[Chronique from the past] MARS RED SKY – Stranded In Arcadia/MATGAZ – T’arrives Ou Tu Repars?

Bernard-Henri Leviathan

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Note : 9/10

 

(Première publication ancien site : août 2014)

Il n’y a encore que quelques semaines, alors que le soleil estival me permettait de prendre l’agréable repos de saison, je découvrais – casque vissé sur les oreilles et livre faisant pare-soleil – ce nouvel album de MARS RED SKY en parallèle de la prose de son batteur. A peine digéré, j’en fis la communication urgente à l’équipe de Lords Of Chaos par ces quelques mots: « Alors pour ceux qui aiment le Stoner (Heavy Rock psychédélique qu’ils appellent ça eux), les bons morceaux lourds où guitare et basse ronflent à vous prendre les tripes, les voix prenants l’oxygène qu’il reste en surface pour offrir le côté aérien à l’ensemble, je vous conseille « Stranded In Arcadia » le second album des excellents Aquitains de MARS RED SKY, sorti chez Listenable. Le premier était une révélation, celui-ci en est la confirmation! Si, en plus, vous l’écoutez en lisant « T’arrives ou tu repars? » le carnet de route des tournées européenne et sud-américaine qu’a publié parallèlement le batteur (dans une prose très évocatrice), je vous promets le voyage sur les chemins brûlés par le soleil! De quoi parfaitement accompagner ceux qui partent en vacances, de quoi parfaitement faire rêver ceux qui restent chez eux! Moi, je suis loin, loin, loin et quand je reviendrai j’y serai encore. Il ne me restera plus qu’à en faire la chronique, tiens! »

Et la chronique, la voilà!

Après un premier album sorti en 2010, un EP courant 2013 et dans l’attente d’un passage au Hellfest 2014, le groupe bordelais revient avec un second album tout frais. Si « Mars Red Sky », l’album, a eu l’effet d’une révélation chez bon nombre de rockers de notre bon pays, « Stranded In Arcadia » confirme cette impression en ce plaçant dans la continuité en apportant toutefois son lot de petites surprises. Faisant la part belle à une musique assez « drone » par le bourdonnement régulier de la basse et de la guitare, la recette implique la mise en équilibre par une voix éthérée, assez fluette, voire presque féminine qui apporte le côté aérien. Pour ceux qui n’auraient pas suivi l’engin, j’ai déjà gâché la surprise avec mon intro, on est donc sur un Stoner tantôt Metal, tantôt Rock, tantôt Doom mais toujours très psychédélique qu’on pourra renvoyer autant à BLACK SABBATH qu’à KYUSS et à tout ce que ça peut comprendre entre ces deux là… un Stoner qui se fiche de l’étiquette précise.

La musique est faîte pour fouler le sol poussiéreux des grands déserts. Avec ça, l’Amérique est à nos pieds…. enfin pas tant que ça! C’est un peu ce que nous raconte Mathieu Gazeau, alias Matgaz, en définitive. Parti à la conquête du Brésil pour quelques dates avant de rejoindre les USA où le studio l’attend, le groupe se retrouve pisté par l’administration américaine qui voit d’un mauvais œil le visa non conforme à l’activité. Coincés à Rio, les gars sont contraints de trouver en urgence un studio qui veut bien les accueillir pour accoucher de cet album qu’on tient en ce moment même entre nos oreilles! Statut du Christ rédempteur de Corcovado trônant devant l’océan et sous un ciel rougeoyant, l’histoire du naufrage est lisible sur le visuel du disque.

Trop absorbé par le « road récit » de Matgaz, j’en suis déjà à la 4ème piste du CD que je me rends compte ne rien avoir écouté! Stop! Retour à l’intro!

Tout commence par « The Light Beyond », un thème lointain se profile à l’horizon avant d’être torpillé par une rythmique lente et le retour de ce bourdonnement caractéristique qu’on avait tant aimé sur le premier album. La voix de Julien Pras vient nous cueillir directement par quelques vocalises et nous amène dans les sphères les plus célestes du cosmos musical. Pour celui qui cherche encore une définition au Psyché (comme le dira Matgaz, « selon moi, ce terme ne qualifie pas un style à part entière comme peut l’être le Metal, le Hard Rock, le Reggae, le Hip Hop… c’est quelque chose qui vient compléter un genre. »), avec un riff tout en descente de gratte très 70’s, un solo avec cet effet toujours aussi nébuleux, on est dans les clous!

