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Voilà un moment que nous ne vous avions pas parlé de M&O, ce label français au rythme effréné, proposant une variété de groupes Metal, souvent également français, issus de l’underground, sans limite de style. Plusieurs albums ont coulé sous les ponts depuis. J’en ai pioché une poignée parmi les sorties qui ont jalonné l’année passée, histoire de feuilleter un peu le catalogue. Ceci n’est bien sûr qu’un amuse-bouche pour vous mettre en appétit. Bien d’autres disques sont disponibles sur le site du label et vous savez ce que vous avez à faire si vous voulez vous mettre à table ! Attention, l’appétit vient en lisant!!!
JANE DOE AND THE BLACK BOURGEOISES – « Pretty Terror » (date de sortie : 13.10.2017)
On va commencer en passant par le garage avec cet album qui nous replonge dans les origines du Rock/Punk vintage. Je me souviens que ce 3ème album des Belges est arrivé à point nommé au moment où j’avais envie d’un peu de simplicité. Avec ces dames, on pense forcément aux bandes de tigresses comme THE RUNAWAYS, HOLE, L7, The DONNAS. Il y a ce côté sauvage et dangereux, ce côté animal qui fait son effet. Les chansons vont droit au but, sur des formats très courts et ça fait du bien. « Pretty Terror » allie l’esprit garage avec une approche parfois plus moderne. Les ambiances sont huilées, quelques claviers viennent calmer le jeu à certains instants et donner un côté plus pop, plus posé et mélodique, ce qui diversifie le propos. Entre rythmes enjoués à la frappe bien dosée, groove rock’n’roll et soupçon d’irrévérence, on se retrouve quelque part entre la musique jamais trop propre sur elle des 70’s, 80’s et 90’s. Et même si ce disque rappelle à ma femme le générique des « Totally Spies », il donne envie de lâcher un gros glaviot et d’aller saigner sur sa Gibson (enfin, manière de parler…).
RASPY JUNKER – « World Of Violence » (date de sortie: 27.10.2017)
RASPY JUNKER fait de son Metal alternatif une recette assez moderne. C’est une bonne pêche qui nous cueille d’entrée de jeu et l’on aura parfois tendance à penser au METALLICA de la période « Load/Reload », notamment de par ces intonations vocales à la Hetfield. Entre des ambiances rampantes à certains moments, un grain Rock’n’Roll à d’autres, des arpèges clairs (jusqu’à la ballade très 80/90’s pour craquer le cœur des lapinous), ou encore des rythmiques de plomb sous de typiques « fight, fight, fight » et même de drôles de surprises comme ce break reggae sur « Motorheart Rising », pas d’ennui au programme ! Le son est limpide, les titres, construits dans des formats directs, délivrent de belles mélodies servies par une voix sachant mesurer l’agressivité, et les soli décomplexés du guitariste qui sait s’exprimer sans surenchère. RASPY JUNKER n’innove pas forcément mais a de la gueule. Voilà une musique bien faite qui apporte une touche de fraicheur… dans un monde de violence.
Y. BLUES – « Belong To The Barrel » (date de sortie : 24.11.2017)
Voilà bien un groupe singulier. Sorte de metal acoustique, ce trio développe un concept très sympa et solide : une plongée directe dans le blues des origines, la folk américaine sur un calque metal. Ceci donne un album avec une véritable démarche. Picking, bottle neck, caisse de résonnance en bois, voix très éraillée brûlée au whisky, sur jeu de batterie très metal, avouez que Y. BLUES donne dans l’atypie. Et le groupe ne s’arrête pas là, puisqu’il s’entoure de nombreux invités : un growl par-ci, une intervention féminine et de l’harmonica pour un rendu très MORIARTY par-là, la présence du fameux Bjorn Bern, ou encore Fetus d’ULTRA VOMIT permettent de varier le propos, bien que ce dernier nous gratifie d’une tirade dont la bouffonnerie dessert à mon sens l’effort… le bémol du disque. « Belong To The Barrel » est un album au groove addictif et à la personnalité forte que vous feriez bien d’aller découvrir. Apparemment, les mecs auraient vendu leur âme au diable sur un croisement de routes en plein Mississippi… s’il-vous-plait, faîtes qu’ils n’aient pas fait ça pour rien !
