[Chronique] AVENGER – The Slaughter Never Stops

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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Note : 7/10

Les murs de ma demeure enflent sous l’écho lourd de voix fantômes. Cela dure depuis déjà quelques années, mais chaque mois qui s’écoule semble ajouter de la force à ces voix d’outre-tombe. La maison est ancienne il est vrai, sordide par endroits selon certains. Je me suis habitué au grattement sournois des rats dans les cloisons, et je suis familier de ces sons surgissant du passé, d’autant plus facilement qu’ils évoquent pour moi des souvenirs heureux.

Mais est-ce vraiment un spectre qui gémit ? Les narcotiques m’embrument, et il est fort possible qu’il s’agisse de quelque chose de bien plus terre à terre.

Depuis quelques années, la musique que nous aimons tant, celle vers laquelle nos pensées se tournent irrésistiblement, cette musique, dis-je, se penche inlassablement sur son passé, sur ses racines, et de multiples courants hier oubliés ou en perte de vitesse se voient revisités. Le thrash bien sûr, mais pour ce qui m’amène à prendre la plume ce soir, c’est à la NWOBHM que je pense, concrétion linguistique que je me refuse à traduire de nouveau, partant du principe que mes lecteurs savent déjà de quoi il s’agit.

Les notes que j’ai en tête ne concernent pas un combo récent rendant hommage à un passé glorieux, non. Il s’agit bel et bien d’un acteur de cette scène, présent lors des premiers temps du mouvement, au début des années 80.

Avenger, puisqu’il s’agit d’eux, est un groupe originaire de Newcastle, qui naquit en 1982 des cendres de Blitzkrieg. Un an plus tard, échange de chanteurs avec les confrères de SATAN, Ian Swift devenant ainsi la voix du combo et rejoignant Mick Moore, Gary Young, John Browless et Les Cheetham. Deux albums seront enregistrés avec cette formation, Blood Sports (1984) et surtout le très réussi Killer Elite (1985). S’ensuivit une tournée américaine (1986), mal exploitée par leur label (chose hélas courante pour nombre de groupes issus de ce courant). Cette virée fut fatale au groupe, et s’ensuivit l’inévitable split. Ian Swift rejoignit Atomkraft tandis que Gary Young revenait au sein du phénix Blitzkrieg.

Cependant, comme le dit si bien Lovecraft, N’est pas mort ce qui à jamais dort. En 2002, Sanctuary Records décide de rééditer les œuvres d’Avenger. Puis c’est au tour d’un label brésilien, Frontline Rock, d’éditer les deux albums et de les distribuer en Amérique du Sud. S’ensuit une reformation en 2005, accompagnée d’une tournée avec le groupe américain Y&T.

Avenger suit ainsi les pas d’Angel Witch sortant de sa longue traversée du désert, de Hell qui a su patienter 30 ans avant d’éditer son premier album !!! C’est d’ailleurs avec ce groupe que l’on peut le plus rapprocher le nouvel effort d’Avenger, sorti sous le label Rocksector Records. The Slaughter Never Stops, sorti au crépuscule de l’an de Grâce 2014, emprunte une démarche similaire, théâtrale en même temps que musicale (bien que moins flagrant chez Avenger, il est vrai), old-school en même temps qu’éminemment moderne.
Tout démarre de façon grandiloquente, avec ces violons enrobés de claviers s’enroulant autour du rythme imposé par quelque maître de galère sur la chiourme ensanglantée par le fouet. Mace Imperial introduit l’album à la façon des collègues de Hell, façon bande originale de série B, sauf que l’on est plus ici dans le peplum que dans l’horreur. Et quand commence Race Against Time, on entre illico dans le vif du sujet, avec un heavy dans la plus pure tradition, burné, racé, saupoudré d’influences plus modernes qui en affûtent le tranchant. Et la musique, c’est bien ce qui m’a impressionné le plus tout au long de l’album et de ses 46 mn. Des riffs heavy en diable, servis par une rythmique d’enfer (Fields of the Burnt, Flayer Psychosis, Midnight Mass Destruction), desquels surgissent quelques soli de guitares bien sentis. Ian Swift et Gary Young (chant et batterie), seuls survivants des premiers temps du groupe, en ont encore sous le coude, et ça se sent.

Côté chant, les premières écoutes m’ont laissé plus sceptique. La voix de Swift a vieilli, certes, mais elle est encore plus que convaincante, même si on peut lui regretter l’ampleur qu’elle avait jadis, cette aisance qu’elle avait à jouer dans les aigus. Elle me fait aujourd’hui penser par moments à Blaze Bayley, l’intérimaire d’Iron Maiden, avec son timbre chaleureux mais un peu nasillard. La hargne, j’ai tout d’abord trouvé qu’il en manquait à cette voix, ce qui est un comble pour un album de heavy. Les trois premiers morceaux sont chantés de façon un peu trop… nonchalante, Swift se réclamant plus d’Elvis et de ses consonnes avalées que des rugueux ou scintillants chanteurs ayant marqué les meilleurs albums de la NWOBHM. Je n’irai pas jusqu’à dire que je m’attendais par moments à entendre des Be-Bop-a-Loola,… mais pas loin, et c’est d’autant plus frappant sur les refrains.

Dès Into The Nexus, par contre, on change de registre et le petit défaut remarqué se gomme au profit d’un chant plus agressif, qui se lance sur le final dans des aigus carrément jouissifs. Enfin ! Et ce ne sont pas Decimated et les trois derniers morceaux virulents de l’album qui vont me contredire.

Entre temps, on a droit à une excellente reprise du célèbre Killer de Maiden, immortalisé par Di Anno et si souvent repris par Dickinson, Swift s’y montrant un parfait mix entre les deux chanteurs. C’est assez étonnant d’ailleurs, car lorsque le morceau suivant commence – le long et brillant Flayer Psychosis -, on croirait continuer avec un titre de la Vierge de Fer ! Histoire de fermer la parenthèse référentielle – on sent que la bande à Harris est un modèle du genre pour Avenger -, il y a un Ohohhohhhoh entonné par le chanteur sur Shot to Hell qui rappelle furieusement les avances faites par Dickinson à son public d’emblée conquis et heureux de pouvoir accompagner leur chanteur le temps d’un court instant.

Vous l’avez compris, The Slaughter Never Stops s’adresse aux adorateurs d’un metal ancré dans les années 80. Il ne révolutionnera pas les bases du genre et son but n’est pas là, car il vise un public bien ciblé. Et nul doute que celui-ci trouvera un plaisir délicieusement coupable à l’écoute de ce disque.

Bon, les gars, par contre, pour la prochaine fois, sortez-nous une pochette digne de ce nom (Note du relecteur : j’allais le dire) !!!

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