[Chronique] CALADMOR – Of Stones and Stars

Bernard-Henri Leviathan
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Note : 7/10

Nostalgiques des épopées barbares et médiévales ou historiens de la Guerre des Gaules, « CALADMOR » frappe à votre porte ! Après avoir parcouru les chemins périlleux des Alpes, de leur Suisse natale jusqu’à vos chaumières, ces bardes d’un autre temps viennent vous soumettre « Of Stones And Stars », un second album (autoproduit après une première production sorti sur « Twilight Zone Records », label allemand) estampillé Folk Epic Metal. Alors, si l’originalité n’est pas toujours le fort de ce genre qui utilise les mélodies entendues et ré-entendues à travers les âges, je n’ai que trop rarement l’occasion de chroniquer ce type de groupe et il ne m’en faudra pas plus pour rendre agréable son écoute !

Alors dans un premier temps, je vous le dis tout de suite, si nous avons bien affaire à de la musique de druide de cuir vêtu, à ce Folk Metal-là, l’omniprésence ne sera pas laissée aux orchestrations d’instruments traditionnels affectionnées par des groupes tels que « KORPIKLAANI », « IN EXTREMO » ou encore « CRUACHAN » et qui font souvent la renommée du genre. Il y aura bien la présence d’un violon sur quelques intermèdes, voire d’un accordéon en fin d’album mais il faudra attendre « Dawn Of The Deceiver », le 4ème titre, pour entendre un peu de flutiots et autre cornemuse interprétés par un invité et compatriote helvète de choix (que l’on retrouvera également sur « Herolds Of Doom »), « Chrigel Glanzmann » (« ELUVEITIE »). Il faut donc compter, ici, essentiellement sur les guitares et les harmonies vocales pour reprendre les variations ancestrales (quelques textes exhumés du passé, entre 12ème et 19ème siècle dont l’Edda poétique en vieux norrois, appuient notamment ce propos). On pensera au passage à la ballade médiévale « Herr Mannelig », maintes fois reprises par les metalleux folkeux, à l’écoute du chant de « Laudine’s Lament ».

La musique de « CALADMOR », entre hymnes guerriers, quasi-viking (bien que le groupe ne foule pas les terres du Nord), et festivités médiévales, a ce côté très visuel qui sait porter l’auditeur dans des contrées de contes et légendes à travers les époques et les régions. Tous les tableaux y passent : la chevauchée venteuse pour échapper à la fessée de « Lugus » le Dieu Soleil, l’invasion du village qui vous laisse tout nu sans la peau d’ours toute neuve qui vous servait de slip, les chansons à boire pour se reposer le gosier après une journée de pillage, le chagrin inconsolable de la belle qui n’a pas vu revenir sa bête du combat et, même, la rencontre fortuite de damoiselles à la voix d’ange se baignant nues (elles aussi !) dans la rivière sous l’œil vicelard de trolls poilus ! Et tout cela, sous le regard narquois de dieux païens et les incantations de « Christopher Lee ».

Avec « Of Stones And Stars », il est donc question de … pierres et d’étoiles apparemment, mais cela prend tout son sens. Pierres comme le roc de la voix abrasive de « Maede » (également batteur de la troupe) s’inscrivant la plupart du temps dans une pratique Black/Death. Etoiles comme la touche féminine de « Babs » au chant fragile et souvent haut perché dont la tessiture et le placement pourront également irriter à plusieurs reprises. Nous voici donc en terrain balisé par les poncifs du Metal à tendance gothique, « WITHIN TEMPTATION » en tête, vous direz-vous. Mais entre ciel et terre, on trouve également une voix masculine claire permettant d’élargir encore les possibilités vocales et de donner de la consistance guerrière aux chœurs sur les passages les plus ambiants. Sur « Dawn Of Deceiver », d’étranges accents rappellent étonnement le timbre chevrotant de « Serj Tankian » (« SYSTEM OF A DOWN ») donnant une touche plus sautillante et joyeuse à ce morceau.

Musicalement, « CALADMOR » propose une instrumentation solide et entraînante. Les guitares et la batterie sont maîtrisées pour un rendu parfaitement équilibré. Notons par ailleurs la présence d’un autre invité suisse, « Joël Gilardini », qui propose quelques soli de guitare pour 3 titres qui n’apportent pourtant pas de réelle plus-value aux chansons tant leur interprétation n’est en rien indispensable ! L’album se clos sur 2 titres qui méritent d’être évoqués plus en détails : l’enjoué « Taberna Trollis », dont les « Oy ! Oy ! » et la rythmique empruntée à la Polka nous rappellerons à un certain « FINNTROLL » et le final « Helios Sky », laissant les voix former un canon et se terminer « a cappella » dans une atmosphère presque religieuse.

Avec, « CALDMOR », il n’y a pas de réelle surprise. Ceux qui ne jurent que par le Metal plongeant dans les racines de la terre trouveront certainement, dans cet album, une pépite de choix. Mais, espérons que les allergiques ne vomissent pas trop vite leur lassitude car, avec « Of Stones And Stars », « CALADMOR » offre un album agréable et solide, une potion revigorante pour bouter les germains et les romains hors de l’Helvétie à grands coups de baffes en pleine tronche ! Reste au groupe à confirmer ce potentiel. Alea jacta est !

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