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Soyuz Bear « Black phlegm »
Style peu représenté dans notre cher hexagone, il est toujours très intéressant de tomber sur un groupe français s’essayant au Sludge même si, dans le cas présent, il est fortement teinté de Doom .
Les Toulousains de Soyuz Bear mettent les mains dans le cambouis depuis 2012 et viennent avec ce premier album « Black Phlegm » ajouter une deuxième pierre sur l’autel de la crasse après leur « Demo MMXV » sortie, comme son nom l’indique, en 2015.
Ce nouvel effort est composé de 6 chansons pour une durée totale dépassant légèrement les 33 minutes. Autant vous dire que cette grosse demi heure est suffisante pour instaurer un climat pesant, glauque et sombre si caractéristique au Sludge.
Fort d’une production de qualité, Soyuz Bear nous propose un voyage sombre au cœur de la haine et de la dépression. Vomissant l’existence et l’humanité, chaque chanson apporte son lot de dégoût et de mépris pour la race humaine.
Les différents titres vont à l’essentiel, portés par de gros riffs suintant bon le souffre et la colère. Les toulousains dépeignent un monde sans espoir et regorgeant d’opportunistes sans scrupules ni morale (« Human Vanity ») . Pour l’ambiance, on est loin d’un doom classique occulte et progressif et plus prés d’un surinage vicieux au détour d’une ruelle puant la pisse. On côtoie ici les rebuts, la fange et les parias.. Loin du bobo hipster mystérieux à la barbe soyeuse, on va plutôt camper sur le clodo élimé par des années de 8.6 à la chaîne et par la chaude pisse de la cousine facile mais incontinente. Ici pas de clown grandiloquent qui vous traîne de force dans les égouts mais plutôt une flaque de gerbe de couleur douteuse qu’on ravale l’espace d’un instant pour mieux la cracher sur un quidam malchanceux au détour d’un PMU de campagne. Bref vous l’avez compris, c’est pas vraiment la petite maison dans la prairie, ou alors peut être quand Charles Ingals avait chopé le scorbut.
Côté son, chaque instrument sait garder son espace vital sans envahir le voisin. Le côté crade de la prod déterminé par le style pratiqué n’est pas ici un prétexte à un brouhaha infâme mais plutôt à un nuage nucléaire contenu et consciencieux de s’arrêter à la frontière. Le chant est de bout en bout torturé mais maîtrisé et vient se greffer naturellement sur une rythmique purulente distillant des riffs frelatés plutôt efficaces et diversifiés. Tel un ténia vicieux et affamé, les basses prennent aux tripes et chaque instant de l’album est prétexte au malaisant et au dédain.
Bref, cet album possède des qualités indéniables et n’a pas son pareil pour créer une ambiance malfaisante et vomitive. Les seuls reproches que l’on pourrait faire au quatuor seraient d’être restés un peu sur le « convenu » dans les paroles qui sont parfois un peu cliché et d’être restés dans des motifs plutôt traditionnels dans ses compositions.
Néanmoins ce premier album demeure de très bonne qualité et viendra pourrir vos esgourdes tel un vieil album d’Eye hate god ayant copulé avec un opus de Dopethrone un soir de désespoir et de badtrip à l’éther.
Hunter pour Loc