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Après un « Spectrum Of Death » dévastateur, MORBID SAINT revient en 1992 soit, 4 ans après son premier méfait. « Destruction System » est une démo sortie au format cassette mais en quantité ultra limité, de ce fait, une version originale est quasi introuvable pour ne pas dire totalement introuvable… Heureusement pour nous, Keltic Records l’a réédité en 2005 et on a eu droit à une autre réédition en 2015 avec une nouvelle pochette.
La première fois que j’ai pu jeter une oreille dessus, c’était grâce à un pote au lycée qui avait réussi à télécharger la version de 92. Je ne remercierai jamais assez l’homme qui, un jour, s’est dit : « Et si je me débrouillais pour copier ma cassette sur mon pc et si je mettais ça sur le net. »
Franchement, je l’écoute encore aujourd’hui et ayant pu écouter les versions rééditées et remasterisées, je peux vous garantir que ça n’a rien à voir.
Le son original dégage quelque chose qui s’est perdu lors du remastering et on se retrouve privé de ce qui fait l’âme de « Destruction System » : L’authenticité. MORBID SAINT, à la base, ça sent le souffre, le cadavre pas frais, la morgue dont on aurait laissé l’entretien de côté pendant un siècle, le vomi d’un lendemain de cuite que l’on aurait laissé pourrir. Du coup, avec un son plus « propre » on a juste l’impression d’entendre un truc avec une production qui à juste mal vieillit. Rien ne vaut le format d’origine, avec sa bande sonore qui parfois change complètement le son des guitares comme si on bidouillait l’ampli pendant l’enregistrement, les petits craquements qui laissent présager du matos pourri, le souffle en fond, le son qui parfois saute aussi… Cette démo c’est tout ça à la fois et c’est purement jouissif, un retour dans le temps ou il fallait s’accrocher à son slip lorsqu’on écoutait une démo d’un groupe extrême.
Côté musique, on ne change pas une équipe qui gagne. Des riffs rapides et sales, un chant atroce, des lignes de batterie qui semblent épileptiques, le tout dans une cacophonie tellement violente qu’il est de bon ton d’avoir un double vitrage à toute épreuve.
Si. Il y a quelque chose qui a changé. « Spectrum Of Death » donnait l’impression d’écouter du DARK ANGEL avec une voix de sorcière accro aux Gitanes maïs en période de règles abondantes(quel poète), « Destruction System » souffre d’un autre problème. Il est plus convenu. Bah ouais, maintenant MORBID SAINT lorgne plus sur SLAYER (très perceptible sur « Disciples Of Discipline », « Living Misery » et « Halls Of Terror »). En plus, les mecs se sont dit que ça serait une bonne idée de rajouter des chœurs sur certains passages (« Darkness Unseen », « Depths Of Sanity », « Sign Of The Times »). Heureusement, il y a toujours cet aspect démoniaque qui émane de certains morceaux. « Darkness Unseen » et son solo sorti des Enfers, « Destruction System » et son break saccadé qui donne envie de défoncer tout ce qui se trouve autour, « Disciples Of Discipline » avec son ambiance morbide, « Halls Of Terror » et sa rythmique infernale… Je pourrais vous en parler pendant des chapitres entiers mais je ne vais pas spoiler tout l’album.
L’autre changement qui, pour le coup, est une bonne idée, c’est les tempos plus lents. Si en termes de vitesse, MORBID SAINT peut se targuer d’avoir de l’endurance, lorsqu’il ralentit, il n’en demeure pas moins démoniaque et gagne encore plus en hostilité.
Mais tout ça n’aurait pas le même rendu sans les vocaux inhumains de Pat Lind qui n’ont jamais été aussi en phase avec la musique jouée derrière. Sa voix maléfique transporte chaque morceau aux portes de l’Enfer. Une interprétation parfaite qui fait passer beaucoup de chanteurs pour de simples petits hurleurs de pacotille. Tout simplement incroyable.
En clair, c’est une bonne tuerie. Crade et malsaine mais une tuerie quand même. Je recommande vraiment d’essayer de trouver une version craquée de 92 ou de 2005 (qui reste encore assez proche de celle d’origine même si elle a bénéficié de quelques retouches). La version de 2015 est sympa mais elle a perdu ce qui fait le charme de MORBID SAINT. En plus il y des trucs en plus, genre une intro plus qu’inutile, les titres ne sont pas dans le même ordre que la version d’origine, ce qui est très perturbant.
A toi, le lecteur fan de Thrash rance qui pue, « Destruction System » est pour toi !!
