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La France regorge de groupes jusque dans ses recoins les plus verts. Aussi, de mes terres natales du grand Nord, je n’avais pas encore eu vent de GOLHEM jusqu’à ce que son manager de l’époque m’en propose les disques à la chronique. Ceci me permettant d’ailleurs de me remettre à cet exercice un peu délaissé, il faut le dire, ces derniers temps !
GOLHEM, c’est un combo façonné dans la roche des plateaux du Pays Charolais il y a environ 7 ans maintenant. Avec un EP et un album à son actif, il était temps pour moi de plonger dans leur travail pour vous le présenter et, j’espère, vous donner envie de creuser un peu l’affaire!
Chapitre I : « Le Juge », un EP pour le démarrage !
Assez rapidement GOLHEM se lance dans l’édition de son premier effort puisque cet EP parait en 2012, une année donc après la naissance du groupe.
6 titres, 26 minutes, c’est souvent le bon format pour se présenter au monde, pour se frotter à l’oreille de l’autre et réajuster son chemin au besoin.
Dès ce premier disque, Aline, Bertrand, Daniel, Jean No, Pascal affirment leur style : un heavy/rock traditionnel très axé sur les mélodies et mené par un chant féminin exclusivement en français. La tessiture derrière le micro manque parfois d’un peu de pêche mais participe au moins à l’idée de ne pas piétiner une fois de plus sur le terrain lyrique, comme trop souvent dans les groupes actuels de Metal.
En une poignée de chansons, le groupe voyage entre diverses atmosphères : du titre éponyme débutant par une mélodie folk, ayant certes un peu de mal à démarrer mais installant peu à peu ses marques, au tempo plus relevé et presque punk de « Amstramgram » avec son refrain tiré de la chansonnette du même nom, du Heavy façon 80’s avec twin guitars (« Ca »), au Hard Rock groovy (« Et Si »), d’un « Corps à Corps » plus alternatif dont un je-ne-sais-quoi me rappelle PEARL JAM ou ALICE IN CHAINS, à cette ode plus Pop, plus posée, terminant l’EP dans une tonalité plus positive, celtique, dont la progression d’accords fait penser à celles employées par l’illustre IRON MAIDEN (« Un Monde Meilleur »), voilà de quoi bien remplir un disque en laissant l’impression d’avoir une équipe ouverte à différents champs musicaux.
De manière générale, « Le Juge » dispose d’une mise en son caractéristique d’une première production mais pas mal, avec un bon équilibre de l’instrumentation. Un premier EP à l’écoute agréable, qui laisse présager de très bonnes idées à venir, la maturité faisant.
Chapitre II : « Âme Universelle », l’album qui ancre le groupe !
5 ans après « Le Juge » (c’est ce qu’on peut appeler la maturité faisant…) et avec un léger changement de line-up, GOLHEM revient avec « Âme Universelle », un album longue durée qui reprendra le principe de diversité du premier disque mais en approfondissant les idées. Là où l’EP explorait davantage un côté old-school, l’album s’ouvre à des horizons plus fouillés, aux frontières des genres.
D’emblée, on sent que le traitement du son est un peu au dessus du précédent disque, plus axé sur la lourdeur des guitares, même si la balance des instruments me semble plus pertinente sur l’EP. Il y a ici une volonté de muscler les choses mais le rendu est moins filtré. Les guitares sont un peu trop équalisées dans les graves et la voix un peu plus sous-mixée. Mais s’il manque toujours un peu de relief, de rugosité, cela reste tout à fait correct. De toute façon, le plus important est l’interprétation, et sur ce point GOLHEM a bien des choses à dire!
En 5 ans, le groupe a évolué, Aline, plus à l’aise, sait être rock tout en sachant appuyer sur davantage d’agressivité. Il y a toujours un côté un peu surprenant dans cette voix, qui concoure également à la personnalité du groupe. Un travail plus approfondi sur le soutien vocal des chœurs a également été réalisé. Côté instrumentation, les musiciens sont capables de manipuler les rythmes et construire des ambiances autour de passages de guitare en toute finesse. Je pointe également le jeu de Laurent, nouveau compère derrière les fûts, dont la frappe et simple mais tactiquement posée.
« Âme Universelle » se veut plus sombre et moderne que son petit frère et, ce, dès la lugubre et futuriste introduction de « Golhem », premier titre des 10 qui se succèderont. L’éponyme « Âme Universelle » poursuit sur cette tendance où la démarche du chant aéré sur un riffing en palm mute et les arrangements de clavecin rappelleraient presque KING DIAMOND ou DEMONS & WIZARDS. Ici, les chœurs se font plus thrashy avec une accroche directe.
L’approche moderne se retrouve notamment sur « Méditez Dynamique », morceau résolument électro, martelé d’un rythme martial, ou encore sur « Blue Man » qui, bien qu’empruntant un rythme plus Disco, exploite les consonances plus incisives de la tessiture d’Aline. Bien sûr, on reste avant tout sur un Hard’n’Heavy mélodique : « Silence On Tue » débute même à la manière de « Wasted Years » de vous-savez-qui, le classique « Crazy Duc » dispose de chœurs guerriers et « Coast To Coast » (non pas celui de SCORPIONS, bien qu’on y trouve une volonté de s’ouvrir à la langue des grands stades !) balance même un speed mélodique et épique qui rivaliserait avec celui de nos ELVENSTORM. On retrouve la présence de claviers tout au long du disque avec ce qu’il faut pour appuyer les ambiances. « Deux étrangers » arpente des sentiers Hard Rock, aux mélodies entraînantes et fraiches.
Le groupe sait aussi endosser une panoplie plus Pop/Rock sur « Comment », recette un brin moins accrocheuse mais ayant le mérite – avec quelques ambiances malsaines servies par la guitare – de diversifier le propos.
Enfin « Golhem’s trip », heureux instrumental au nom plus qu’évocateur, permettra un dernier voyage avant la conclusion de ce chapitre. Arpèges clairs et contrepoint de basse, clavier sifflotant et guitares rampantes, l’entrée en matière rappelle le GENESIS de « Foxtrot » en version Metal. Le sens de l’harmonie bat son plein avec divers chorus et soli jusqu’au paroxysme en habit de Polka où l’on imagine très bien ce clavier, certes un peu kitsch mais assumé, transformer les concerts du groupe en véritable orgie !
Découvrir ces 2 disques en simultanée permet de rendre compte d’une belle évolution de ce groupe qui a su se construire un style, chose peu aisée de nos jours. On y trouve ainsi des idées libres, sans carcan, entre Rock et Metal, et toujours au service de la mélodie. Une musique très accessible et qui peut se porter auprès d’un large public.
Dans l’ordre des évolutions possibles, il est un point qui, certes ne dérangera pas tout le monde mais reste d’une certaine importance pour l’élévation du groupe : le visuel ! Si GOLHEM a trouvé son créneau musical, ses pochettes souffrant de textures synthétiques des début des logiciels graphiques pourraient être un frein malencontreux pour certain.es !
Au-delà de cela, nous souhaitons à GOLHEM de pouvoir faire vivre ce dernier album à la hauteur de ce qu’il mérite avant de nous revenir rapidement avec un nouveau disque ! Et s’il prend encore davantage d’assurance, peut-être se montrera-t-il aussi incontrôlable que le mythe d’argile qu’il représente ?