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Ca va mal, je vous dis que ça va mal ! Démago à gogo, sacrifices au nom du prétendu progrès, kilos de fric souverains et du sang par lampées, le monde se craquelle, se morcelle et nous voilà pris tels des pions sur un plateau de Monopoly nous laissant sur la paille, où la seule échappatoire serait de trouver un chemin de vie alternatif, décroissant, comme ce lopin de verdure reprenant quelques droits au milieu de la grisaille des tours de contrôle monétaires et sous un ciel aux vapeurs nucléaires. Voilà ce que me renvoie cette belle illustration, introduisant FOOL’S PARADISE dans cet article.
Loin d’être un nouveau venu dans nos colonnes, avec premier EP et concerts déjà décortiqués ici, le quintette nordiste apporte une nouvelle grosse pierre à son édifice après déjà 10 années d’existence. Il y a quelques semaines, je publiais d’ailleurs le compte rendu d’une bonne soirée passée sur Dunkerque, signant l’entrée de « Monopoly Society » dans le répertoire déjà bien fourni des albums qui nous rendent fiers de notre underground !
Plusieurs semaines que je suis reparti le disque sous le bras, en voilà ENFIN la chronique.
Après l’EP très Heavy classique sorti en 2014, le visuel de ce premier album longue durée met la puce à l’oreille. L’image, qui n’aurait pas dépareillé sur les pages du catalogue d’Inside Out Music (label spécialisé dans les Rock et Metal progressifs), se fait annonciatrice d’une démarche un peu plus progressive dans la musique de ces messieurs.
Les huit titres n’hésitent pas à emprunter quelques détours et offrir un contenu bien varié. Ainsi, on passera aisément de chansons énergiques, très heavy, à plus posées, le tout toujours régi par une forte approche mélodique. On passera de formats traditionnels à morceaux fleuves allant notamment gratter les 14 minutes en clôture de disque. Et souvent, même au sein d’une chanson à l’intention plus directe, on trouvera des passages de déconstruction de riff, de rupture de rythme ou de polyrythmie de bel effet, dans la tradition prog sans toutefois aller jusqu’à l’extrémisme d’un DREAM THEATER.
L’album est sérieusement composé, avec des arrangements assez fouillés et l’on sent qu’Anthony a beaucoup travaillé sa voix. S’essayant à diverses variations, c’est dans ce registre grave et agressif, qui entre en scène dès les premières phrases de « Overloaded Screens », qu’on le sent le plus à l’aise et ce timbre lui sied peut-être davantage que la recherche des aigus. Les lignes vocales sont développées, doublées, harmonisées jusqu’à cette belle, mais malheureusement brève, montée en choeur sur « Partners In Crime ». Il est évident qu’il y a eu de la réflexion derrière tout cela.
Même chose sur le plan des guitares. Les riffs bien pensés se succèdent et tandis qu’Olivier signe quelques perles de shred, Stéphane livre des mélodies qui font mouche.
L’héritage de groupes ayant pour fer-de-lance IRON MAIDEN n’a pas été oublié (cet unisson des guitares), mais cette fois-ci on ressent également la patte d’un autre nom que le groupe cite en référence: ANGRA. En effet, comment ne pas l’avoir à l’esprit avec l’introduction tribale de « Misunderstood » ou encore les arpèges de guitare acoustique de « Monopoly Society », rappelant les ambiances sud américaines de certaines ballades de l’ère Edu Falaschi.
Parfois, on croise l’essai plus Rock comme le joyeux « Heaven’s Image », aux couplets proches de ceux d’« Hallowed Be Thy Name » de vous-savez-qui, et qui semble être le terrain de jeu de Frédéric s’amusant derrière ses fûts, et de Bertrand peaufinant ses lignes de basse. Un peu plus loin, on s’immerge dans l’approche plus feutrée et ambiancée, sans excès, de « The Agony Within », titre qui aura peut-être ma préférence en lorgnant vers le travail d’un certain Arjen Anthony Lucassen… voire d’un fameux PINK FLOYD. Enfin, « Memories Of The Night », le gros morceau placé en fin de disque prendra le temps de dérouler un peu de toutes ces différentes facettes en montant progressivement en tension. Bien sûr, l’auditeur rechignant les longueurs doit être averti. Et même si le contenu est suffisamment varié pour ne pas lasser, le groupe gagnerait, sans pour autant trahir sa personnalité, à parfois recentrer légèrement son propos.
La mise en son, bien supérieure à celle de « Forest Of Lies » – le précédent EP, laisse parfois planer quelques petites imperfections dans la consistance mais ce n’est pas le plus important. « Monopoly Society » est l’album d’un groupe sérieux, investi dans la composition et les arrangements, et au potentiel évident. Il faudra désormais compter avec FOOL’S PARADISE !
Pour revenir à notre société de Monopoly, en cette veille d’élections présidentielles, donnons tout pouvoir à la musique, les problèmes ne seront peut-être pas réglés, mais avec des disques comme celui-ci il y a moyen de faire la loi, en jouissant en toute égalité de nos libertés et avec tout de même moins de risques d’aller en prison sans empocher les 20 000 balles !
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