FUNERAL PARADE – « FP » (date de sortie : 26.01.2018)
De prime abord, il y a là une association qui ne peut que me laisser rêveur : du burlesque et du macabre pour une musique tout azimut. Seulement voilà, depuis bon nombre d’années, on use et on abuse d’univers tels que celui du grand Tim Burton d’antan à trop fort escient pour que tout puisse se transformer en or. Il y a bien une expression théâtrale dans la musique de ce groupe qui a une manière pourtant originale de développer ses idées, un peu à la manière d’un PARIS COMBO version Rock. Cependant, l’enrobage s’apparente à une variété française malheureusement vite désagréable. Le chant de Lenny, tout de Molière vêtu, lasse assez vite et l’instrumentation sonne un peu trop synthétique. Il y a une personnalité indéniable et de la diversité dans la musique, des rythmes discos, enjoués, des chœurs sympas, des arrangements réfléchis mais il y manque un sérieux côté abrasif et je lui préfère des exécutions comme ce que proposaient DUCKBILL CRISIS ou THE DRESDEN DOLLS. Attention, ce n’est ici encore qu’un premier album, faisons confiance au groupe pour sortir de sa chrysalide!
THE WITCH – « Lost At Sea » (Date de sortie : 26.01.2018)
Hop ! Un groupe de mon coin ! Après avoir testé sa recette sur 2 EPs, THE WITCH envoie un premier album qui vaut sacrément le détour. Difficile de définir cette musique constituée d’un melting pot de Metal extrême technique, véloce, laissant la part belle aux guitares alambiquées. Le spectre s’étend d’un sludge progressif à la MASTODON au Death, de riffs 70’s au Black’n’roll. Il y a là une fraîcheur toute violente. Les guitares courent sur l’ensemble des chansons et proposent des soli Thrash old-school mais rappellent également des explorations Metalcore. Les tessitures vocales, caverneuses, font un peu de place en fin de disque à des vocaux clairs permettant, à nouveau, d’élargir la palette musicale du groupe. Les arrangements sont fouillés et dans le respect du groove des morceaux. Le seul frein que je relève à l’écoute de « Lost At The Sea » est cette impression que le groupe veut trop en faire, remplir ses titres à ras bord mais c’est un bien léger mal car il n’en reste pas moins un album explosif et fort recommandable.
SILENCE OF THE ABYSS –EP éponyme (Date de sortie : 09.03.2018)
SILENCE OF THE ABYSS vient de Corse et propose, avec ce premier essai, un EP augmenté en 7 actes (4 morceaux et 3 interludes) narrant les tumultes de l’homme face à notre belle nature. Musicalement, nous sommes dans un Death/Doom graisseux de très bonne facture mais la force du groupe viendra essentiellement des voix. En effet, alors que nous sommes dans le champ du Metal extrême, aucun growl à l’horizon ! Et c’est parfait ainsi ! De nos jours, difficile pour moi de trouver une quelconque originalité vocale dans le Death ! Ici, nous avons droit à une voix claire écorchée et rugueuse soutenue par les chœurs très complémentaires, inattendus et parfois au bord du déchirement, de la batteuse. En dessous, les fondations sont faites de riffs plombés, souterrains, et de noirs blasts que les interludes viennent aérer par les arpèges feutrés – et participant à une certaine ambiance mystique et tribale – d’une guitare acoustique. Voici une autre belle découverte. Le trio peut se targuer d’avoir sorti un disque de démarrage déjà fort abouti !
EREVAN – « A Way From Lie To Truth » (Date de sortie : 30.03.2018)
J’étais déjà familier du style d’EREVAN, ayant eu l’occasion de chroniquer leur première production (chronique ici-même). Deux ans après, le groupe revient avec un album plus abouti et une tripotée d’invités (tels que Ricky Marx, ex-PRETTY MAIDS, des membres d’OCTANE, de Gilles Servat ou de Christophe Marquilly). Après une entrée lumineuse sur une guitare positive faisant forte impression, les morceaux continuent de construire le visage du groupe alternant entre Metal mélodique moderne avec grosses rythmiques sales et tendances progressives aérées. La voix de David a pris un peu plus de corps mais reste encore perfectible, les abords Grunge/Rock lui collent ainsi mieux à la peau que lorsque les riffs se durcissent. Côté musique, on sent le plaisir de jouer, d’expérimenter, notamment à la guitare. Je m’interroge cependant sur le choix de ce martelage industriel venant complètement dénaturer la rythmique de « The Inevitable Crash ». Plusieurs interludes viennent ponctuer les 15 titres qui peuvent, sur le papier, faire paraître cet album long. Il n’en est pourtant rien. EREVAN a des idées plaisantes et met réellement du coeur à l’ouvrage, rien que pour cela, il mérite votre attention.
