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Note : 8/10
Juillet 2015, un peu ici au bord de l’eau, un peu là à l’exotisme d’ailleurs, mais jamais franchement loin de vous car je vous surveille toujours.
Chère équipe infernale de Lords Of Chaos,
Je vous envoie quelques pensées au fil de l’eau sur laquelle je coule de beaux jours de repos après tout le boulot, la gestion de vos impertinences et l’animation de vos instants d’ennui que vous m’avez collés sur les épaules toute l’année durant. Ici, il fait chaud, les cigales chantent, les fourmis dansent, les femmes se baladent avec presque rien sur la peau et les metalleux sont en tongs, permettant ainsi à notre Thrashmaniac de ne pas se sentir seul (merci les gars). Les journées de soleil sont interminables, genre 16 ou 17h d’affilée, tout est fait pour se sentir vivre, heureux et plein d’autres joyeusetés. Bref, tout le contexte pour s’écouter un bon gros Doom des familles ! Que voulez-vous ? La vie est affaire d’équilibre, ‘manquerait plus que je vous propose une chronique de CRAZY TOWN.
“Bravery, Truth And The Endless Darkness”, c’est le pur nom de ce que je vous ai choisi. L’album n’est plus vraiment neuf puisque sorti en 2014 mais, ayant eu l’occasion de faire venir ses géniteurs sur Lille en mai dernier à l’occasion de leur tournée européenne et pour une date unique en France, on va dire qu’on reste dans l’actualité. De toute façon, ce sont mes vacances, c’est moi qui décide !
CAPILLA ARDIENTE, avec cette consonance chantante, ça fait soleil. Sachant que le groupe vient du Chili, en tout cas ça fait exotique !
Doom traditionnel aux relents CANDLEMASS, SERENITY (celui de Holy Records, hein), voire parfois BLACK SABBATH (« Paranoid » ou « Time Machine » style) du Chili donc. Aux dires des membres du groupe (soit dit en passant issus de la scène Metal de chez eux et d’ailleurs comme PROCESSION, SOLSTICE et surtout NIFELHEIM), évoluant dans un style peu courant dans leur pays, ceci relève de la rareté. Et si j’en crois mes vieux souvenirs d’économie, ce qui est rare, est cher. Me voilà alors pété de tunes à posséder un exemplaire CD de ce « B.T.A.T.E.D » (… qui n’est pas tellement plus court à écrire que « Bravery, Truth And The Endless Darkness » en fait). Je vous propose donc de prolonger mes vacances encore 2 ou 3 semaines.
Mon cul se posant ci et là sur des terres gorgées d’histoire, je pourrais vous conter les plateaux de floraison sauvage, les villages perdus où le net n’existe pas encore, les eaux claires où susurrent serpents et les fondations géologiques des failles de grands canyons semblables aux inquiétants rivages de Jurassic Park… BOUFFFH (c’est un bruit sourd… c’est pas facile à reproduire un bruit sourd)… Oh punaise, c’est quoi ces vibrations dans mon verre de rosé !!! Mais de l’histoire, j’en ai aussi dans les oreilles parce que, depuis ses presque dix ans d’existence, CAPILLA ARDIENTE a pu distiller son apocalypse sur trois formats bien distincts et appréciés des passionnés : un EP introductif (sorti en 2009), cet album longue durée et un split-album avec le groupe EVANGELIST (sorti également en 2014). Il vaut mieux que je poursuive sur cette seconde histoire parce que je risque ma vie avec la première. Quoique la seconde sonne un peu funeste aussi, « capilla ardiente » renvoyant à l’espace illuminé de chandelles où l’on honore les récents défunts…
De Doom traditionnel, CAPILLA ARDIENTE en fait un très bon représentant actuel et exotique de par ses origines. Moi qui en écoute à petite dose mais depuis toujours, voilà un produit qui aura retenu mon attention pour le genre.
Six pièces d’une durée parfois XXL bercent donc mes siestes chaudes entre deux itinérances sur les eaux douces. Nul besoin de rentrer trop dans les détails, sur cet album on a rendez-vous avec les codes du genre et son titre en dit long sur les intentions : rythmiques ancrées dans la terre, riffs qui se déploient sur une progression de tempi, épopées faisant cap sur la désolation et le naufrage (avec le penchant pour quelques atmosphères de rivage), et tout cela dans un esprit des plus authentiques de la prise de son à l’interprétation. Pas d’arrangements superflus, mis à part la riche apparition d’une guitare acoustique sur quelques passages et de rares doublages de voix, on a ce tout ce que le groupe est capable de reproduire sur scène avec ses seuls instruments.
Pour l’accroche, je retiendrais trois éléments principaux :
1. La basse de Claudio Botarro Neira, libre et sauvage comme les racines de ces grands arbres dans lesquelles on se nique les pieds, se trouve en nombreux terrains d’expression soliste pour argumenter le fait qu’il s’agit bien d’un instrument nécessaire à la lourdeur du Doom mais également pour participer à l’harmonisation de cette musique. L’interlude “Naufragios” est d’ailleurs une ode à la quatre cordes. Sobrement soutenue par quelques cymbales sur fond de bord de mer, les arpèges ronds à l’ambiance de bateau craquant après la tempête s’apparentent à ceux du « Rime Of The Ancient Mariner » de MAIDEN…. Un peu ce qu’il se serait passé si j’étais resté plus longtemps dans ces failles de grands canyons semblables aux inquiétants rivages de Jurassic Park.
2. La guitare soliste de Julio Borquez, telle une fichue attaque de moustiques indigènes et pratiquée sur une superbe BC Rich, offre autant en solo que sur les patterns mélodiques les instants de bravoure aux morceaux de CAPILLA ARDIENTE. Julio emprunte au Thrash des années 80 avec notamment cette utilisation infernale et rampante du vibrato. Ce qui donne le change à l’une de mes sempiternelles B.O de vacances consistant, en grand fan, à me refaire la discographie du père Mustaine !
3. La voix de Felipe Plaza Kutsbach, crépusculaire comme le souffle de cette lune pleine qui fout un peu les boules au retour d’une errance nocturne, n’évite pas l’écueil, régulier dans ce style, d’approcher les limites de la fausseté sur certains passages. Cependant le récit des psaumes contribuant aux ambiances mortuaires est parfaitement respecté ici. De bonne tenue et suffisamment modulée, le timbre en lui-même ne lasse pas sur la durée même si la longueur de certains morceaux donne dans le refrain un peu rengaine en fin de titre.
Et au moment où je couche ces dernières lignes, mes amis, la noirceur exerce son pouvoir sans fin et met un terme à mon voyage. Les allers et venues d’une marée clôturant l’album me bercent et me laissent choir sur les rivages où mes vacances se meurent à petit feu… Reste ce bon album, indispensable au paysage chilien, pour de très bonnes vacances. Il est temps pour moi de remballer maillot, tongs et skeuds à 100 balles pour vous retrouver. Ça sent la foire là-haut, tout ce temps en totale liberté! Il m’étonnerait que vous eussiez été sages. « Bravery, Truth And The Endless Darkness », un album dont les traits vous décriraient également à souhait, chère équipe droite, solide comme ce roc gravi en plein cagnard mais décidément pas fréquentable ! Maintenant Daddy’s Home !
Plein de baisers,
Nanard-Henri