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Lorsque dans une conversation on en vient à évoquer le Thrash allemand, on a surtout tendance à ne parler que du quatuor KREATOR, DESTRUCTION, SODOM et TANKARD. Pourtant, en cherchant bien, on trouve des seconds couteaux dont la qualité n’est plus à prouver comme EXUMER, ASSASSIN et DARKNESS qui nous ont offert de très bons albums (« Possessed By Fire », « The Upcomming Terror » et « Death Squad », dont je parlerais dans d’autres chroniques).
VIOLENT FORCE sont de ceux-là, à ceci près qu’ils ont sorti leur 1er (et unique) album bien en retard (1987). Inutile de préciser que le gâteau était déjà bien entamé et qu’on ne leur a laissé que quelques miettes à grignoter, oouuuh les vilains !! Toutefois, cela n’a pas empêché le groupe de jouir d’une solide réputation puisqu’on peut les apercevoir dans le film « Verlierer » de Bernd Schadewald, sorti en 86 où le personnage principal, Richie, assiste à un de leurs concerts dans lequel on voit de jeunes Thrashers patchés avec des coupes mulets pogoter comme des tarés.
Mais alors, pourquoi un succès aussi limité ? Bah regarde ce que la concurrence a balancé à la face du monde entre temps et juges par toi-même. Comment VIOLENT FORCE aurait pu lutter face à DESTRUCTION avec son « Eternal Devastation » et son nouvel EP « Mad Butcher », KREATOR qui, après un « Pleasure To Kill » meurtrier, sort « Terrible Certainty » et SODOM qui confirme qu’il a sa place au Panthéon du Thrash teuton avec son « Persecution Mania » ? C’était perdu d’avance… Cela ne signifie pas que M.A.O.T. est un mauvais album et qu’il doit baisser les yeux et courber l’échine, loin de là même. VIOLENT FORCE tape fort et n’a pas à rougir face aux trois autres. Le groupe pratique un Thrash relativement rapide dans la lignée de KREATOR et SLAYER (Le 1er pour la vitesse d’exécution (à la « Pleasure To Kill), l’autre pour le chant parlé à la Araya), avec une touche de Mötorhead avec le 1er titre « Dead City »qui ressemble beaucoup à « Overkill » dans la structure et l’enchainement. Le tout accompagné de quelques morceaux plus mélodiques comme la sublime instrumentale « What About The Time After » qui enchaine à merveille avec « Sign Of Evil » qui est une véritable pépite et de loin mon morceau préféré avec son break à la basse suivi d’un solo majestueux. « Destructed Life » est dans la même veine avec un solo qui me rappelle beaucoup JUDAS PRIEST et qui est un pur bonheur à entendre. Le reste est un enchainement de morceaux assez violents qui sont sans concession. La triplette « Soulbursting », « Vengeance and Venom » et « M.A.O.T. » a de quoi laisser K.O. un auditeur non averti. Le chant hurlé de Lemmy (non ce n’est pas le même) laisse littéralement sur le carreau avec des intonations limite Death pendant les refrains (« Vengeance… », « M.A.O.T.). Pour donner une idée claire de la vitesse, enchaînement de ces 3 pistes se fait en moins de 8 min je crois… ajoutez à ça, des rythmiques sauvages et des solos rapides aux « mélodies » démoniaques et à chaque fois, un break qui pourrait faire croire que ça va se calmer pour vous reprendre par surprise juste après, et vous avez le cocktail parfait pour un album de Thrash savoureux !
VIOLENT FORCE utilise cette recette à outrance sans tomber dans le linéaire ni le prévisible et ça rend l’écoute agréable. On ne le dit jamais assez mais une bonne coupure plus lente dans un morceau, même si elle ne fait que 4sec, ça passe à chaque fois à condition d’être bien fait et visiblement le groupe maitrise ça. Le point noir de cet album est de finir sur le titre « S.D.I. » qui est le moins bon à mes yeux. Non pas qu’il soit mauvais, mais je trouve qu’après le solo dantesque de « Destructed Life » le morceau fait tâche. En plus le début ressemble vaguement à « Soulbursting »… Et il a le même nom qu’un groupe (allemand, lui aussi) que je ne porte pas spécialement dans mon cœur…
Un album que tout vrai Thrasher se doit d’avoir écouté, au moins, une fois dans sa vie. M.A.O.T. dégage une énergie extraordinaire et contient son lot de bons moments, sa courte durée ne rend pas l’écoute pénible et pour un produit de 87 la production est vraiment pas mal et semble plutôt bien survivre au temps bien qu’elle sonne assez 80’s. Un second album aurait surement aidé le groupe à gagner une plus grande reconnaissance à l’époque, mais on ne peut plus rien y faire maintenant et pourtant, ce groupe mérite amplement d’être plus connu que par les passionnés du genre qui passent leur temps à farfouiller les archives du Metal.