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SADUS. En voilà un groupe qui m’a donné du fil à retordre et avec lequel j’ai eu énormément de mal à accrocher. Il faut dire qu’à l’époque, je venais à peine de découvrir le Death Metal et je trouvais que c’était le summum de la violence (avec MORBID SAINT).
J’ai découvert ce groupe tout bêtement grâce à un poster d’OBITUARY, où un des membres portait justement une casquette de SADUS et j’avais vu aussi cette photo de Chuck Schuldiner qui portait un t-shirt de ce groupe. Pour que ces mecs portent des fringues à leur effigie, SADUS devait être vraiment énorme.
Après d’intenses recherches, j’étais tombé sur l’album « Death To Posers ». Rien que le nom tuait, je tremblais rien qu’à l’idée d’entendre ça et lorsque j’ai lancé la musique, ce fut un mur qui m’arriva dans la tronche. Un son dégueulasse et une production affreuse qui vrillent les tympans. Cela ne pouvait pas être ça et j’ai délaissé SADUS par frustration (j’ai appris plus tard, en cherchant davantage, que c’était une démo enregistrée sur cassette, d’où le son horrible).
Quelques années plus tard, pendant une discussion sur le thème des débuts du Metal extrême, un pote lance un discours dithyrambique sur SADUS, comme quoi ils ouvraient pour DARK ANGEL et pour DEATH, que leur bassiste, Steve DiGiorgio, avait même joué dans la bande à Chuck et que ça dévastait tout sur son passage et je devais absolument leur laisser une autre chance avec l’album « Illusions ». Et c’est ce que j’ai fais, avec beaucoup d’a priori et d’hésitation d’ailleurs. Il m’aura fallu énormément d’écoutes pour accrocher, il y’avait toujours un blocage qui se faisait à cause du son qui est plus que « raw » et vraiment rentre dedans.
Dire que « Illusions » est un album violent revient à dire qu’Ed Gein est juste un vilain. Les mecs de SADUS ne se contentent pas de jouer brutalement et vite, ils font en sorte de vous acculer dans un coin, de vous cracher à la gueule, de molester votre mère et de repartir en foutant le feu à la baraque sans dire bonjour ni au revoir. Les seuls moments calmes du disque sont l’intro, l’instrumentale « Illusions » et les transitions entre chaque chanson à l’exception du titre « Sadus Attack » qui enchaîne directement sur « Torture ». Le groupe balance ses riffs avec la délicatesse d’un bulldozer soutenus par une rythmique effrénée à 200km/h (« Certain Death », « Torture », « Hands Of Fate ») et par un chant écorché et hurlé qu’on aurait passé au papier de verre (« And Then You Die »). Les riffs sont rapides, techniques et d’une précision à peine croyable. Steve DiGiorgio se pose en maître de cérémonie avec sa basse et sa maîtrise de l’instrument n’est déjà plus à prouver tant son jeu est incisif, spontané et en adéquation avec la batterie et habilement éloigné des guitares. Chapeau !
Malgré ce passage à tabac purement gratuit, SADUS sait se montrer un poil mélodique avec l’intro de « Undead » qui monte crescendo avant de repartir de plus belle. Mais la performance ultime en vitesse est atteinte avec le break de « Hands Of Fate » avec ses blast beats qui montrent à quel point le Thrash peut flirter de très près avec le Death en cette période des 80’s (ce titre a été composé en 86, on peut penser que SADUS était un peu en avance sur beaucoup de groupe de Death en matière de violence, de plus, c’était des potes à AUTOPSY ).
SADUS ne fait pas dans la dentelle en 88. Les 1ères écoutes ressemblent plus à une agression sonore tant le tabassage est intense et assez crade. L’oppression et la suffocation sont à leur paroxysme mais au fil du temps, la bête finit par se laisser apprivoiser, on retrouve ses repères et on apprécie cette violence et on y retourne tout comme le masochiste qui réclame ses coups de martinets quotidien.