« Hovering Satellites » apporte une touche plus bluesy mais un bluesy très lourd et pesant, profond. On s’enfoncerait six pieds sous terre s’il n’y avait pas toujours cette voix pour nous aérer. MARS RED SKY a une approche véritablement personnelle, un style très homogène qu’il sait tenir au fil des titres, une complexité qui ne se dévoile pas réellement du point de vue de l’interprétation technique mais davantage dans la construction de ce son unique. Il y a néanmoins une contrepartie qui fait que l’on se sentirait presque perdu parfois dans cette masse sonore.

Ici, « Stranded In Arcadia » apporte tout de même quelques nouveautés qui commencent avec le lent « Join The Race » mettant en scène la voix plus grave de Jimmy Kinsast (bassiste et bourdon du groupe) et un refrain plus pop et enjoué me renvoyant aux albums «Technical Ecstasy/Never Say Die », période désavouée mais qui me reste chère d’Ozzy chez BLACK SABBATH.

Alors que « Holy Mondays » oscille entre tension dramatique et intonation à la BEATLES, « Arcadia » se déroule sur une belle plage instrumentale où la basse vient tempérer l’intro très spatiale. La ligne de guitare me renvoie directement à celle que Neil Young proposait pour la bande originale de « Dead Man » de Jim Jarmusch. Même ambiance de parcours initiatique, de solitude. Et le titre se referme sur un gros riff Metal.

Pendant ce temps là, Matgaz poursuit sa route. Après l’Amérique du Sud avec MARS RED SKY, il entame un périple européen avec James Leg (chanteur pianiste de Blues Rock américain)… une sorte de two men band, quoi. Oui, parce que signalons que Matgaz a une désopilante mais sainte horreur des one man bands (« Bon alors là, je veux bien être tolérant des fois, mais y a des limites, si si y’en a… On dirait pas comme ça, on peut croire que tout est permis, oui on fait ce qu’on veut, qu’on est des hippies tout ça, oui mais là non. »). D’ailleurs, hormis Bruce Springsteen, il n’aime pas grand chose le bougre. Un brin blasé, il assiste peu aux concerts des groupes qui partagent l’affiche, ce que je déplore souvent en observant la scène. Comment peut-on partager une affiche et ne pas s’entraider ? S’encourager ? Comprends pas, m’enfin…

Après ça, il dit au revoir à « tonton » et repart de plus belle sur les routes européennes avec MARS RED SKY en allant chercher des dates un peu plus haut encore, du côté de la Scandinavie. Ne vous attendez pas à une autobiographie développée. On a en définitive, peu d’infos sur le groupe, son fonctionnement, son histoire, il s’agit bien d’un carnet de notes prises pendant les heures de transport ce qui apporte une certaine spontanéité à la lecture. Le but n’est pas l’œuvre littéraire alors la prose est très brute, adoptant quelques expressions un peu ringardes (mais heureusement, on a le lexique pour décoder), très « orale » avec beaucoup de rythme mais quelques fautes d’orthographe laissées au passage. On vit Rock’n’Roll à travers chaque mot même si, question trip, le gars est assez pépère en fin de compte, bonne alimentation, point trop d’excès, un bon dodo est tout va comme sur des roulettes ! On est loin de la star attitude, plus proche de la réalité des tournées faites maison. Pessimiste, voire délicieusement détestable, Matgaz relate ses anecdotes avec beaucoup d’humour !

« […] On peut se moquer des noms de merde des groupes de Pop française, mais alors les groupes de Stoner sont pas mal dans le genre […]. Tu prends trois mots, une couleur, un animal et le numéro complémentaire : un arbre ou un relief géographique. », venant du batteur de MARS RED SKY, on avouera que c’est l’hôpital qui se fout de la charité ou alors on avouera un grand sens de l’auto-dérision!

Là, j’ai toujours l’album dans les oreilles et la suite, entre « Circles et « Seen A Ghost » (déjà entendu sur le précédent EP), se fait plus sautillante presque joyeuse si ce n’était l’alourdissement sonore constant. La dernière, « Beyond The Light », vous vous en doutez, est une reprise du thème d’intro de « The Light Beyond » noyé par les effets et la construction des tempi pour boucler la boucle.

Je ne fais pas de conclusion parce que, de toutes façons, tout était déjà dans l’intro et si vraiment ça vous manque, vous vous la ferez vous-mêmes, les doigts de pied en éventail, en vous mettant à la lecture, le casque vissé sur les oreilles, bandes de fainéants ! Moi, je suis loin, loin, loin et quand je reviendrai j’y serai encore!

 

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