DARK INSIDES – Netherworld (Date de sortie : 20.03.2018)
Un autre album, un autre groupe à l’esprit aventurier. Ici c’est du côté d’un Heavy hybride lorgnant vers le Thrash, et même la Fusion, qu’il faut attendre DARK INSIDES. Du premier titre me rappelant les morceaux les plus alternatifs d’ANTHRAX, en passant par du Heavy Power racé à la POWERGOD (notamment grâce à l’intervention de Jo Amore, ex-NIGHTMARE, NOW OR NEVER) et des moments tout doux, l’écoute évolue de surprise en surprise, de directions à leur sens inverse. La reprise du « Space Oddity » de David Bowie (renommée ici « Dark Space ») en fait une étonnante illustration. Il y a un côté progressif aussi dans l’alternance entre ambiances posées et agressives. Parfois, le chant, très versatile, expressif, tantôt aigu, tantôt rugueux, me rappelle quelques intonations d’Anthony Kiedis (RED HOT CHILI PEPPERS), ce qui colle assez bien aux quelques apparitions Funk. Derrière, l’instrumentation est très relevée, très propre aussi, avec un beau niveau technique et beaucoup d’idées, notamment dans l’expression des guitares. « Netherland » est un album surprenant, très riche en contenu, que je ressortirai avec plaisir.
LECKS INC. – E.G.O. (Date de sortie : 06.06.2018)
Voilà un groupe qui n’a pas froid aux yeux et qui a su rassembler tout ce que le monde connait de bon goût pour en faire un visuel ! LECKS INC., dans les circuits depuis maintenant 10 ans, sort ici son 3ème disque en enfonçant le clou d’un Metal Indus bruitiste, guerrier, brutal, parfois dissonant, et malsain. C’est du moins ce que l’on se dit à l’écoute des premiers titres car, en poussant un peu plus loin, on trouve bien des espaces pour laisser respirer une grande musicalité derrière l’amas de lave noire et les hurlements de Lecks : guitare virtuose, instrumentation orientalisante, apparition de piano, voix claire épique aux variations mélancoliques, structure progressive de certains titres, interventions féminines, et ce soli planant empreint de feeling et de technique de Stephan Forté (ADAGIO) sur « Dance With Death », etc. En 8 morceaux, allant d’une seconde à plus de 10 minutes, LECKS INC. a su développer un album très mature et accrocheur, un album à écouter en famille… mais en cachant la jaquette à ses enfants !
DOGFRIES – Globular Cluster (Date de sortie : 19.10.2018)
Petit EP 3 titres pour terminer cette rétrospective. Juste ce qu’il faut pour se faire une idée de ce que le groupe appelle lui-même du Nü Progressive Rock Instrumental ! Sacré programme ! On est cueilli d’emblée par un Rock ambiant, aérien, désertique et, comme le style auto-proclamé l’indique… instrumental ! Il y a ce petit côté dépouillé qu’a pu donner Neil Young à la BO de « Dead Man ». La guitare nous prend la main pour un voyage atmosphérique. Le programme se muscle ensuite car DOGFRIES, c’est aussi de gros riffs à forte tendance Stoner/Doom, d’étranges expérimentations de sons et d’effets. Les rythmiques plombées tournent, laissant le loisir de déployer de longs soli. Et au final, je trouve ça assez proche du psychédélique MARS RED SKY, les belles voix en moins. DOGFRIES tient un concept pas inintéressant mais qui requiert une disposition particulière d’écoute. Sur 3 titres, pourquoi pas, mais je suis curieux de voir comment la sauce peut prendre sur la durée d’un album… à suivre donc !
Ne vous avais-je pas dit: »M&O, sans limite de style »? On ne pourra en tout cas pas dire que le genre soutenu par le label manque d’inspiration! Et encore, ce n’est qu’un échantillon… Je vous laisse ici. Maintenant, à vous de poursuivre le chemin : Site M&O… n’oubliez pas votre carte bleue!