[Chronique] NIGHT DEMON – Night Demon EP (expanded edition)

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
Les derniers articles par Herbert Al West - Réanimateur Recalé (tout voir)
Rating:

a1233787913_5Site Officiel

Facebook

Night Demon, voilà bien un groupe à chroniquer en cette veille d’Halloween 2016 ! Ce groupe californien est composé de trois sympathiques musiciens dotés de noms qui claquent : Dusty Squires (Drums), Jarvis Leatherby (Bass/Vocals), Armand John Anthony (Lead Guitar). Et si vous écoutez leur musique, vous allez très vite vous persuader que vous avez déniché un vieux truc plutôt bien produit sorti dans le début des années 80, côté grande époque de la NWOBHM ! Night Demon, c’est de la zique taillée dans une vieille veste à patchs (sans les clous des thrasheux !), du riff sentant bon la chaussette blanche planquée depuis trop longtemps dans une basket mal lacée, l’image obsédante d’une coupe de cheveux approximative et d’une frange trop voyante, un fromage de presque quarante ans de vieillissement qui ferait mourir de rire un fan de Rammstein ne jurant que par les biceps de Lindemann ! Et pourtant, Night Demon, c’est un jeunot du metal de seulement 5 ans d’âge !

Et le groupe avait fait bien plaisir aux fans de metal vintage avec la sortie en 2015 de Curse of the Damned, son premier long à la pochette ramenant à certains le souvenir du bourreau cher à Samson sur la pochette de Head on (en plus satanique !). Donc, déboule en ce début d’automne un EP à la pochette résolument underground, que l’on imagine sans peine en support cassette avec sa confrérie de goules sur un modeste fond en noir et blanc. Du nouveau ? Pas vraiment !

Car avant le long, il y eut la démo éponyme de 2012. C’est celle-ci qui ressort, forte du succès d’estime de Curse of the Damned, rallongée de titres bonus, en l’occurrence deux reprises et deux titres live. De quatre titres on passe ainsi à huit, sorte de face B de l’EP. On retrouve donc le groupe à ses débuts, avec des titres mettant en avant la basse et forts d’une voix vintage au timbre parfait pour le style. Et ce style au fait, c’est quoi ? De la NWOBHM donc, très inspiré par Riot, Angel WitchDiamond Head, et les vieux Maiden forcément. Il y a du bon, avec le fort classique (trop sans doute) titre éponyme, agréable mise en bouche brillant par la vivacité de sa guitare et la solidité de la basse, celle-ci se révélant le véritable point fort du groupe. Il y a aussi du moins bon, avec le soporifique The Chalice (celui que tient le squelette de la pochette), jouant le rôle du titre de fin de soirée interprété devant un public à moitié endormi (bière ou sommeil, allez savoir). Le refrain a été travaillé mais la rythmique peine à relever l’intérêt, même si la voix s’y révèle plus intéressante (et juste aussi) et si la guitare nous délivre un agréable bien que trop timide solo. Du coup, quand déboule Ancient Evil, on passe de la seconde à la cinquième sans caler et le réveil menace te faire tomber du siège. Normal, les Grands Anciens sont conviés et les ziquos ont retrouvé la patate. Dommage que The Ritual se révèle plus agaçant qu’intéressant, la faute à un refrain trop simpliste.

Rien de bien génial, c’est certain, mais il faut se souvenir que le groupe en était ici à ses premiers essais, et qu’il allait faire mieux, bien mieux avec son premier long.

Intéressons-nous plutôt aux reprises, puisqu’elles constituent la nouveauté pour ceux n’ayant jamais jeté une oreille sur la démo. Enfin, nouveauté, faut le dire vite : la reprise de Jaguar, Axe Crazy, faisait ainsi partie d’une compilation de divers groupes metal sortie chez Skoll Records en 2014. Avec ce titre, Jaguar se montrait en précurseur du thrash avec son riff bien speed et sa rythmique du diable, et, avec quelques ingrédients « maison », Night Demon parvient à en faire un titre plus sage, plus proche en tous cas des canons chers à la NWOBHM, grâce notamment à la voix de Jarvis et aux guitares maidenesques. Lightning to the Nations, la reprise de Diamond Head, se révèle quant à elle très fidèle au matériau d’origine (normal, les californiens vénèrent le groupe !), la voix grave de Jarvis apportant une petite touche de nouveauté à ce titre bien connu des fans de metal old-school.

Restent les deux titres live, Radar Love et Ritual. Passons sur le second titre, dont l’aspect brut de décoffrage dû à la prestation live n’apporte strictement aucun intérêt à une version studio déjà bien indigeste. A souligner tout de même la qualité de l’enregistrement, possédant le charme de ces vieilles mixtures captées sans fioriture, comme si on y était, avec un larsen ou deux et le public présent (en petit nombre) comme si on y était ! Cela est flagrant sur Radar Love, titre m’ayant tout de suite rappelé le Live at the Whiskey A-Gogo d’Alice Cooper (1969). Pour le son tout d’abord, avec cette qualité amatrice, brute et proche du public. Mais aussi pour un titre flirtant avec l’expérimental et le jazz, avec sa basse bondissante et le groove de la voix. Génial en même temps qu’éloigné de ce que proposa le groupe par la suite, et digne ne serait-ce que pour cela d’un notable intérêt.

Curieux objet regardant en arrière plutôt que droit devant, cet EP ce révèle plaisant à défaut d’être indispensable. Contenant son lot de surprises permettant de contenter le fan récent, il donne surtout envie de se précipiter sur le bien plus solide Curse of the Damned ! Bloody Hell !!!

Share This:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *