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Note : 8.5/10
Non, je ne commencerai pas cet écrit en vous parlant du film auquel renvoie DEATH RIDES A HORSE – le nom, vous n’avez qu’à aller faire un tour sur les autres chroniques, vous ruer sur votre guide Télérama ou avoir une culture cinématographique!
Par contre, je commencerai plutôt par vanter les qualités physiques du bien joli produit que je tiens dans mes mains parce que, là, votre guide Télérama ne vous sera d’aucun secours. Comme c’est moi qui raconte, je vous en fais la description : un beau visuel à base de vitrail et de scène funeste rappelant le dos tatoué de Josh Silver (TYPE O NEGATIVE)… un vitrail, quoi… et une scène funeste! Un beau visuel aux contrastes chatoyants (oui, chatoyant parce que c’est bucolique et ça sonne tout doux dans l’oreille), le tout couché sur papier glacé… pas de doute, ça vient bien de chez Infernö Records, le label qui sait mettre l’auditeur en appétit. Un logo à l’ondulation fumante comme le psychédélisme de BLACK SABBATH (et sa sobre pochette « Master Of Reality »), THE DEVIL’S BLOOD, SPIRITUAL BEGGARS ou encore MARS RED SKY, voilà qui pressent le plongeon dans les 70’s… mais les 70’s du côté obscur de la force. Car, en effet, avec DEATH RIDES A HORSE, nous avons droit à un bon revers de Doom et de Heavy à la saveur ancienne mais à l’originalité que l’on ne peut cependant renier.
C’est du Danemark que nous arrive ce quatuor et, rien que ça, ça fait rêver parce qu’on pense irrémédiablement à MERCYFUL FATE, SERPENT SAINTS, ARTILLERY, VOLBEAT, etc. (et puis le Danemark, ça fait rêver tout court de toute façon). Même si, en fin de compte, le propos ne lorgne pas vraiment vers ce type de groupes.
« Tree Of Woe » est de ces productions qui donnent la satisfaction de posséder le parcours quasi-complet d’un groupe en un seul disque. Oui alors bien sûr, il faut préciser que DEATH RIDES A HORSE n’a à son actif qu’une démo et deux EP, pas de quoi faire une compil triple CD. Cependant, reprenant les deux dernières prod’ et les augmentant d’un titre bonus, cette édition a de quoi séduire le novice qui veut se ranger aux côtés des fans.
Au fil des huit plages, vous trouverez donc un bon lot de riffs lourds, de guitares massives, dont on pensait le secret enterré avec Peter Steele (TYPE O NEGATIVE), mais n’étant pas non plus en reste pour s’exprimer dans les aigus lors des soli et belles mélodies (« Open The Gates » ou «Beyond The Granite Threeshold », par exemple). Les rythmes sont pesants et, même si le martelage de cymbale et la double pédale sont bien présents, on sent un équilibre dans la musique ne nécessitant nullement d’en faire trop dans la vitesse ou la brutalité.
Au fur et à mesure de ces longues compositions (5’12 pour la plus courte), les structures progressent du Doom au Heavy (« Beyond The Granite Threeshold » et sa sonorité simple mais costaud m’évoquant l’album solo d’ICS VORTEX , « The Eye » dont le riff introductif aurait pu apparaître sur le déjà nommé « Master Of Reality ») ou, inversement, du Heavy au Doom (« Tree Of Woe », musicalement proche de THERION dans la manière de penser le rythme et les guitares, « Pantokrator », « Dominion Of Metal »). La longueur, tiens, parlons en. Il m’aura fallu plusieurs bonnes écoutes pour entrer dans ce qui apparaît d’entrée de jeu comme un gros pavé, parfois redondant. Mais, les secrets et merveilles de cet album sont progressivement révélés à l’auditeur assidu pour, au final, ne plus le lâcher.
Je vous parlais, un peu plus haut, de l’originalité à ne pas renier. La particularité de DEATH RIDES A HORSE est d’avoir une chanteuse derrière le micro. Les chanteuses sont bien sûr légion mais, ici, point question d’entrer dans un quelconque stéréotype du genre. Exit la fragilité surjouée du Metal à princesses, exit l’anti-thèse agressive de la femme qui growle avec ses couilles, DEATH RIDES A HORSE accepte la féminité sous sa forme physiologique la plus naturelle. Ida Hollesen (également bassiste) présente donc un timbre intéressant, rond, ample et puissant me faisant irrémédiablement penser à celui, plus Rock, de Rosalie Cunningham (PURSON, excellent groupe britannique découvert l’an dernier)… un même état d’esprit mais en version plus Metal. Physiquement, comme le « Alain de loin » de Didier Bourdon, on pourrait même également croire à notre collègue Freyja mais… de loin (sacrée Freyja, va! Toujours un truc pour nous faire marrer!).
L’album se referme sur deux titres fort intéressants. Le premier est une reprise, somme toute assez fidèle malgré quelques libertés instrumentales, du « Fly To The Rainbow » de l’époque fabuleuse où Uli Jon Roth était guitariste de SCORPIONS (une reprise que nous avions déjà pu apprécier sur l’album anniversaire de THERION, justement, « A’arab Zaraq Lucid Dreaming ») . Le second me renvoie lointainement au riff en palm-mute de « Princess Of The Dawn » d’ACCEPT… avant que je ne lise sur le livret « « Dominion Of Metal » is inspired by and dedicated to ACCEPT »… Forcément!
Dans une perspective résolument old-school, DEATH RIDES A HORSE nous prouve qu’il est encore possible, en ajoutant le bon ingrédient, de réinventer les vieilles recettes. Un album bien agréable que je conseille aux fans de Doom, de Heavy, de Stoner, de 70’s, de puissance naturelle, de vitraux, de chevaux,… Bref, je vous le conseille, quoi!