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Note : 4,5/5
Depuis leur retour d’entre les morts, voilà maintenant 7 ans, PUTRID OFFAL a pris le temps de peaufiner son art chirurgical et de proposer une nouvelle géographie des contours de la brutalité. Avec ce second album, le groupe nordiste repousse encore la violence inhérente au Grind Death Gore.
En cohérence avec le graphisme choisi, tout commence par une dissection qui fait froid dans le dos par le réalisme du suintement des chairs, puis le marasme de décibels s’abat sur l’auditeur. Mieux vaut avoir l’oreille avertie car le carnage sonore ne laissera que quelques respirations très éparses, juste le temps d’une ambiance Death Metal plus old-school ici, ou encore, de ces arpèges claires (« Charnel House ») qui pourraient rappeler les contes d’horreur de son altesse Diamond et sur lesquels viennent se lamenter des vibratos de guitare. Au delà de cela, c’est l’avalanche, le raz-de-marée de blasts, de riffs et de vocaux raclés dans les entrailles du larynx, qui tapissent l’espace sonore. Laye Louhenapessy est un batteur monstrueux et tentaculaire, qui déroule ses membres avec beaucoup de vélocité.
Le furieux déferlement relatif au style offre cependant des moments de surprise, comme l’apparition de vocaux féminins (« Charnel House », le très court mais furieux « Glorify Me », « Viscera »), juste là, en soutien, fantomatiques. Je les aurais bien sentis plus en avant mais connaissant la démarche de production de Phil Reinhalter, je sais qu’il s’agit d’un choix de texture. L’intention me rappellerait presque, dans un tout autre style bien entendu et en son temps, les expérimentations géniales de CELTIC FROST.
Hélène Le Deist n’est pas la seule invitée puisque les illustres Stéphane Buriez (LOUDBLAST) et Arno Denhain Le Bourhis (BLACK BOMB A) feront également des apparitions. Une affaire de copains en somme!
J’évoquais la production, celle-ci sortie du WaveLight Studio (qui a déjà vu passer MERCYLESS, NOISE EMISSION CONTROL, DAY OF THE BEAST, etc.) va de pair avec la volonté musicale : puissante, dimensionnée alors même que les instruments prennent d’assaut tout le spectre sonore ! Le son de guitare est très organique et effroyablement jouissif. C’est dans ce type de moule qu’on fabrique les plus grosses machines de guerre !
La musique de PUTRID OFFAL est glaçante, mais au delà des apparences, on pourrait trouver dans cette fine orchestration de la brutalité, dans ce blizzard rythmique décadent, une certaine délicatesse, un raffinement. « J’ai été interrogé par un employé du recensement. J’ai dégusté son foie avec des fèves au beurre, et un excellent chianti. », ça vous parle?
Avec « Sicknesses Obsessions », le groupe propose une œuvre très cohérente, un gros morceau carné qui se déguste sur la durée. Les 17 titres, au format parfois très courts, se succèdent à la manière d’une pièce unique qu’on avale d’une traite et dont l’interruption de l’écoute porterait préjudice au développement de l’album.
Ajoutons à cela un très beau package, rempli jusqu’au col : beau digipack ou beau vinyle, gravures aux surcouches vernies. Les chanceux auront rapidement précommandé au label XENOKORP, l’édition limitée incluant un DVD retraçant diverses prestations sanglantes du groupe, dont celle au HellFest 2017, sous l’Altar.
« Sicknesses Obsessions » sera sans nul doute l’une des œuvres les plus brutales de l’année, l’une des plus marquantes également dans ce registre et, après ces derniers mois, on avait bien besoin d’une catharsis!
Page Facebook officielle PUTRID OFFAL : ici
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