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Après la Bolivie (Headcrusher, récemment chroniqué), c’est direction le Chili pour Docteur Herbert ! Les voyages, ça forme la jeunesse, et quand c’est virtuel, ça coûte pas cher ! Exit le metalcore, ici, on va jouer dans la cour du heavy, du vrai, avec du cuir sur la peau – rouge et noir de préférence, ça rappelle Tipton -, et des cheveux plein la tête, à rendre jaloux certains de mes collègues… ah, ils me font signe que la crinière d’Andy Gun (troisième en partant de la gauche) va pas tarder à tomber, c’est juste une question de temps,… les ravages du grand âge ! Le heavy étant un terme devenu vaste avec le temps et l’accumulation des sous genres, je précise que nous avons plutôt affaire ici à du power metal pur jus, tel qu’il se pratiquait dans les années 80, surtout aux States, magnifié notamment par Jag Panzer et leur formidable Ample Destruction. On retrouve donc les racines de la NWOBHM, avec un rythme plus vif, plus agressif, et l’on comprend sans peine que le genre, à cette époque, n’allait pas tarder à inspirer toute une frange du metal teuton que beaucoup penseront d’ailleurs reconnaître ici. Le Judas Priest de ces années-là est également une influence majeure, tout comme Iron Maiden forcément. Et comme nous sommes en 2017 – même si l’album date de 2016, je vais y revenir -, nous avons affaire à de l’old school en mode revival, à moins que le Chili ait 35 ans de retard sur le reste du monde.
Bolido (météore en espagnol) s’est formé à Santiago en 2010, autour du bassiste Vic Deimos et du guitariste-chanteur Johnny Trevino. Premier album, We Are Rock, en 2014, avant que la machine s’accélère et sorte en 2016 un second album, Heavy Bombers, mais en format digital uniquement. Fort d’une réputation grandissante au sein de son pays, le label Fighter Records (Whäldemar, Excalibur) signe le groupe et édite son second effort sous le support argenté tant convoité. Améliorer son circuit de distribution n’est jamais un mal, et il est désormais temps pour les chiliens de partir à la conquête de l’Ancien Monde, sorte de conquista à l’envers. C’est ainsi que les bombardiers lourds d’un autre temps nous balancent sur le coin de la figure une nuée de guitares, ce qui ne se limitera d’ailleurs pas au look de la pochette, délicieusement 80’s. Car c’est à un véritable déluge de riffs et de soli en ordre de bataille auquel nous allons avoir droit, balancé de façon directe et totalement décontractée. La voix monte haut dans les aigus, mais c’est dans le registre medium qu’elle est le plus à l’aise, manquant un poil de puissance dans ces notes rappelant des performances auxquelles Gamma Ray nous a depuis longtemps habitués. L’alternance des deux tonalités rappelle, toute proportion gardée et dans un registre différent, la façon de chanter d’un certain Rob Halford, écoutez Never Ending Road pour vous en convaincre. Alors elle est peut-être également par endroits sous mixée cette voix, comme sur le morceau d’entrée, The Absolute Dominion of the Skies, mais elle assure le boulot sur l’ensemble des titres, se montrant plus qu’entraînante sur les morceaux orientés hard-rock que sont Rock’n Roll Days et Win Lose or Draw. Ces morceaux offrent d’ailleurs une autre facette intéressante du groupe, le hard-rock servi laissant clairement deviner ses racines blues au travers de quelques accords de guitares. Et l’on va encore plus loin avec Real Nature, surprenant morceau au sein duquel se découvre un saxophone en roue libre parfaitement à sa place et jamais hors sujet.
La rythmique est quant à elle parfaite de bout en bout, et la basse se retrouve logiquement mise en avant, Vic Deimos étant l’une des deux têtes à penser du groupe, menant la danse sur War Machine, Real Nature, ou sculptant le break de Rock’n Roll Days de bien belle façon. La batterie n’est pas en reste, alternant les tempi avec aisance, et livrant l’intro martiale de The Absolute Dominion of the Skies ou se montrant plus mesurée sur celle de The Heroes. La guitare lead se livre quant à elle à d’excellentes prestations, volubile avec son rythme saccadé, insouciant (The Absolute Dominion of the Skies encore), brillante à maintes reprises et sans faire d’excès sur The Heroes, ou prenant encore des accents seventies sur le morceau titre. Sur Revenge, elle nous livre un riff typiquement NWOBHM, avec toujours cette excellente prestation soliste, qui traverse le morceau de part en part, sachant toujours où rebondir.
Alors tout n’est pas parfait dans cet opus, bien sûr. Le côté daté rebutera les mordus de metal « air du temps », c’est certain. On regrettera que les aigus ne soient pas toujours aussi convaincants qu’ils le devraient, notamment sur un titre comme Supersonic, morceau pourtant doté d’une intéressante rythmique (je chipote peut-être un peu pour la voix, mais que voulez-vous, j’ai grandi en écoutant Halford et Matos !). On notera aussi l’absence de réelle prise de risque, hormis l’intervention incongrue de ce miraculeux saxophone, sur l’excellent Real Nature, démarrant comme une chanson intimiste du Priest époque Hell Bent for Leather (on pense énormément à Before the Dawn) et culminant en quelque chose de nouveau, de réellement épatant vous filant la banane pour la journée. Il faut cependant avouer que cette (res)sortie a quelque chose de rafraîchissant, qui rappelle que les racines de notre metal vénéré ne connaissent pas de frontières, et continuent à donner de bien jolis fruits, même à l’autre bout du monde.
Allez sur leur page Facebook, likez-les, suivez-les, ces gars-là le méritent, d’autant qu’ils planchent à l’heure actuelle sur leur troisième bébé, qu’ils nourriront de vos encouragements ! Hail to the metal !!!
Note réelle : 3,5/5.
Morceau favori : Real Nature !