[Chronique] GRAVE DIGGER – Return Of The Reaper / UNISONIC – Light Of Dawn. Éternelle rengaine ou vent de fraîcheur sur l’ancienne Allemagne ?

Bernard-Henri Leviathan
Rating:

cover unisonic

Notes : 7,5 – 8,5

Moyenne de l’équipe d’Allemagne : 8/10 Wouhou!

 

La brise a soufflé, cet été, sur l’Allemagne, bastion ancestral qui fut également terre d’accueil à une époque où le Heavy Metal cherchait une nouvelle identité. Une jeunesse en pleine puberté s’apprêtait à lâcher son hyperactivité sous des noms devenus, au fil du temps, illustres et référents : ACCEPT, RUNNING WILD, HELLOWEEN, BLIND GUARDIAN, RAGE, et une bonne autre tripotée, mais également GRAVE DIGGER, puisqu’il s’agit en partie de lui aujourd’hui.  
Depuis les années 80, décennie de naissance, le Heavy Speed de ces groupes a explosé, a connu le revers des modes, s’est endormi, a mué, s’est réveillé pas toujours de bonne humeur mais bien vivant. Certains musiciens sont restés plus ou moins soudés, d’autres sont revenus sous d’autres formes, ont tenté des associations. Cet été, la brise a soufflé sur l’ancien continent et, de l’ Allemagne, elle a déposé sur le pas de ma porte deux exemples évocateurs dont la mise en perspective est intéressante.  

coverD’un côté, nous avons le superbe visuel lugubre et d’époque de « Return Of The Reaper ». Rien que le nom, faisant directement écho au « The Reaper » de 1993, nous laisse déjà penser que GRAVE DIGGER revient à ses fondamentaux…. Seulement, hormis les belles histoires (et les quelques apports sonores allant avec) évoquées dans les albums conceptuels précédents, il ne faut pas se leurrer, GRAVE DIGGER a toujours fait du GRAVE DIGGER et quand GRAVE DIGGER revient à ses fondamentaux, il fait du GRAVE DIGGER! Pour mettre un peu de nuance, disons quand même qu’ici, le groupe le fait peut-être de manière encore plus brute, directe et très compacte, avec un son et une démarche renvoyant irrémédiablement à « The Grave Digger » (parce qu’ils font aussi des albums avec leur nom) sorti en 2001.  

Douze titres donc dans lesquels il sera essentiellement question de Heavy vitaminé, de speederies rauques voire thrashy, de refrains typiquement allemands et parfois kitsch (AVANTASIA n’a rien inventé), de chœurs masculins épiques, et de ce merveilleux organe rocailleux que possède Chris Boltendahl qui a fait la marque de fabrique du groupe et qui continue à être l’essentielle carte de visite pour entrer dans les foyers… le mien en tout cas.  

GRAVE DIGGER aime toujours à faire planer la mort au dessus de ses productions. Cette fois-ci, elle prend l’apparence, en ouverture de l’œuvre, de la « Marche Funèbre » de Chopin dans une variation plus plombante que la partition d’origine. Un autre invité de marque s’est glissé entre les lignes. Entre le riff introductif de « War God » et celui de « Tattoed Rider », il y aurait peut-être bien un peu du « Painkiller » et du « Trubo Lover » de JUDAS PRIEST. Un clin d’œil bien appuyé dira-t-on !  

GRAVE DIGGER sait se faire obscur à l’image du rampant mid-tempo « Season Of The Witch », titre notamment magnifié par un chœur interlude quasi a capella. Et si « Satan’s Host » prend des airs plus « MOTÖRHEAD » de par son côté Punk et sa basse saturée, Si « Death Smiles At All Of Us » apporte un aspect plus baroque par l’utilisation d’un clavecin, Si « Nothing To Believe » clôt l’album sur un lent et mélancolique piano où Chris prend de faux airs de crooner, si le tout est très agréable, le maître mot de ce « Return Of The Reaper » sera: typique.

unisonicDe l’autre côté, on a un tout aussi superbe visuel mais plus luminescent, presque monarchique et irrémédiablement tourné vers l’avenir. Parce qu’un jour, on voyagera tous en montgolfière avec des rayons lasers, piouuuu piouuuu, tiens crevard, prends ça dans ta… pardon ! 

