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Marseille, ce n’est pas seulement l’OM et Plus Belle La Vie ! C’est aussi de la musique telle que nos oreilles peu fragiles aiment en écouter à longueur de journée ! Pas besoin d’aller chercher bien loin pour citer ne serait-ce que Dagoba, Eths, Tripod et dans une moindre mesure Mindlag Project (n’est-ce pas Ceridwen ?) et Dirty Wheels. Il faudra désormais compter sur Z Family, projet solo de l’ex-guitariste de Dagoba, Yves « Z » Terzibachian.
La famille en question se comprend de trois façons différentes, toutes ayant de l’importance dans l’existence même du projet :
Z Family, ce fut d’abord, lors de sa création en 2015, une famille au sens très étendu du terme, bâtie autour du guitariste Z qui souhaitait s’offrir une récré au sein de Dagoba, dont il tenait la lead guitar depuis déjà 2012. Le Chapter I, Born from Noise, sort ainsi en novembre 2015. Plusieurs musiciens de session – notamment des bassistes différents, afin d’obtenir sur chaque morceau le son désiré -, un renfort au chant de Shawter, voix de Dagoba, intervenant sur le titre hispanisant Siete Vidas, mêlant agréablement stoner et metalcore : voilà se qui s’appelle essentiellement une réunion de potes autour d’une idée assez personnelle. Z a voulu se faire plaisir sur ce premier EP, fort de cinq titres se voulant chacun comme un hommage à ses influences musicales. La cohérence n’était pas de mise et c’est ainsi que l’on passait allègrement du metalcore au stoner en passant par le rap-metal (surprenant Motel One) et le hard-fm.
Z Family, ce fut ensuite une nouvelle famille se construisant autour de Z après l’éviction de ce dernier (et du batteur Eddy Costanza) de Dagoba en mai 2016. Elle s’affirme, cette famille, avec le maintien derrière le micro et l’écriture des textes de Pedro Killmister. Elle se peaufine avec la recherche d’un son bien particulier, par le soutien au mix de Fred Duquesne (Bukowski, Mass Hysteria), fruit d’une attente fébrile depuis 15 ans déjà d’après l’aveu même de Z !
Et comme déjà évoqué en parlant du premier EP, Z Family se veut enfin un hommage à cette famille musicale dans laquelle Z a puisé ses racines, faisant de lui l’artiste qu’il est aujourd’hui, à la fois humble et talentueux.
Déboule aujourd’hui dans les bacs le second EP, au titre parlant, Origin. Nous continuons donc l’exploration, la déclinaison, de cet univers musical qui a tant inspiré le leader, essentiellement la musique des années 90. Passons rapidement sur la pochette, au visuel certes aisé à comprendre mais qui ne devrait pas rester dans les annales. Le premier constat est la plus grande cohérence de l’ensemble, et l’émergence d’un son qui devient celui du groupe. Cela est essentiellement dû à l’accordage des guitares, en drop A pour les puristes, comme le sont les guitares du clan de Bakersfield, Korn. Et il sera d’ailleurs aisé de reconnaître l’influence de ce groupe, notamment au sein de Fragments ou Animal, titres qui auraient pu sortir aisément du lot de n’importe quel album du combo américain, tant pour les riffs que les vocaux – mention spéciale à Pedro, qui module sa voix à merveille, maîtrisant parfaitement les intonations torturées à la Jonathan Davis, allant jusqu’au growl malsain. Pour le reste, on se frotte à d’autres influences du groupe, mais tout comme Korn, aisément digérées (Animal est bien plus que du Korn) : Alice in Chains, le Machine Head des années 90, Stone Sour, Papa Roach, Alter Bridge. Les riffs lourds du morceau d’ouverture, enchaînant sur l’intro mélodique et ses vocaux séduisants, est digne des rythmiques du gang de Robb Flynn, époque The More Things Change, jusqu’aux vocaux enragés. Il y aura aussi ce curieux et reposant interlude musical, le très beau morceau éponyme, bercé par les accents de cette mer qui se jette paisiblement sur le rivage – n’est-ce pas cela la véritable origine ? Du feeling, du feeling jusqu’à n’en plus pouvoir, voilà qui montre toute l’étendue des capacités de Z, et venge l’idée qu’il se soit fait évincer de Dagoba, lui offrant ainsi l’opportunité de s’exprimer en tant qu’artiste à part entière, en tant que compositeur. Big Gun River, avec sa rythmique parfaitement maîtrisée (bravo au batteur Benjamin Surrel et au bassiste Loïc Bertrand, qui assurent un boulot épatant tout au long de l’album), ses vocaux proches de la fusion, est peut-être le titre qui montre l’aspect le plus personnel du groupe, celui vers lequel il tendra peut-être pour son futur, la définition de sa propre identité. Changement de ton tout de même avec la ballade acoustique Whisky River, balayée par une voix riche en émotions, chanson aux influences blues et country évidentes mais dont on ne peut s’empêcher de retrouver les notes d’un certain Metallica, je pense évidemment à Fade to Black, et dans une moindre mesure à The Day That Never Comes.
Il eut suffit d’un titre ou deux de plus pour que l’effort EP devienne album, mais Z Family a voulu à mon sens avec cet Origin prolonger son exploration, maîtriser son héritage musical et définir son propre son, celui qui déterminera son identité à venir, et nul doute que celle-ci part d’un sacré potentiel. Même si Origin est encore fort de ces influences, l’opus tend largement à s’en dégager, nous permettant d’entrapercevoir un futur qui pourrait s’avérer fort intéressant. Z Family va commencer humblement sa tournée des clubs et petites salles. Offrez-lui l’accueil qu’il mérite, car vous pourriez le regretter plus tard, quand il remplira de plus grandes salles et que l’expérience intime en sera diminuée !
Note réelle : 3,5/5