[Chronique] DIRTY SHIRT – Freak Show

Bernard-Henri Leviathan
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Note : 10/10

Vous aimez la musique? Oubliez tout ce que vous en connaissez ! Oubliez vos codes, vos repères, votre gauche et votre droite car le voyage que vous propose  DIRTY SHIRT  sera sans retour vers des paysages sonores nouveaux et indomptables. Sortez votre valise, enfournez votre brosse à dents, la photo de votre poisson rouge, un ou deux t-shirts propres, nous partons pour la Roumanie. Oui, la Roumanie, l’autre pays insoupçonné du metal !

L’album s’ouvre sur « Ride » et le ton est donné. Des percussions presque tribales nous accueillent pour laisser place à une guitare acoustique aux accents de désert aride. Puis, la musique se fait plus électrique. Une voix s’exclame, le rythme est lancé. Ça sonne Rock, … ah non c’est bien du Metal ! Mais il y a cette voix plus Pop sur le refrain doublée de grunts… « Freak Show », le bien-nommé, c’est cela : une exposition de curiosités, un mélange des genres, une mixité culturelle qui se poursuit tout au long des onze pistes qui composent cet album hors-norme. Il est alors question de Metal et de Rock, bien sûr, mais également de Fusion, de Funk, d’Indus, de Prog, voire de Reggae (l’ouverture du single « Freak Show »), le tout largement arrosé d’arrangements venus de l’est. Car si DIRTY SHIRT propose une musique de brassage moderne, il n’en oublie néanmoins pas de rendre hommage à ses racines profondes. Des morceaux tels que « Bad Apples », que les faux airs de „Vampolka” du DEVIN TOWNSEND BAND introduiront pour laisser place ensuite à un violon et un refrain des plus caractéristiques, ou encore le poignant «  Săracă Inima Me” empruntent directement au folklore roumain.

La suite des événements évoque un festival de grands noms: quelques bribes de SYSTEM OF A DOWN par ici, de FAITH NO MORE ou de CLAWFINGER par là, un soupçon de KORN (écoutez cette basse ronflante qui martèle „Trust Me”), quelques incursions plus progressives („Away” semble emprunter à VANDEN PLAS tant l’approche du titre, mais également le timbre de voix, peut rappeler ce dernier et „Never Say Never”, chanson proche d’un cabaret électrique, propose un excellent solo de clavier jazzy à rapprocher de l’exercice progressif des années 70). Cependant, au delà de ces quelques évocations purement subjectives, DIRTY SHIRT a su développer une identité propre et totalement cohérente tout au long de l’album… mais, que voulez-vous, il faut bien se raccrocher à quelque chose dans ce monde de fou!

Une autre curiosité de ce groupe réside dans l’utilisation d’une palette large de vocaux. Dan Crăciun et Robi Rusz forment, en effet, un duo très contrasté apportant une couleur bien particulière aux compositions. Le premier évoluant dans les fréquences médiums-aigues (frôlant parfois de peu l’indigestion), le second dans les fréquences basses, ils couvrent alors un large spectre allant du chant clair parfois pop, presque féminin, quasi-religieux (« Bad Apples) aux tessitures plus grave, voire râpeuses du Death-Metal.

Au terme d’une débandade de styles, l’album se termine par une reprise improbable et déjantée du « Rock Off » de Daniel Bedingfield, chanteur Dance-Pop anglais. Le morceau, enrobé façon fanfare de l’est, pourrait bien être l’acte de naissance d’un nouveau genre : le Kusturica Metal ! Après, que le chat soit noir ou blanc, peu importe, tant que vivent les contrastes !!!

Inclassable, énergisant et terriblement dansant, DIRTY SHIRT n’en est pas à son premier essai („Very Dirty” (2000) et „Same Shirt, Different Day” (2010)) mais avec „Freak Show” force est de constater qu’il maîtrise son propos et qu’il nous délivre un condensé de metal inventif à découvrir d’urgence.

Après un peu moins de 40 minutes (oui, ce « Freak Show » se veut plutôt court mais, comme le dit le proverbe, les albums les plus courts sont les meilleurs…) de remue-ménage, remue-méninge sollicitant fortement la rotation capillaire, le mal de cheveux se fait sentir… les dessous de bras aussi peut-être ! Mais vous étiez doublement avertis. DIRTY SHIRT, avec un nom pareil, allait salir votre linge de corps… je vous avais bien dit d’emporter des maillots de rechange ! « Freak Show » est donc un album vivement recommandé pour les matins difficiles, quand le café, la douche ou la gifle n’y ont rien fait… mais avec le risque de devoir retourner se laver ensuite. Vous voilà à nouveau prévenus !

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