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Note : 8/10
Un disque, en platine, s’installait
Dont toutes et tous racontaient
Qu’il n’y avait là ni codes, ni repaires mais des idées originales,
Des mélodies bien invraisemblables.
Les reine et rois de ces morceaux métissés,
Piano noir et étranges sonorités,
Parmi les spectateurs guettaient
Des âmes, des corps à envoûter.
Des fans de leur cirque, ce soir-là, renaîtraient
Des chairs d’auditeurs happés,
Ou alors de sombres rebutés
Car, attention, le produit se voulait
Très particulier.
Façonnés, pour les premiers,
Par la palette vocale et la mise en musique fouillées,
A l’écoute ceux-ci seraient bien vite emballés.
DUCKBILL CRISIS, projet colorifique
Né en 2011 et d’origine française nordique,
Vous propose son théâtre chimérique
Car plus qu’un disque
Vous aurez affaire à un récit allégorique,
Une histoire improbable en dix-neuf topics
Découpée entre dix narrations rimées et neuf musicalités.
Dans la troupe, vous retrouverez
Des membres d’autres groupes, dans nos colonnes déjà évoqués,
Tels HEONIA ou BLOODY HOURS pour que quelques-uns n’en citer.
Pour les adeptes enrôlés,
Tout le spectacle et ses clés vous aurez,
Si d’aventure en live votre attention a flanché.
Musicalement exclusivement,
On pourra peut-être regretter cependant,
Mais ceci pour que le concept reste cohérent,
De connaître déjà cinq titres sur les neuf avec instruments,
Ceux-ci apparaissant
Sur le premier EP, de 2013 datant
(Bien qu’il s’agisse de réenregistrements).
Pour votre serviteur qui eut l’occasion, par le passé
De sortir un disque avec plages narrées,
J’ai souvent été étonné
Qu’on ne les considère pas comme des morceaux vrais
Alors qu’ils avaient été ainsi faits.
Ce « Cirque des Chimères » me semblait
Tel un concept, un tout à appréhender,
Voix parlées, chantées, le tout lié…
Précisons cependant, la chose peu aisée
A laquelle, nous pourrions être confrontés
Cette alternance prenant tout de même le risque de casser
Sur le long terme la dynamique des morceaux empruntée.
A l’ouverture de la première représentation,
C’est donc cette voix faisant narration
Qui surprend d’une certaine façon.
Une voix d’orateur bien timbrée
Mais qui pourrait exaspérer
Par cet enfantin et quelque peu naïf côté
A l’image du visuel
Montrant quelques aquarelles
Loin de l’hémoglobine habituelle,
Un peu légères mais somme toute assez belles
Prenons donc cette voix pour le rôle qu’elle joue,
Illustrer le concept de bout en bout.
Côté instru vous plongerez
Dans un florilège d’idées
Partant d’une base Metal Néo, voire fusion
Aux accents fort polissons
Parfois dansants,
Bien sombres également
Et allant chatouiller divers courants
Comme le lyrique, le jazz, le disco, le ska ou autres styles attenants
D’un refrain, d’un pont juste le temps
Ceci ainsi permettant
D’illustrer au mieux les éléments,
Se représenter l’histoire visuellement.
Tandis que rit,
Derrière sa basse, Henri,
Nous offrant des lignes slappantes, funky,
Ronflantes et groovy,
Frédéric
Rocke sur des interventions guitaristiques
Entre accords telluriques et degré dissonantique.
L’espace d’expression de la six cordes est cependant restreint
Au support des ambiances, par le chant, les claviers, menées bon train.
Cela dit, écoutez « Back To Gehenna »,
Quand le solo acoustique viendra
Et l’empreinte jazzy de Frédéric
Peut-être, vous fileront-ils la trique
(Si pour autant vous êtes constitués
D’attributs mâles à cet effet).
Ceci prouvant bien
Que les capacités de certains
Pourraient être davantage placées devant
Sur une suite à ces événements.
Pour en revenir au chant et claviers
Plusieurs visages pris par ces derniers,
Orientent ainsi les versets.
Orgue de Barbarie, glauque clavecin, boîte à musique,
Cordes, piano ou sons synthétiques,
Les partitions de Damien assoient les tournures atmosphériques.
Quelques effets, çà et là posés, apportent le cinématographique.
L’étrangeté de ces lancinantes ambiances
Dans la folie et la noirceur vous lance.
Le registre large d’Aurore,
Au lyrisme qui corrobore,
Tantôt rock, tantôt fusion, harmonisant,
Parfois agressif, souvent exubérant,
De la ritournelle usant,
Se couple aux growls ronds et peu irritants de Damien,
Qui ferait du timbre de Fernando Ribeiro (MOONSPELL), sien.
Ce dernier encore parfois,
D’un timbre clair usera
Pour s’approcher de standards
Du Rock gothique et son étendard.
Enfin Derek, lui, propose une frappe suffisamment fine
Pour lier le tout avec belle mine.
Parfois, certains noms, en tête, viennent,
ELIS, SKA-P, SCISSOR SISTERS, QUEEN ou RAMMST… IENE !
Certains éléments évocateurs
Arrivent à point nommé, à l’heure
Boule à facettes géniale sur « Junkies Love Disco »,
Voix espagnole scandant « Olvidad Todo ! »
Et des cuivres, parfois en solo
Comme cette trompette, ce saxo
Au sein d’un « Funny Dogs » assez barjot
Sur ce titre, et d’autres d’ailleurs, la version démo
Proposait davantage de grain dans les vocaux
Ce qui, je dois dire, me convenait plutôt.
Notons, sur « Blue Babies »
Que les raclements d’Aurore en rage
Forme une piste dont l’emprise
Serait à creuser pour de futurs âges
Tant cela sonne merveilleux
Dans l’oreille d’un metalleux.
« Sérénade » dévoile un passage lyrique
Où voix française sur clavier résonne bien classique
Tandis que quelques notes de piano
Tel un clin d’œil rigolo
Nous ramène à « Bohemian Rhapsody »,
Œuvre culte, ceci est dit !
Tellement de choses sur cet album,
Le mieux serait encore, en somme,
De vous faire une idée par vous-même
En faisant l’expérience du phénomène.
Un disque, en platine, s’installait
Dont toutes et tous racontaient
Qu’il n’y aurait là ni codes, ni repaires mais des idées originales,
Des mélodies bien invraisemblables.
Un disque s’adressant à celui dont les idées larges
Recherchent au-delà des marges,
Du spectacle, de la folie,
Des dresseurs de monstres et compagnie.
Cet avant-gardisme pouvant désarçonner
Celui dont le cœur de Metal est le plus ancré,
Sache-le si tu t’y jettes
Si à l’inverse tu n’as pas peur, fais confiance, achète !