[Chronique] HOUSE OF LORDS – Saint of The Lost Souls

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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House of Lords Pour les Nuls, 12ème édition !

Depuis leur retour sur le devant de la scène en ce début de nouveau millénaire, et après tout de même dix ans d’absence, on peut dire que les cadors américains du hard-rock / AOR n’ont pas chômé, enchaînant parfois les sorties à un rythme infernal (3 albums entre 2007 et 2009, 2 autres entre 2014 et 2015, avec les excellentissimes Precious Metal et Indestructible !).

House of Lords, c’est tout d’abord une valeur sûre du rock glam, orienté FM, depuis déjà 1987, enfanté sous l’impulsion du claviériste Gregg Giuffria. C’est aussi un nom labellisé par Gene Simmons, tout comme l’est également le célèbre jeu Monopoly (ouais, le bassiste du Baiser est un sacré homme d’affaires ! Non content d’avoir une langue démesurée, il a aussi le nez creux !), marqué par l’arrivée, lors de l’entrée dans l’impitoyable écurie Simmons (genre « je vous prends sous mon aile, mais vous virez la voix actuelle »), d’un nouveau chanteur, l’excellent James Christian. Dès leurs débuts en tant que nouvelle entité (ouais, en fait, avant, y’avait Giuffria, le groupe, avec déjà deux efforts sous le bras), l’album éponyme (1988) et Sahara (1990) s’imposent comme des modèles du genre, pouvant aisément rivaliser avec les Whitesnake et Great White de l’époque, avec ce savoureux mélange de titres tantôt orientés claviers – et donc calibrés pour les bandes FM – tantôt branchés guitares – et séduisant pour le coup les chevelus aimant les choses plus corsées (Sahara se montre à ce niveau plus agressif que son prédécesseur). House of Lords, c’est aussi un nombre incalculable d’invités de prestige, de noms qui arrivent et s’en vont presque aussitôt (Doug Aldritch, Chris Impelliteri, Chuck Wright,… sans oublier Greg Giuffria, dont j’ai cessé de comptabiliser les allers et retours…). Dans ce bordel sans nom mêlant une sacrée qualité d’écriture avec une recherche marketing de haute volée, le groupe eut l’intelligence de se mettre en retrait lorsque la vague puissante et éphémère du grunge balaya tout sur son passage dans les années 90’s.

Mettant prudemment le nez dehors lorsque le tsunami fut passé, constatant que nombre de ses confrères avaient disparu corps et biens (chacun d’entre nous regrette amèrement « son » groupe défunt n’ayant pas survécu à cette funeste période, snif !), la bande à James Christian (Giuffria ne restera pas longtemps, on peut donc considérer le chanteur comme le nouveau leader) revient aux affaires en 2001 (The Lost Tapes) et trouve son véritable équilibre avec l’arrivée en 2005 d’un petit génie de la six cordes, Jimi Bell, qui deviendra vite le joker du groupe, relevant le niveau des sorties d’album en album en plaquant des soli d’une fluidité exemplaire et privilégiant le côté rock avec la mise en avant de son instrument, les claviers servant à aérer les compos tout en joutant fort habilement avec le petit prodige comme d’autres le font avec une seconde guitare. Les albums cités plus hauts et derniers en date, Precious Metal et Indestructible, sont d’incontestables réussites ramenant le groupe sur le devant de la scène, celle du moins des amateurs de hard-rock classieux, les goûts du grand public ayant plus que changé en 20 ans (on ne verra plus je pense un titre comme I Wanna Be Loved (1988) se classer comme single tout en haut des charts !).

Arrive donc Saint of the Lost Souls, cuvée 2017 des californiens, toujours chez Frontiers Records, leur nouveau label depuis le retour aux affaires de 2001. Logique tant l’amour du label italien pour le rock mélodique est fort et son pouvoir d’attraction des grands noms du genre incontestable (Glen Hugues, Joe Lynn Turner, Jean Beauvoir, Asia, Jeff Scott Soto, Pretty Maids, Journey, Royal Hunt, Whitesnake, Surv… euh… j’arrête ? ok, ok, ok !).

