côté surprise, n’oublions pas ce débarquement de Normandie illustrant l’écran de fond, voyant ensuite le show continuer alors qu’une barge ouvre sa porte, laissant Joakim prendre pied sur le sable de cette nouvelle plage qui lui est désormais acquise ! Grand moment !

Retour à la rigolade lorsque le frontman s’empare d’une guitare, insistant pour être autre chose qu’un chanteur, et commence à jouer du Mickaël Jackson, ponctuant son essai par un réajustement de ses parties intimes sur un petit cri bien peu viril ! Le public ne sera pas en reste. Une femme s’échinera à se frayer un chemin parmi la foule très dense, se fera finalement soulever par ladite foule pour parvenir au but qu’elle s’était fixé : offrir une peluche au chanteur, un délicieux petit crocodile vert, accompagné d’un mot dont nous n’avons pas connu la teneur ! Une autre fan fera quant à elle carrément don d’un impressionnant soutien-gorge rouge bonnet D (au moins !), dans lequel un mot a été tracé au feutre, mot qui sera plus tard découvert par le chanteur et lu à la foule hilare : « GIVE ME YOUR SUN-GLASSES ». Joakim sera galant, jugeant l’échange honnête, et fera don desdites lunettes en fin de set, les gardant auparavant « afin de se protéger du public français ».

L’ultime clin d’œil de la soirée sera réservé au public toulousain, et sera de taille, faisant déjà pâlir de jalousie les fans lillois et parisiens. En effet, comme je vous l’ai déjà confié, ce soir était l’anniversaire du batteur Hannes Van Dahl, et comme certains ne l’ignorent peut-être pas, l’homme est le conjoint de la chanteuse actuelle de Nightwish, la célèbre Floor Jansen. Et c’est ainsi qu’une Floor assumant pleinement les formes d’une grossesse épanouie arrive sur scène, tenant une tarte dans sa main, tarte qui finira sur la figure du pauvre batteur, qu’elle embrassera cependant avant de s’éclipser aussitôt. Prendre l’avion de si loin pour être auprès de son mari en ce jour si spécial – et nous faire au passage profiter de cet instant -, si ce n’est pas une preuve d’amour ça !!! Bravo et tous mes vœux de bonheur pour ce couple si sympathique (et fuck à tous ceux la traitant de diva !). Je me permets ici de reproduire la photo prise pour l’occasion et postée par Floor sur son mur facebook (Merci Hard Force !).

Cette soirée fut pour tous – c’était visible sur les visages, audible dans les discussions -, un grand moment de bonheur, ce qui distingue les shows froids et mollassons de certains des véritables shows interprétés par des artistes heureux d’être présents et de tout donner, sans retenue ! Honte à ceux qui ne respectent pas leur public et gloire à Twilight Force, Accept et Sabaton ! Et merci à toute l’équipe du Bikini pour leur merveilleux accueil, même s’il fut au début un peu froid, température hivernale oblige !

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