[Chronique] WITCHTHROAT SERPENT – Swallow the Venom

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WITCHTHROAT SERPENT – Swallow the Venom

Chez Lords of Chaos, on fait rarement comme les autres. La preuve, aujourd’hui pas d’actualité brûlante mais au contraire, une longue réflexion qui a eu le temps de mûrir, de se construire et de se charpenter sur la dernière sortie des Toulousains de Witchthroat Serpent.

Sorti en Novembre 2018, cela fait déjà plusieurs mois que j’ai reçu ce nouvel album du combo et qu’il macère sur mes différentes stations d’écoute. Souvent réduit à tort à un Electric Wizard made in France qui aurait un peu trop copié sur son voisin, le power trio a décidé seulement deux ans après son Sang-dragon de nous prouver, si besoin en était, qu’il en avait largement sous la pédale (de fuzz) .

C’est à travers un troisième album riche de huit titres pour environ 46 minutes que les occitans nous emmènent dans un long et tortueux sabbat hypnotique.

L’ensemble bien que très sombre conserve toujours une trame entêtante attirante et efficace.

La transe commence par un «Feu Sacré » très réussi, qui plonge l’auditeur dans l’univers type du Doom occulte. Fermez les yeux et vous sentirez l’encens se propager dans de sombres dédales, imaginerez les dizaines de bougies environnantes vous fixant comme autant de regards diaboliques.

« Lucifer’s Fire » finit par résonner, inspirez profondément et ressentez les énergies qui vous entourent, ce sentiment de danger et d’interdit qui rendent l’atmosphère oppressante et qui fait couler une fine sueur de votre échine haletante.

« Pauper’s Grave », bien que classique, poursuit le rituel et ne cesse d’attiser les flammes.

« Scorpent Serpion » commence à porter l’estocade : imaginez la pénombre, de vifs mouvements se dessinent dans l’obscurité autour de vous, le bruit se rapproche, l’air vient à manquer et d’un coup, une vive douleur vous prend par surprise et vous désoriente. Chaque bouffée d’air est plus difficile à prendre que la précédente.

Les titres s’enchaînent et le chaos est toujours présent. Depuis la première morsure, la courbe du temps vous échappe, difficile de se repérer quand l’esprit est touché.

Il faut dire que l’arsenal des toulousains est mortel, une basse qui prend à la gorge, telle le nœud coulant d’une potence antique, une batterie sinistre et lourde annonçant l’arrivée imminente d’un bourreau titanesque et que dire du son de guitare ? Une wha malicieuse qui s’insinue dans chaque compo comme un venin impie prêt à achever sa proie.

Le chant quant à lui, narrateur mystique et envoûtant, tantôt diabolique et criard, tantôt possédé et suggéré, sait déplaire parfois pour mieux surprendre par la suite.

Le voyage commence à toucher à sa fin, « No More Giant Octopussies » vient terrasser les survivants. Une lame chauffée à blanc vient finir le travail, répandant une nappe pourpre et poisseuse sur un sol maudit .

Tout à coup, le noir complet et un silence assourdissant, puis peu à peu des formes nébuleuses apparaissent, la vision se fait de plus en plus nette, l’album est terminé.

La vie reprend doucement son cours, on se rend compte que les premières écoutes n’avaient pas tout révélé, qu’à chaque fois, de nouvelles pièces du puzzle étaient découvertes.

Ce Swallow the Venom porte décidément bien son nom, bien plus complexe qu’il n’y paraît aux premières écoutes, il distille son savoir à celui qui le mérite. Ce secret, les finlandais du label Svart Records ont l’air de l’avoir découvert puisque c’est avec brio qu’ils offrent leur voix pour propager la vile parole du diabolique trio.

Je vous laisse avec l’excellent clip du titre « Scorpent Serpion »

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