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Chez Lords of Chaos, la chronique à réaliser ne vous tombe pas du ciel, aussi véloce et létale que l’éclair fendant la nuit. Elle ne vous est pas non plus imposée, un confortable catalogue nous étant proposé et permettant à chacun en fonction de ses appétences de choisir ce sur quoi il va plancher. Deux raisons principales ont donc orienté le choix débouchant sur cette chronique, raisons qui ne devront en aucun cas remettre en cause mon objectivité.
Tout d’abord, je dois préciser que je savoure depuis déjà quelques années le travail des suédois de Rocka Rollas, et qu’il est certain que l’annonce d’une nouvelle sortie avait largement excité ma curiosité (belle promo d’ailleurs sur les réseaux sociaux de leur label, Stormspell Records, qui accompagne comme il se doit – et c’est déjà notable ! -, le travail de celui qui est probablement son plus beau poulain, tant quantitativement que qualitativement).
Mes goûts particuliers mêlant l’attirance obsessionnelle des corps envers les armes blanches – rencontres le plus souvent fatales -, auraient ensuite irrésistiblement attiré mon œil vers la magnifique pochette signée Alan Lathwell et dévoilant, à la semblance d’un Frazetta au meilleur de sa forme, un sublime corps de femme nu offert en sacrifice aux lames d’un prêtre possédé.
Rocka Rollas, c’est du speed metal pur jus. Le groupe originaire de Gävle en est mine de rien à sa cinquième livraison depuis 2011 (4 albums et un EP !), faisant preuve d’une belle énergie et haussant à chaque fois le niveau de ses compositions. A ses débuts, le style vacillait entre heavy britannique (influence de Saxon, des premiers Judas Priest, ce qui ne surprendra ici personne au vu du nom du groupe) et metal teuton (Helloween, Blind Guardian), le timbre des deux premiers chanteurs, Josef et Joe Liszt (Shadowkiller, Ancient Empire), se prêtant d’ailleurs plus volontiers à l’exercice d’un heavy traditionnel, voire même parfois proche du thrash (Liszt fut aussi le performer de Hellhound).
Depuis The Road to Destruction (2014), le meneur du groupe, Cederick Forsberg (compositions, instruments de A à Z), a décidé de s’occuper aussi du chant, mettant à profit un timbre lorgnant vers celui de Kai Hansen voire, soyons fou, Michael Kiske. Et la musique proposée se ressent logiquement de ces influences, rappelant le meilleur des premiers albums d’Helloween, de Gamma Ray, mais aussi de Blind Guardian.
Dès le premier titre, on est pris dans l’élan d’une joyeuse cavalcade qui ne cessera qu’à la fin du huitième et dernier titre, l’entraînant Call of the Wild. Alors bien sûr, pour apprécier l’album, il vous faudra être fan de speed metal épique, et plus particulièrement de celui tel que le pratiquaient les aînés susnommés dans leurs tendres années. Vous adorerez ainsi le réjouissant The Punic Wars, ouvrant l’opus et fort d’un break oriental très bien mené ainsi que d’autres arrangements dotant le titre d’une richesse à l’entrain contagieux. Demigod vous ravira, propre selon moi à justifier l’achat de la galette à lui tout seul tant sa maîtrise bluffante et son refrain plus que fédérateur font de lui un véritable hit instantané. Vous noterez le petit côté Rhapsody de Lost in the Enchanted Forest (le titre à lui seul suffit à mettre sur la piste !), avec ses passages folks pouvant en faire une digne suite du Village of Dwarves des italiens, renforcés par la voix sublime de Sara Carlsson, véritable Galadriel de cette enchanteresse forêt. Le titre éponyme est également admirable, ramenant en fonction des passages au travail de Blind Guardian ou de Grave Digger. Et je ne saurais trop que vous conseiller de vous pencher sur la piste 6 avec le terrible Viking Lord, morceau furieux ramenant aux premiers hymnes guerriers d’Helloween.
Le travail réalisé par Cederik est tout simplement admirable, rendant simple d’écoute un album qui a pourtant demandé un sacré boulot du côté des arrangements. Tout est histoire ici d’équilibre savant entre la rythmique endiablée, les soli finement ciselés – même si classiques pour le genre -, les chœurs et les passages folks orientaux ou celtiques.
Ce type d’album, maîtrisant de bout en bout la technique des anciens alliée à une production moderne conférant du relief à l’ensemble, lève alors un débat double et somme toute classique. Le premier tient à l’utilité d’une sortie ressemblant trait pour trait à ce qui se faisait il y a 20 ans voire plus. Le second tient au fait qu’il est au contraire heureux de voir des groupes nouveaux retrouver la spontanéité qu’ont perdu les Blind Guardian et autres Helloween de la grande époque. Débats pour ma part stériles, d’une part car il est heureux de pouvoir justement écouter une musique nouvelle dans un style tel qu’il ne se pratique plus, et d’autre part car il est également bon de voir que des musiciens officiant depuis 30 ans ont su faire évoluer leur art afin de proposer quelque chose de différent. Il y a ainsi un pont entre les premières œuvres du Gardien Aveugle et la complexité de leurs deux derniers opus, et pour ma part j’aime autant les uns que les autres. Nul doute pour moi que si Rocka Rollas trouve son public et continue sur sa remarquable lancée, il nous produira dans 20 ans une oeuvre à tiroirs n’ayant comme ses aînés rien à voir avec ce Pagan Ritual qui se révèle par son aspect direct en même temps que subtil être un postulant sérieux au titre de sortie heavy speed de l’année, rien que ça.
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