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Voilà un an que le monde est au ralenti. Un an que les salles ont porte close, leur scène plongée dans le néant que les spots, indéfiniment débranchés, n’arrivent plus à chasser. Un an que l’on fait survivre notre soif de musique en se replongeant dans les collections de disques plus ou moins fournies que renferment nos foyers. Heureusement, dans ce contexte peu propice à l’expression artistique en direct, de nombreux courageux issus de la scène mainstream mais surtout de l’underground ne s’arrêtent pas à ces difficultés pour tout de même offrir aux auditeurs le fruit d’un travail peaufiné et chéri, permettant de continuer à vitaliser une actualité musicale.
SMASHED est de ceux-ci. Et avec l’EP « Spontaneous Decomposition », il s’invite en plus chez-vous, avec un bon potentiel cathartique pour remettre en ordre vos petites affaires.
On pourrait croire à un disque introductif, SMASHED, né en 2006 du côté de Tarbes, n’en est pourtant pas un nouveau venu dans le paysage du Metal français et « Spontaneous Decomposition » est en fait la réédition d’une démo 5 titres du même nom, sortie en 2014. Si on peut s’interroger sur la démarche du groupe de ne pas s’être penché sur du neuf, ces morceaux liftés, remixés, remasterisés et réempaquetés permettent sans aucun doute de voir la démo d’origine (que je n’ai pas eu l’occasion de découvrir) muer en véritable EP percutant. Même si mon collègue ThrashManiac, heureux possesseur de la première édition, m’assure que c’était déjà de la bombe !
L’autre intérêt de cette sortie est de voir poindre une nouvelle structure d’accompagnement : CABALE PROD ! Issue de l’émission de radio bordelaise du même nom, le label est animé par des valeurs authentiques et passionnées. « Spontaneous Decomposition » est une première sortie et nous ne manquerons pas de suivre de près la suite.
Au regard du logo, des titres colorés (« Anal Blast », « Cumming From Beyond »… Ah, tiens…), du design… pas d’équivoque, on a bel et bien affaire à un furieux Death Metal qui prend racine dans les méfaits d’anthologie de la scène américaine des années 90, CANNIBAL CORPSE, SUFFOCATION, DEICIDE en tête.
Pas de fioriture, l’ouverture est brutale avec « Anal Blast » justement (vraiment il m’intrigue ce titre): gros riffs sombres et bien taillés, growls très caverneux, et blast pour ficeler le tout. Les instruments sont bien placés dans le spectre sonore, le rendu est massif, tout en gardant cet esprit originel dans l’expression des distorsions. La batterie a une belle résonance acoustique. J’y aurais bien vu un peu plus de corps dans la caisse claire, mais voilà un détail bien maigrelet au milieu de ce déluge bien modelé.
Parfois, un solo s’extirpe de la masse sonore (« Cumming From Beyond » par exemple), et un beau jeu technique vient alimenter la science du riff. En ce sens, « Zombies Riper » est le morceau le plus réussi à mon goût, en termes de complexité et de fluidité, me rappelant presque par moment l’inégalable et regretté DEATH.
Pas trop loin, on trouve également quelques intentions Thrash qui lorgneraient du côté de TESTAMENT, par exemple. Je pense à l’introduction de « Spontaneous Decomposition » (la chanson), avant que la machine de guerre ne s’emballe à nouveau, ou les beaux arpèges clairs qui ouvrent « Hellzheimer » et forment une accalmie variant le propos. Il y a sans doute là un créneau à développer, pouvant s’étendre également au chant qui pourrait trouver encore davantage de modulations à l’avenir. Peut-être est-ce déjà le cas, car l’équipe a changé depuis 2014 ; un nouveau line up qui portera sans doute l’album complet inscrit, me semble-t-il, dans les projets à venir du groupe.
En attendant, la seconde naissance de « Spontaneous Decomposition » permet au groupe de se remettre en selle et de se préparer à étendre son territoire de conquête dès que les vents seront plus favorables. Et là, il faudra vous tenir prêts à encaisser une charge dévastatrice.
« Spontaneous Decomposition » est un EP composé et interprété avec les poils, les muscles, la sueur, et peut-être même le gras du bide, en tout cas comme il se doit pour perpétuer le genre avec justesse. Alors, si comme moi, vous étiez passés à côté de ces 5 titres ces dernières années, avec cette seconde cuisson vous n’avez maintenant plus d’excuse. Un petit billet et un message à Cabale Prod et vous recevrez votre séance de rattrapage ! Et SMASHED vous le rendra bien !