UNISONIC (on arrivera bientôt à ne plus le présenter mais je sens qu’il y a tout de même un petit retardataire là-bas, dans le fond) est un jeune groupe composé de musiciens moins jeunes ayant fortement contribué à l’explosion de l’école allemande ! OK, j’avoue, je triche un peu, à part Michael Kiske et Kai Hansen, les autres membres ne sont pas spécialement allemands mais presque quand même. Et puis si GAMMA RAY et HELLOWEEN sont toujours en bonne activité, la réunion des deux gaillards ci-dessus, sous la coupelle de Denis Ward, a fait rêver la jeunesse devenue presque vieille et la vieillesse devenue presque jeune. Après un premier album, qui ne répondait pas forcément aux éternelles attentes des fans d’HELLOWEEN (infatigables insatisfaits ceux-là) mais qui sentait bien bon le jasmin, et 2 EPs à la logique essentiellement marketing (Il faut bien rentabiliser. Deux chroniqueurs pour un EP, ça coûte cher : Chronique EP)
, « Light Of Dawn » arrive pour confirmer un certain nombre de choses.  
Si on ne coupe plus, dans ce style, à l’évidente intro symphonique, l’intérêt de celle-ci est essentiellement d’accueillir Günter Werno en guest (VANDEN PLAS entre autres) et d’approcher un caractère spatial proche de l’esprit d’AYREON. Après cela, on se laisse guider au fil des titres par leur contenu varié et ce sens inné et imparable de la mélodie. UNISONIC affirme le potentiel déjà bien remarqué sur l’album éponyme en renforçant le côté Heavy teuton (« Your Time Has Come », « Exceptional », « Find Shelter », par exemple). Plus sombre, « Throne Of The Dawn » propose même une légère mais surprenante touche… MEGADETH , notamment par le jeu des soli. A côté de cela, la grande qualité des musiciens n’a pas changé et la voix de Michael Kiske, intouchable et plus vibrante que jamais, ne présente toujours aucune faiblesse (quel timbre sur « Night Of The Long Knives », titre qui lorgnera ensuite du côté de QUEENSRYCHE en empruntant quelques phrasés au « Wasted Years » d’IRON MAIDEN). Le titre « For The Kingdom », déjà entendu sur l’EP précédent, me fait toujours penser au « Is There Anybody There » de SCORPIONS en plus speed. Et quand il y a Kiske dans le coin, il y a toujours un petit côté plus FM, Rock (« Not Gonna Take Anymore »), voire franchement mollasson (« Blood » et « You and I ») et, là, c’est bien le petit bémol que j’apporterai à ce petit bijou actuel. Trop de sirop, à l’estomac donne bobo ! Toujours, toujours, toujours… Même si rien ne paraît totalement nouveau, Michael Kiske ayant chanté tout l’été, on ne se trouva pas fort dépourvus quand la bise fut venue car, en un mot, ce « Light Of Dawn » restera très frais.  
GRAVE DIGGER et UNISONIC. L’un, rythmique, sombre, à l’agressivité sans détour, représente la stabilité. L’autre, ultra-mélodique, aérien, varié, joue sur la corde (vocale?) sensible. Alors ? Éternelle rengaine ou vent de fraîcheur ? Un peu l’un, un peu l’autre mais, au final, on s’en tape parce que le plus important est que le vent continue de souffler, de nous envoyer des bourrasques, des tempêtes, des orages parce qu’il n’y a que ce langage que nous comprenions. En tout cas, cet été, du côté de l’Allemagne, les vétérans étaient bien vivants et moi avec.

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1 commentaire sur “[Chronique] GRAVE DIGGER – Return Of The Reaper / UNISONIC – Light Of Dawn. Éternelle rengaine ou vent de fraîcheur sur l’ancienne Allemagne ?”

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