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Des suédois (oui, ces mecs ayant un incroyable talent pour vous tirer des larmes avec leurs voix claires !) jouant de l’AOR et signés chez Frontiers, le label italien qui a le vent en poupe côté rock mélodique, voilà de quoi attirer l’amoureux d’une certaine frange du hard-rock, la plupart du temps nostalgique des années 80 quand ce genre inondait les radios ! Allez, je continue pour orienter votre lecture : Toto, Treat, Europe, Survivor… Et oui, ces grands noms sont des références clairement réclamées du quintet scandinave et une simple écoute vous suffira pour vous en convaincre.
Pour la petite histoire, State of Salazar est né en 2010 autour du chanteur et compositeur Marcus Nygren, accompagné de 4 autres étudiants fraîchement sorties de l’Académie de Musique de Malmö. Leur but était clair : faire revivre la musique de la Wescoast, de l’Arena Rock, bref de l’AOR. Leurs références ? Toto (notamment le fameux album IV), Treat, Journey et Survivor pour ne citer qu’eux, même si leur éventail est plus large. A rajouter à ces groupes les compositeurs Bill Conti et Vince DiCola, soit tout un pan générationnel de la musique de film (la saga Rocky !). Du rock soft, sentant bon la Californie, une voix claire à faire chavirer les cœurs, des mélodies fortes, mêlant claviers et guitares, celles-ci se faisant surtout remarquer dans les soli. Après un EP fort remarqué et sorti en 2012, Lost My Way, les suédois furent approchés par le label italien Frontiers, référence actuelle en matière de sorties AOR et eurent l’immense privilège d’inaugurer le premier Frontiers Rock Festival organisé à Milan en 2014, avant de récemment (octobre 2018) participer au Frontiers Rock Sweden Festival, en compagnie de Crazy Lixx, Eclipse, One Desire, bref des pointures en la matière. Entre ces deux festivals, en 2016, sortit leur premier album, All The Way, qui connut un fort succès critique mais également commercial, la renommée du label et sa capacité d’exposition aidant fortement les musiciens dans leur conquête de la scène mondiale. Après ce premier effort, départ du claviériste Stefan Mårtenson, élément essentiel de la musique du groupe, parti pour d’autres aventures. Une opportunité pour joindre au groupe le talentueux Kevin Hosford, qui se vit d’emblée impliqué en tant que compositeur et voix supplémentaire en plus de son poste de claviériste. Le groupe commença très tôt, fort ce nouvel élément, l’effort de composition, mais préféra prendre son temps avant de sortir Superhero, l’album qui nous intéresse. S’adjoindre de plus les services au mix et au mastering du très demandé Alessandro del Vecchio valait bien de patienter un peu.
Un énorme travail a été fait sur la partie instrumentale, afin de créer ces ambiances qui hantaient la musique des années 80 et notamment celle de leur référentiel en la matière, Rocky IV, et cela se ressent fortement à l’écoute des 11 titres qui composent l’album, rajoutant à la qualité de la musique un fort parfum de nostalgie pour toute une frange de leurs fans. Les premières notes de clavier du tubesque If You Wait For Me ne trompent pas, c’est back to the movies of the eighties et nombre de ses thèmes et chansons inoubliables. La voix chaude de Marcus prend aux tripes, et rappelle, ainsi que la musique d’ailleurs, celle de Robbie LaBlanc (Find Me, Blanc Faces). La construction de ce morceau sera sensiblement pareille aux autres, même si, je vous rassure, les mélodies sauront se réinventer : clavier, voix caressante menant habilement jusqu’à l’imparable refrain, puis solo de guitare après un petit break vocal (My Heart Is At War en est un parfait exemple). Hold on Tonight semble tout droit sorti d’un générique de série des années 80, avec ses claviers sentant bon les néons et un style délicieusement rétro (j’ai pensé tout particulièrement à Miami Vice, série qui savait soigner ses bandes sons). Masquerade est quant à lui le plus bel hommage qui pouvait être fait à Toto, avec sa basse omniprésente (Johannes Hansson). Les claviers y fondent en un solo jazzy qui rappellent le Rosanna du groupe précité. Comme référence plus récente, on peut aussi se dire que ce titre aurait parfaitement trouvé sa place au sein d’un album de The Night Flight Orchestra (tiens, des suédois, encore !). On remarquera aussi la ballade de rigueur, avec piano et guitare, dont la réussite doit beaucoup à l’invitée, Kristina Talajic, dont le charme pardonne l’aspect un peu désuet de la chose (au passage, placement parfait de cette chanson en plein milieu d’album, histoire de rompre entre deux tubes, car oui, chaque morceau à un potentiel de hit, surtout si l’on réfléchit d’un point de vue eighties). On pense encore à Toto, Airplay ou encore Journey avec l’imparable Joanne et sa tonalité légère et groovy très réussie. Et difficile de résister à To The Wire, imposant la voix et les claviers de Kevin Hosford, offrant ainsi une autre facette du groupe tout en restant dans le même registre musical Toto-esque, avec un beau soutien de la basse et de la guitare : un titre cool, fun, léger comme un nuage. Et tout se termine sur le tubesque titre éponyme, intervenant comme un générique de fin de l’un de ces films estampillé eighties ayant marqué la jeunesse de nombre d’entre nous (moi ! moi !), le genre de titre qui vous donnait envie de rester dans la salle jusqu’au bout du générique, lorsque les noms des musiciens intervenant sont indiqués.
Moins aventureux qu’un Lover Under Cover ou qu’un Blanc Faces, le groupe a cependant clairement choisi et assumé son créneau. En bref, vous l’aurez compris, si vous êtes un fan d’AOR, des groupes cités et de cette ambiance si particulière présente dans les bandes sons de nombre de films des eighties, cet album de State of Salazar ne pourra que vous ravir ! Faudra juste maintenant leur dire de se fouler un peu plus pour la pochette la prochaine fois…
fan de Toto depuis des decennies, j’ai enfin trouvé le groupe ultime digne successeur de Toto. Surtout cet album, un quasi sans fautes, quasiment aucune chanson pour faire le nombre, que du bon. On veut une tournée en France, j’y serais !!!