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Note : 10/10 (un Deluxe qui se mérite !)
Nous sommes fin mars 2016. Il fait beau, pas encore très chaud, mais on sent que le printemps a comme une envie de se rappeler à notre bon souvenir. Le moral remonte en flèche, en même temps que le taux de vitamine D, et pour ceux pratiquant comme moi une écoute très éclectique du merveilleux monde du metal, est venu le temps de délaisser un peu black et death pour goûter à quelque chose de plus jovial.
Cela tombe bien, car je viens de dénicher la version Deluxe du cinquième album des suédois d’Eclipse, le tonitruant Armageddonize. Qui dit Deluxe dit déjà album incontournable sortant du lot de la tête et des épaules. Et il est vrai que si l’on est amateur de hard-rock FMisant (ça se dit ?) ou d’AOR musclé, cet Armageddonize s’avère être une véritable pépite dont chaque titre est un hit en puissance.
Le genre d’album qui n’est pas sorti à la bonne époque, car dans les années 80’s – début 90’s – ce temps béni où le marché du disque était florissant et où les bandes FM laissaient une place de choix au genre qui nous anime -, un tel album se serait à coup sûr écoulé à plusieurs millions d’exemplaires, façon Def Leppard, Bon Jovi ou Europe.
Il faut dire que le style d’Erik Mårtensson et Magnus Henriksson est difficile à prendre en défaut, mêlant des riffs implacables couplés à des lignes vocales gorgées d’énergie, le tout porté par de véloces mélodies d’une évidente simplicité (« évidentes », mais encore fallait-il y penser !). Tout ce qui fait le succès du hard rock européen (on devrait presque dire scandinave) est là, véritable condensé de ce qu’il faut pour faire un tube : des chœurs à en pleurer, des riffs qui te font taper du pied et te fichent la banane pour la journée, des claviers ensorcelants, et surtout, des refrains très vite assimilables, simples mais efficaces, qui entrent dans ta tête aussitôt écoutés pour ne plus en sortir. Le genre d’album qui peut faire un tabac sous ta douche comme transformer ton cabriolet en salle de concert improvisée (fais quand même gaffe au public si tu chantes pas comme Erik !).
The Storm, One Life, My Life, jusqu’à la power-ballade Live Like I’m Dying, tout est réussi dans cet album, de quoi donner des complexes aux cadors du genre moins exposés, je pense ici à Lover Under Cover ou Find Me (ahhh, la voix de Robbie LaBlanc, je ne m’en lasse pas !!!). Petite remarque en passant, eux aussi sont signés sous l’écurie Frontiers, et je vous en recommande chaudement l’écoute ! Et tant pis pour les grincheux ne voyant en Frontiers qu’une vulgaire usine élevant ses talents comme des poules en batteries !
Alors oui, tout est calculé chez Eclipse, travaillé au millimètre, et l’on est à des lieues de la spontanéité d’un hard rock sentant la bière et les aisselles, mais chacun son créneau, et force est de constater que cet Armageddonize brille tel un diamant à la taille digne d’un tsar. Il y a du maxi-tubesque avec les imparables – et c’est rien de le dire ! – I Don’t Wanna Say I’m Sorry et Stand on Your Feet. Il y a du Asia en plus musclé dans le superbe Runaways, du Bon Jovi façon Dead or Alive avec la guitare slide de Breakdown (perso, j’aime moins, mais le morceau est plutôt bien pensé et apporte un peu de nouveauté à l’ensemble), et surtout un savoir-faire unique, permettant à Eclipse de s’imposer en maître incontestable d’un hard-rock mélodique ayant digéré ses influences pour penser le groupe en brûlot contemporain et en rien passéiste.
Les onze titres d’Armageddonize étaient parfaits, chaque titre justifiant à lui seul l’achat de la galette. L’album est sorti l’an dernier (en 2015 si vous lisez cet article dans 10 ans !!!), alors pourquoi sortir une version Deluxe à peine un an plus tard ? Ben pour vous en donner plus, forcément ! Et l’objet sur lequel j’ai bossé ne ment jamais, tant sur la quantité (17 morceaux en plus tout de même !!!) que sur la qualité. Nous avons tout d’abord un inédit, le déjà cité Runaways (ouais, je l’adore, c’est pour ça que j’ai pas pu m’empêcher d’en parler plus tôt, même si le morceau est moins hard que ses frérots !). Puis onze titres enregistrés live lors de la dernière tournée du groupe, permettant de se donner une meilleure idée de l’énergie que peut dégager le groupe sur scène et de prouver s’il en était besoin que mister Mårtensson est un sacré performer ! Et puis onze tubes enquillés les uns à la suite des autres, ça se refuse pas ! Vous n’en avez pas assez ? OK, pas de problème ! Eclipse vous rajoute deux raretés studio issues des sessions de Bleed and Scream, précédent et déjà remarquable opus. Come Hell Or High Water et Into The Fire s’avèrent en plus être des morceaux plus que réussis qu’il eut été dommage de laisser encore longtemps cachés (si vous avez des sœurs comme ça, présentez les moi !). Et comme si cela ne suffisait, le groupe rajoute pour les fans les versions acoustiques de The Storm, I Don’t Wanna Say I’m Sorry et Battlegrounds. J’avoue avoir trouvé un côté bien plus anecdotique à ces versions auxquelles il manque indéniablement l’énergie des originaux, mais il faut les prendre pour ce qu’elles sont, des bonus offerts par des musiciens désireux d’en donner le plus possible à ses fans, sans rogner sur la valeur de l’objet.
En bref, si vous ne possédez pas déjà Armageddonize, dépensez sans hésiter et achetez ce qui est d’ores et déjà une pièce majeure du hard rock mélodique. Et si vous le possédez déjà, ben… j’espère vous avoir convaincu de passer encore à la caisse, tout en vous promettant que je n’ai aucune action dans le groupe ! N’hésitez pas d’ailleurs à me dire si l’achat vous a paru à vous aussi justifié !
Et pour ceux qui aiment les expériences en mélangeant les écoles, jetez donc une oreille sur Nordic Union ! On y retrouve Erik Mårtensson à la guitare et aux compos ainsi qu’un certain Ronnie Atkins (Pretty Maids) au chant… C’est encore chez Frontiers et non,… je n’ai pas toujours pas d’actions chez eux !