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Amphessatamine Nexion
Et soudain, tout redémarra …
Le sang commença à affluer à nouveau dans mes tempes, martelant tout mon être comme un millier de tambours de guerre.
Je repris mon souffle et ce dernier semblait être le premier de ma vie. Il était brûlant et âcre, je compris alors que l’air qui m’entourait n’était que cendres et désespoir.
Toujours sonné et l’esprit encore embrumé, des milliers de voix semblaient vouloir résonner en moi. Ce réveil inespéré aurait du me redonner espoir. Et pourtant, au fond de moi, je savais que quelque chose clochait. Je tentais de me dégager et constatais avec effroi que j’étais à moitié enseveli sous un épais mélange de gravas et de débris.
Émergeant de ce noirâtre bourbier, mes sens commençaient doucement à s’éveiller et c’est là que les douleurs commencèrent. Tout mon corps semblait hurler sous les effets de la chute, ma chair n’était plus qu’un amas de viande meurtrie. Quant à ma mémoire, elle semblait, elle aussi, avoir besoin d’un peu de répit.
Puis peu à peu, les souvenirs me revinrent, mes errances nocturnes au cœur d’Ephyra et ses sombres dédales, mes longues recherches diurnes afin de trouver la mythique Acheron, mon départ précipité de cette nuit pensant l’avoir enfin trouvé, la caverne perdue dans la vieille ville, puis le trou noir…
The precipice where souls slither
Perdu dans mes pensées, c’est le goût du sang qui me rappela à ma situation. Ce goût de fer si caractéristique envahissait mon palais et ma gorge et me faisait prendre conscience de l’ampleur de ma chute. Depuis combien de temps j’avais atterri ici, rien ne me permettait de le dire. J’avais probablement du perdre connaissance quand le sol m’avait rattrapé de ses bras rugueux et meurtriers. Détaillant un peu les alentours, je semblais être dorénavant dans une galerie très profonde creusée au cœur de la roche. Contrairement à ce à quoi j’aurais pu m’attendre, l’endroit était baigné d’une lumière discrète mais suffisante, provenant de plusieurs torches semblant être disséminées régulièrement tout le long de la grotte où je me trouvais. Ce dispositif me permettait de distinguer avec plus ou moins de détails les contours des lieux environnants . J’étais a priori au sommet d’une haute colline souterraine surplombant, d’après le bruit constant qui me provenait, un cours d’eau . Était-il possible que dans l’adversité, mes recherches aient finalement porté leurs fruits ? Difficile à dire, tant la chance semblait m’avoir quitté dans ces instants douloureux.
Malgré mes blessures, mon corps entier commençait à être en alerte, dopé à l’adrénaline, je sentais au fond de moi que j’étais loin d’être au bout de mes surprises et que mes questions trouveraient bientôt réponses.
L’ambiance se faisait de plus en plus pesante dans la grotte et la lueur vacillante des torches révélait de mystérieuses ombres au loin qui ne me disaient rien qui vaille.
Yesh li el Yadi
Plus je me rapprochais du cours d’eau et plus ma gorge se resserrait. Mon cerveau était en pleine ébullition et envisageait une multitude de scénarios plus délirants les uns que les autres. Il me semblait entendre des voix au loin semblant prononcer de mystérieux râles et mots inconnus. Le tout formait comme une obscure mélopée, retentissant par écho et semblant m’envelopper à chaque pas. C’est alors que je les vis, trois silhouettes semblant flotter à l’horizon et se rapprocher dans ma direction. Mon cœur commençait à battre à la chamade et semblait vouloir sortir de ma poitrine, contractant chacun de mes muscles dans sa tentative effrénée d’échappatoire.
L’air venait à me manquer et chaque bouffée devenait de plus en plus douloureuse, remplissant mes poumons de souffre et de peur.
La sueur ruisselait sur mon front et mes yeux ne pouvaient se détourner de cette rencontre inéluctable quand soudain, ils disparurent.
Surpris par cette disparition inexpliquée, je stoppai net et regardai autour de moi, plus paniqué que soulagé, ne pouvant pas croire à cette issue salvatrice.
Tétanisé par la peur et l’appréhension, la panique m’envahissait quand tout à coup mon sang ne fit qu’un tour. Les trois ombres venaient de réapparaître à quelques mètres de moi comme par magie et avaient les yeux rivés sur moi.
A l’éclat des torches, je distinguais à présent distinctement mes assaillants, encapuchonnés et immobiles, les yeux soulignés de khôl noir, les trois ne semblaient faire qu’un . Lorsqu’ils se rapprochèrent ensemble, la transe commença. Prisonnier de mon propre corps, ma pensée ne pouvait se concentrer sur autre chose que leurs yeux, ne semblant pas cligner, ceux-ci étaient d’un noir intense et profond. Ce gouffre d’iris m’attirait à lui, m’intimait de ne pas bouger et semblait arrêter le temps.
Corrupted Epignosis
Leur peau immaculée me captivait et lorsqu’ils entreprirent de m’encercler, chacun de leur mouvement me semblait bien trop irréel, trop rapide, presque félin.
L’un d’entre eux s’avança vers moi, déterminé et silencieux comme la mort.
Je vis une longue main blanche sortir de sa robe noire et s’approcher rapidement de mon torse.
Je sentis immédiatement le contact glacé de ses doigts sur ma peau et la douleur fulgurante qui suivit me mit au bord de l’inconscience.
Alors que des larmes de souffrance coulaient sur mon visage, j’entrevis sa main et devinai que ses doigts glacés avaient transpercé ma chair et enserraient littéralement mon cœur.
Alors que tout mon être suppliait que l’on abrège ses souffrances, tout devint trouble. La transe s’empara de moi, dépassant la souffrance et la peur, tout était maintenant terminé, plus rien ne comptait, mon esprit se séparait de mon être.
Je me vis quelques centimètres plus bas, inerte aux mains de mon bourreau. La mélopée obscure était toujours là mais prenait enfin sens. J’avais l’impression de l’avoir toujours connu et même de l’avoir cultivé et apprécié tout au long de ma vie. Elle faisait partie de moi.
J’assistais de loin à cette scène étrange et j’avais du mal à me convaincre que j’étais cette proie tétanisée subissant les derniers outrages. Je vis l’étreinte de mon assaillant se resserrer et un épais liquide noir et fumant s’échapper du trou béant qui renfermait mon cœur.
Dès cet instant, je compris. Moi qui avais toujours cru voir, j’étais aveugle, moi qui pensais connaître la vérité, je m’étais fourvoyé. J’avais cru mourir à l’instant et voilà que j’ouvrais les yeux pour la première fois et renaissais.
Je repris place dans mon corps et saisis fermement la main de mon agresseur. Je vis dans son regard, qu’il avait compris. Tel un feu sacré et flamboyant, la vérité m’avait foudroyé et il le savait. Je vis un rictus poindre à son visage et il desserra lentement son étreinte puis recula.
La légende disait que La vérité se trouvait au coeur d’Acheron.
Tombant à genoux, je riais maintenant à gorge déployée devant l’évidence. Toujours entouré des trois silhouettes, j’ouvris lentement les yeux qui semblaient voir clair pour la première fois.
Alors les trois retirèrent leurs capuches et je me vis en chacun d’eux, ils étaient mes forces, mes doutes et surtout mes démons. La vérité d’Acheron était un miroir.
Nul besoin de Croyance ou de Superstition,
la seule et unique Force ,
la seule Loi et la seule Vérité,
c’est la Nôtre .
Hunter Ravnika