[chronique] BREITENHOLD – The Inn Of Sorrowing Souls

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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Encyclopedia Metallum (seul lien permettant de mieux comprendre l’implication de celui qui se cache derrière Breitenhold, aucun site officiel ou page de réseau social n’existant à ce jour)

Note : 7/10

Si vous suivez les chroniques de Lords of Chaos, et plus particulièrement celles de votre serviteur, le nom de Cederick ForsbergCed pour les intimes – doit forcément vous dire quelque chose. Et si tel n’est pas le cas, vous pouvez aller rechercher les articles traitant des nouveaux Rocka Rollas, Cloven Altar et Blazon Stone. Tous ces albums ont, vous l’aurez compris, pour point commun le musicien hyperactif, imposant sa patte à des degrés divers (cf lien d’Encyclopedia Metallum pour m’éviter dix lignes de résumé !). Et quand je dis « hyperactif », je pèse doucement mes mots, car ces quatre albums ont pour autre point commun le fait d’être sortis en l’espace de quelques semaines, tous sous le label indépendant américain Stormspell Records !

Si vous connaissez le suédois, vous savez déjà que c’est un passionné de speed metal à la Helloween, Gamma Ray ou Blind Guardian, sa voix s’apparentant d’ailleurs à celle du Kai Hansen des débuts. Et si vous regardez attentivement la pochette signée Mario Lopez, vous devinerez aisément que l’influence marquant le second album de Breitenhold sera incontestablement celle de Blind Guardian. Et à l’écoute, il n’y a pas le moindre doute, jusqu’à l’ambiance médiévale de Mirrors of Life, calme morceau dansant au sein d’un flot de speed metal sous double influence teutonne, un peu comme si Kai Hansen chantait sur d’anciens titres de Blind Guardian. Oui, je dis « ancien » car n’allez pas chercher de morceaux orchestraux à la Wheel of Time, Ced s’intéressant à la période allant jusqu’à Nightfall in Middle Earth. On retrouve donc appliquée la recette chère au Gardien Aveugle, à savoir des tempi rapides, des changements de direction brutaux et parfois surprenants (Light the Fire, Halls of Steel), une batterie ultra puissante et un chant au diapason de l’agressivité générale, même si l’on ne peut s’empêcher de penser qu’Hansi Kursch reste le seul à pouvoir illustrer de telles compositions.

Si l’on regarde le livret d’un peu plus près (mais si, regardez, l’essentiel est là, en haut de page !), vous verrez que la voix comme l’intégralité des instruments et compositions sont du fait du sieur Cederick ! Et rien que cela, ça mérite le respect au vu du résultat obtenu. Breitenhold n’est donc pas un groupe, mais bel et bien un projet solo.

Alors qu’en est-il du résultat final ? Soyons clair, tout n’est pas parfait, loin de là. Car le point fort du modèle Hansi Kursch est de maîtriser toutes ses lignes de chant, ce qui n’est pas encore le cas de Ced, faible dans les graves (le douloureux refrain de Something of the Past ou le passable A Soulless Tale, morceau speed pourtant doté de sacrés riffs mais à l’impact diminué par une voix pas toujours adaptée). Les titres sont également moins variés, bien moins travaillés que ne le sont ceux du dernier Rocka Rollas, Pagan Ritual, véritable chef-d’oeuvre sur lequel je vous recommande de vous précipiter ! S’ensuit donc si l’on manque d’attention un relatif ennui qui voit les titres s’enchaîner sans qu’aucun ne tire véritablement la couverture à lui. Pour autant, The Inn of Sorrowing Souls reste fort recommandable, avec suffisamment d’ingrédients savoureux permettant de relever l’ensemble. A piocher dans les livres de recettes de grand-mère, même un modeste tâcheron – ce qu’est loin d’être Cederick ! -, fera forcément mieux qu’un fainéant mettant sa barquette au micro-ondes. Le titre éponyme ouvrant l’album réveillera l’âme de l’amateur de speed metal allemand à l’ancienne, lui filant la banane pour la journée et lui donnant l’envie d’aller voir après ce qui s’y passe, voire même d’y revenir, encore et encore. Le court solo d’ouverture du formidable instrumental Return to the Secret World brouille un instant les pistes, presque Van Halen, avant que la rythmique teutonne revienne à la charge, avec batterie et guitare se faisant la course tout au long du morceau, prouvant s’il en était besoin que Ced est un sacré musicien. Le meilleur titre de l’album reste pour moi Light the Fire, véritable symbiose entre les univers musicaux de Blind Guardian et Gamma Ray ; la guitare et le chant sont clairement les points forts du morceau, avec une jolie ligne de basse au milieu ; et quelle agressivité quand le chant épouse le riff avant que ne monte le refrain ! Une véritable réussite valant à elle seule le détour ! Et que dire du remarquable Halls of Steel, titre le plus long de l’album culminant à presque huit minutes, petit bijou truffé de soli et de breaks bien sentis, guitare et basse ne cédant jamais le pas l’un à l’autre.

A vrai dire, le seul véritable tort de l’album est de sortir en même temps que le formidable Pagan Ritual de Rocka Rollas, véritable pierre angulaire de l’oeuvre actuelle du jeune multi-instrumentiste (26 ans !). Difficile de se faire un avis d’une totale neutralité lorsque deux œuvres finalement assez proches sortent de concert. La plus brillante fait immanquablement de l’ombre à sa petite sœur. Certains reprocheront inévitablement au suédois de s’éparpiller et lui recommanderont de se calmer et de respirer un peu. D’autres, dont votre serviteur, prendront un plaisir coupable à goûter l’excès de créativité du musicien, ne recherchant pas forcément la perfection mais le bonheur tout simplement, celui d’une expression musicale libre de toute entrave.

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