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Avril 2017. Il fait beau, il fait chaud ! Tonton Herbert a déjà revêtu la chemise hawaïenne, le bermuda de plage et les tongs tout terrain. L’air a comme un parfum de légèreté, d’insouciance, de vacances !
Bon, attention, pas question pour autant de laisser la musique sombre et violente au placard jusqu’à l’automne ! Non ! Moi, je serais plutôt du genre Jim Carrey dans le premier Ace Ventura, à savoir un individu bariolé perdu en plein concert de Cannibal Corpse (la scène est culte pour toute une génération d’attardés dont je fais à tout jamais partie). Pas d’AOR au programme en ce début de printemps donc, puisque l’on vient de me filer un truc bien glauque à écouter : Ensnared, groupe suédois fort de son premier album, Dysangelium.
Le nom de la Bête sonne comme un groupe de viking metal ou comme un éternuement, c’est comme vous voulez. Mais il s’agit bel et bien de death metal, du death occulte, bien rugueux, limite râpeux. J’ai regardé sur Reverso, ça veut dire « ensorcelé », et d’un coup je comprends mieux. Bon, la chose vient de Suède, rien d’étonnant à tout cela, le pays étant riche en groupes ayant porté ce style au rang de spécialité locale, sauf que très vite, on se retrouve confronté à quelque chose de plus… américain. Il y a comme un parfum de Morbid Angel sur ces compos maousse costaud aux structures alambiquées.
C’est donc du dopé à la testostérone, avec des rythmes véloces en même temps que vicieux, des blasts frénétiques s’alourdissant soudain en énormes vagues te tombant dessus pour mieux t’écraser, te broyer, lentement, inexorablement. H.K., le guitariste et hurleur de service, possède un timbre assez proche de celui de David Vincent. Les rythmiques sont brutales, old-school, et la frappe brute de J.K. (ouais, je sais, ils se sont pas foulés pour les blases) rend les growls plus lourds et menaçants. Ici et là, on peut noter quelques touches thrashisantes, rappelant parfois le son violent des cousins de Wichkrieg (Apostles of Dismay) ou celui plus nuancé (bien qu’ici plus violent) des autres cousins (quelle richesse possède la Suède !!!) de Raise Hell (le riff du titre éponyme fait furieusement penser à l’extraordinaire morceau du titre phare de Not Dead Yet, Devilyn). C’est parfois incantatoire (Gale of Maskim), voire carrément blasphématoire (Antiprophet le bien nommé et ses hurlements inhumains). Mais tout ceci serait finalement convenu dans le genre old-school si le combo n’offrait pas à nos oreilles blasées un petit plus qui ravira les plus ouverts aux expérimentations ou fera fuir les intégristes du death pur jus : l’idée d’entrecouper chaque titre par un interlude de deux minutes. Sur ces petites récréations instrumentales, le combo se livre à d’intéressantes variations, proposant un aspect plus… progressif de leur musique et promettant, de ce fait, le meilleur pour les épisodes à venir. On y trouvera de tout : des reprises des thèmes déjà joués mais avec un tempo sacrément ralenti, une approche plus ésotérique à la Karl Sanders et ses Saurian Meditation/Exorcisms (en moins poussé quand même), du feutré, presque jazzy, à tout le moins bluesy avec un J. K. montrant qu’il sait aussi caresser la peau de ses fûts jusqu’ici martyrisés. Et la chose de prendre soudain un aspect à haute teneur sexuée. Car l’album devient d’un coup une véritable nuit d’orgie où chaque titre prend l’aspect d’une sauvage copulation que vient entrecouper un interlude, en mode clope que l’on savoure avec délectation, observation tétanisée du plafond façon bête repue un rien groggy, répit bien mérité histoire de recharger les batteries avant de relancer la machine à toute allure ! Et si on le prend ainsi, il faut bien avouer que l’on a passé un sacré moment avec un/une partenaire connaissant son métier sur le bout des doigts et sachant comme personne te faire oublier la douleur du quotidien. Et vu que l’on peut l’écouter à l’envi, cela vaut largement les quelques euros que coûte la galette ! Alors n’hésitez pas, faites-vous plaisir en sachant qu’en plus, pas besoin de sortir couvert ni de s’engager pour la vie !