[chronique] BACKHILL – Shadow Man

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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Note : 10/10, album du mois !!!

Bon, alors là, je ne sais pas si vous avez remarqué les gars, mais j’ai écrit 10/10, là, juste au-dessus !!!

Alors OK, je suis en mode relaxe, il fait beau, les vacances approchent, mais cela n’explique pas tout. Une telle note ne signifie pas n’importe quoi pour moi : elle symbolise bien sûr une réussite évidente au niveau des compositions, mais aussi un bel exercice d’équilibre établi entre la piste numéro 1 et la dernière de la galette, parcours semé d’embûches qui n’évite pas toujours l’ennui quand beauté rime avec linéarité. Un excellent album n’est pas pour moi composé de deux ou trois titres forts avec au milieu quelques déclinaisons jouant sur le même tempo, la même dynamique, non, il faut que la chose respire, surprenne avec quelques virages inattendus, accélérations et décélérations ou autres surprises du même tonneau, tout en maintenant dans l’ensemble une certaine cohérence ; le placement des morceaux est aussi primordial, ce choix relevant de la haute stratégie militaire : vous pouvez avoir de bonnes troupes, si vous les placez au mauvais endroit, au mauvais moment, le cours de la bataille peut en être changé (euh, ça marche aussi avec les recettes de cuisine, mais je trouvais ça moins viril…).

Je vais donc vous parler maintenant de la nouvelle sortie du label Stormspell Records, qui décidément semble avoir le nez creux en termes de qualité (Rocka Rollas, Ancient Empire, Claymorean, Shadowkiller,…) pour tout ce qui concerne une certaine frange du metal traditionnel (heavy, power, thrash, tout ceci dans un esprit souvent old-school, mais toujours avec les moyens d’aujourd’hui). Le jeune poulain se nomme ici BACKHILL, et il s’agit ici de son premier album. Attention, il ne s’agit pas pour autant de novices en la matière. Kimmo Perämäki est le maître à penser de ce combo finlandais, puisqu’il se charge modestement du chant, de la guitare, de la basse et du clavier, laissant la batterie à son compère Marko Ylä-Häkkinen. Vous l’aurez compris, il s’agit bel et bien d’un projet solo. Venant des groupes CELESTY, CROW’S FLIGHT et MASQUERAGE, Kimmo nous sert ici un savant mélange de metal mélodique, allant du heavy classique et classieux en passant par l’AOR, le hard-rock, voire même un brin de glam. Et le moins que l’on puisse dire et que l’inspiration est à chaque fois au rendez-vous !

A vrai dire, en lançant le disque, je m’attendais à tout autre chose, comme à du… KING DIAMOND, tant la pochette me faisait penser au Them du suédois au pied de micro taillé dans un fémur : la maison à filer les chocottes, un spectre menaçant se dressant au-dessus d’elle, l’arbre aux racines torturées, les couleurs irréelles tirées tout droit d’un cauchemar. Il y aura bien ici ou là quelques lignes de guitares dignes du duo mythique de MERCYFUL FATE, mais lorsque le titre éponyme commence, on sait que l’on a fait fausse route. L’entrée en matière est exceptionnelle et nous projette au sein d’une mêlée totalement maîtrisée (pas une note de trop, tout est millimétré sans pour autant perdre en spontanéité), d’où émerge une voix digne de Michael Kiske ou Ralph Scheepers. Autant dire que l’aisance vocale est impressionnante, toute en puissance dans les aigus comme à l’aise dans les mediums. Un sacré vocaliste s’exprime ici, et je me demande sincèrement comment j’ai pu passer à côté jusqu’ici. Comment ne pas résister aux envolées de Shadow Man et à celles encore plus folles de She Said, deuxième titre et deuxième pépite de l’album, lancé sur une rythmique tout maidenienne donnant envie de remuer dans tous les sens, véritable skeud balançant la sauce en seulement deux minutes trente ? Je ne vais pas me lancer dans la facilité du track by track, même si cet album en donne sacrément l’envie, mais je vais quand même parler de la troisième offrande, Rich Inside, morceau plus glam dont les premiers instants me font penser au Poison d’Alice Cooper, avec son phrasé si particulier, terriblement sexué, et ses guitares qui enrobent en délicats touchers de cordes. Les effets secondaires de ce morceau n’ont pas tardé à se montrer, et mon rimel s’est mis à couler tandis que mes cheveux prenaient du volume en un impeccable brushing ! Peut-être mon morceau favori, pour une simple histoire de goût, et ce qui fait justement la grande réussite de l’album est de pouvoir donner à chacun selon ses appétences un favori sur les dix que compte l’album. Dix titres, chiffre magique sorti tout droit des années 80, comme si la recette était là, à ne pas dépasser sous peine de risquer la surdose. Dix titres qui donnent tout simplement envie d’y retourner, comme en ce bon vieux temps où l’on ne cherchait pas à épater mais plus simplement à donner le meilleur de soi-même sur un format qui avait fait ses preuves (oui, je sais, sur les vinyles, il n’y avait pas autant de place que sur les formats d’aujourd’hui, mais bon !).

Sur Shadow Man, on trouve aussi, et toujours au juste endroit, des morceaux plus calmes reposant sur un piano, quelques accords de guitare ou plus simplement encore sur la voix du chanteur, qui se prête alors à un autre jeu, plus subtil mais tout aussi fascinant. Il y a tout d’abord le très bel instrumental Jaakko and the Beanstalk, désarmant de simplicité et de feeling, avec un superbe pont de guitare, puis vient ensuite Living a Lie, ballade belle à en pleurer, sur laquelle Kimmo nous livre une prestation plus intimiste, presque fragile, parfois proche de The Divine Comedy et de son presque soliste Neil Hannon. Beau, superbe, et absolument pas guimauve. Le plus beau viendra avec le morceau final, arrivant un peu comme un générique de fin et nous laissant la larme à l’œil sur un duo effectué avec Heidi Perämäki, accessoirement conjointe du leader, autour d’un simple piano, morceau qui n’a d’ailleurs plus grand chose à voir avec le genre metal.

Mais si le heavy-rock vous a manqué, jetez-vous sur The Burned Ground et Time Won’t Wait Your Crying, ils auront largement de quoi vous satisfaire, le second ayant une furieuse tendance à vous donner envie de taper du pied et tout d’un coup de s’arrêter en vous faisant dire « Putain, quelle voix ! » !

La Scandinavie est depuis des lustres un vivier riche en talents dans l’univers qui nous intéresse. Vous l’aurez compris après avoir lu cette chronique, BACKHILL est la dernière révélation en la matière ! Projet solo voué à une seule et unique sortie ? J’espère bien que non au vu de la réussite insolente de cet opus ! Maintenant, amateurs de metal mélodique, vous savez ce qu’il vous reste à faire en ce début d’été !!!

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