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Note: 9/10
L’histoire de l’Homme est faite de soif de grandeur, de pouvoir et d’horreurs, ce n’est pas un constat nouveau. Si le bilan historique nous réduit à nous en accommoder péniblement au quotidien, il offre par ailleurs d’incalculables sources d’inspiration pour l’artiste qui veut dresser le portrait de ses contemporains.
Parce que « l’Enfer est sur Terre » dirait Lenny, vocaliste de DRAKKAR, ce « Once Upon A Time… In Hell » nous plonge directement dans les noirceurs de cette histoire. A travers les époques, à travers les cultures, à travers des genres… rien n’est plus noir que l’Homme! Et c’est pour illustrer ce propos que le groupe belge nous délivre un album, 26 ans après le remarqué « X-Rated » et quelques changements de line-up plus tard, sombre et gluant de machiavélisme. Si le premier album précité a une certaine résonance relative à mon adolescence (oui, je l’ai découvert quelques années après sa sortie), « Once Upon A Time… In Hell » prendra bien certainement une place de choix dans ma vie actuelle. Et d’actualité, il est question ici mais j’y reviendrai…
« Enter The Darkness » arrive comme une invitation… Nous avons droit à une introduction malsaine, dans laquelle les guitares, lancinantes, s’installent progressivement (pas la caricaturale introduction symphonique et on peut en remercier le groupe, tant la formule est usée jusqu’à la moelle) pour ouvrir directement sur la pièce éponyme, véritable bénédiction!
Dans chaque riff, chaque frappe, le perfectionnisme des musiciens se ressent. Pas d’à-peu-près, pas de demi-mesure mais pas non plus de traitement chirurgical impersonnel ! Avec l’entrée d’un troisième guitariste, le son est gros, massif, et pourtant millimétré. Si la base rythmique est omniprésente et puissante, il reste également de l’espace pour un réel potentiel mélodique apporté par des lignes guitares lead, des soli à la technique justifiée et impeccable et des refrains imparables.
La formule reste typiquement Heavy/Speed, cependant elle s’inscrit dans une démarche très moderne et ancrée dans notre époque. Formule « Rated X » alourdie au char d’assaut donc. On pense parfois au Power Metal du début des années 2000, à PRIMAL FEAR, ICED EARTH, ou les derniers ACCEPT parce que, c’est comme ça, on fonctionne toujours avec des références. Pourtant ce Heavy Metal-là ne semble pas vouloir tomber dans la facilité et il s’en dégage une impression d’originalité. Pas d’histoire de dragons et ça, ça fait du bien !
Parfois, le propos prendra des tournures un peu plus « classiques » comme le très GRAVE DIGGER « Babel » au mid-tempo pachydermique, « War » à la tournure musicale plus positive et lyrique comme sait si bien le proposer GAMMA RAY ou « What’s Going On ? » à l’esprit « Two Minutes To Midnight » (IRON MAIDEN)/ « A Touch Of Evil » (JUDAS PRIEST) pas très éloigné. En contrepartie, un titre comme « A Destinity That Does Not Heal » plonge directement dans le gouffre du Speed-Thrash des plus organiques. Pour le reste, une pure formule DRAKKAR, bien digérée et amenée à maturité, sombre à souhait. « Once Upon A Time », « Lost », « Angels Of Stone » en sont autant d’exemples…
Derrière le micro, la voix très personnelle de Leny (qui fait son retour dans le groupe) n’est pas pour rien dans les comparaisons sus-mentionnées. Malsaine et aux rugosités Thrash dans les graves, elle sait offrir de belles parties enlevées pouvant, par moments, mettre brièvement les noms de David DeFeis, Hansi Kürsch, Mat Barlow à l’oreille. L’homme, dans un registre large, est à l’aise. Tout au long de l’album, cette voix est portée par des choeurs masculins (composés de quelques guests comme Toni de MAX PIE ou encore Jean-Luc Van Praet de MOONCHILD/DI ANNO) puissants, qui martèlent l’espace sonore et qui renforcent ce côté thrashy, voire Hardcore.
Il y a dans cet album un côté visuel quant à la noirceur évoquée dans les textes : des voix habitées, des portes qui grincent, des rires démoniaques, des contextes de guerre, un voyage en plein pays de Shinéar dans le court mais exotique interlude « Jubilitation At The King Nimrod’s Court » ou encore le rappel des méfaits de l’humanité en épilogue qui clôt le disque à la manière d’une boucle sans fin.
La réflexion abordée dans les textes est à suivre également avec le visuel travaillé. Une illustration ainsi qu’une courte présentation pour chacun des titres nous permet de plonger toujours plus loin dans les enfers de notre condition.
14 titres pour près d’une heure de musique, ce nouvel album attendu par les fidèles fans tient vraiment la route sur toute la longueur tant la composition, l’interprétation et la mise en couleur (enfin en noir et blanc) sont fascinantes. La seule et unique chose que je saurais lui reprocher, en définitive, serait sa grosse consistance lui conférant le statut d’un album à digérer tranquillement mais sûrement.
Cependant, pour les avoir vus en live à l’occasion de leur release party, ces nouveaux titres, non contents de tenir amplement la route sur disque, sont tout bonnement explosifs sur scène. Promis, nous les surveillons pour vous, il vous reste à venir piocher des dates sur le site de Lords Of Chaos !
Un disque impeccable, à la durée de vie certaine, qui saura ravir de nombreux amateurs de divers styles, du Metal musclé au plus mélodique.