Et ça commence très fort avec un premier titre, Harlequin, sur lequel sévit aux claviers non pas James Christian comme ce sera le cas sur les autres titres, mais Michele Luppi himself, actuel claviériste de Whitesnake (mais aussi Vision Divine et Secret Sphere pour ceux qui préfèrent les références plus modernes). Il est plutôt facile le gars, et emballe l’auditeur avec aisance, pianotant sur les touches comme d’autres enfilent des perles, tissant des atmosphères mystérieuses propres à capter l’attention. C’est marrant d’ailleurs de voir combien les groupes d’AOR sont attirés par le pouvoir du masque d’Harlequin, je pense ici à l’excellent Harlequins of Light d’Arc Angel (chez Frontiers, tiens donc…)… La voix du leader a pris de la bouteille, et a plutôt bien vieilli, vibrant d’un timbre éraillé délicieusement langoureux rappelant la voix de Ronnie Atkins, vocaliste de Pretty Maids. Refrain impeccable, soli de folie, y’a rien à dire, si ce n’est que ça commence très fort, et que le groupe confirme sa forme épatante. Et ce n’est pas Oceans Divide, le titre suivant, qui va refroidir le plat qui nous est servi. La voix de James Christian fait encore ici des miracles, délivrant une prestation éblouissante, surtout hors du refrain, pour une fois moins réussi que le reste des parties vocales. Elle monte, elle descend cette voix, abrasive par moments, séduisante à chaque instant, mettant en valeur rythmique et mélodie comme seul un vieux briscard sait le faire. On va continuer un instant le track by track, juste le temps de souligner le petit repos qu’est Hit the Wall, titre sans prétention mais fort agréable à écouter rappelant les vieux Def Leppard, période Pyromania et Hysteria, morceau sur lequel James se la joue Joe Elliott tandis que Jimi Bell caresse sa six cordes à lui tirer des notes à faire pleurer dans les chaumières. Puis déboule le titre éponyme, rythme plus tendu, voix au bord de la rupture mais toujours juste, et encore une fois en milieu de morceau ce solo de folie – probablement le meilleur de l’album -, propre à caler l’appétit des plus gourmands.

Et puis patatras, arrive la ballade qu’il ne fallait pas sortir, celle qui casse tout tant elle est ratée de partout, j’ai nommé The Sun Will Never Set Again (rien que le titre…). Chœurs risibles, mélodie tout juste bonne à servir de berceuse pour les marmots (remarque, ça peut toujours servir), ne serait un léger passage mélancolique pouvant inquiéter les plus petiots, c’est mièvre à souhait et totalement indigne d’un groupe de cette trempe. Jetez vous plutôt sur le titre Hurt d’Eclipse (du dernier album, Monumentum), exercice réussi de ballade alliant force et mélodie, le genre de truc qui te fait serrer les poings très fort « car la vie est rude mais que tu te sens assez fort pour y survivre et qu’avec une nana canon pour t’admirer en pleurant c’est trop top ».

Et après, ben ça file en cacahuètes, comme si la chose immonde avait contaminé le reste de l’album. Oh, rien de honteux, et on se prend même à fredonner sans pouvoir s’arrêter sur le bluesy Concussion, ou à taper gentiment du pied sur Art of Letting Go. Le truc, c’est que l’accent de House of Lords est devenu plus AOR que hard-rock, les claviers se montrant plus entreprenants que la guitare. On écoute, on réécoute même, pour être sûr, et aussi parce que c’est quand même bon, hein, et c’est vrai que même sur les quatre premiers titres, pourtant très réussis, on remarque une relative absence de la guitare, n’apparaissant finalement que pour signer de brillants soli, laissant la place libre à la basse, du coup très audible, et aux claviers aériens, beaux mais brisant l’aspect rock. Heureusement, on termine avec The Other Option, titre opportuniste annonçant à coups de riffs et de soli un retour dans la branche rock de la bande à Christian.

Saint of the Lost Souls est loin d’être l’album raté que certains ont déjà dénoncé, il n’est pas non plus un album de vendu, le genre AOR ne séduisant guère plus de nos jours que celui du hard-rock à l’ancienne ; il représente juste à mes yeux une petite récréation après les deux derniers joyaux servis par les californiens, un changement de direction leur permettant de souffler et d’offrir autre chose de plus léger, au parfum non négligeable même si pour moi nettement moins intéressant, hormis trois des quatre premiers titres de l’album, carrément jouissifs et dignes d’être mis en avant sur les prochains concerts du groupe. Respirez deux ou trois ans les gars, et revenez nous avec un truc à faire rougir Eclipse, qui pour le coup vous à dépassé de la tête et des épaules avec leur monumental Monumentum.

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