[Chronique] VIRCOLAC – The Cursed Travails of the Demeter (EP)

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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L’Irlande est le pays des sidhes, des leprechauns et des banshees, mais le quintet originaire de Dublin dont il est question ici a choisi le patronyme de Vircolac, dérivé du grec vrykolakas, qui désigne des non-morts proches cousins du vampire, du nosferatu. On peut le reconnaître à ses cheveux roux (d’où le choix évident pour des irlandais !), à ses yeux gris. Si l’un de vos proches a mangé récemment du gibier précédemment mordu par un loup, méfiez-vous ! Le mot désigne également les loups-garous dans certains pays, forme qu’affectionne parfois le non-mort aux dents longues et au teint blafard.

Sorti de la tombe en 2013, Vircolac avait déjà été signalé par deux démos, dont l’inquiétant Codex Perfida. Le groupe se définit lui-même comme appartenant à la mouvance du death-metal. Mouaif… J’aurais plutôt envie de dire horror metal, voire black-death. Hébergé sous la cape du label Sepulchral Voice Records, le quintet nous livre un premier EP, The Cursed Travails of the Demeter, déclinant avec un remarquable aplomb les déviances qui lui sont propres.

Les connaisseurs de l’oeuvre de Bram Stocker auront reconnu dans le titre une évidente référence au nom de ce navire amenant sur les côtes anglaises le cercueil contenant le maléfique comte Dracula. Et dès le morceau éponyme, on se prend à ressentir les remous de cette mer déchaînée, ces vents aux relents putrides faisant claquer les voiles du vaisseau, cette peste qui s’installe dans les cales alors que les rats se multiplient,  cette peur qui étreint le cœur des marins au fur et à mesure que le nosferatu s’empare de leurs vies, faisant couler le sang pour mieux s’en abreuver. Et l’image de ce capitaine choisissant de s’attacher à la barre de son navire s’installe, tandis que l’on entre dans le port de Whitby, situé dans le Yorkshire, non loin de la frontière écossaise.

Côté musique, grosse évolution pour Vircolac. La production est bien meilleure, gardant cependant ce petit côté « enregistré dans une cave » qui ravira les puristes. Tous les instruments se distinguent, et tout particulièrement cette batterie merveilleusement maîtrisée par NH (ex Cruachan notamment). Elle se révèle bien plus inspirée que sur les précédentes démos, alternant les tempos sans se contenter des blasts de rigueur dans ce genre de productions. Une véritable rythmique qui donne le ton et fournit les breaks venant inexorablement chalouper les morceaux dont le brillant titre éponyme se fait fort. Les guitares déploient des riffs menaçants, s’abandonnant aussi parfois à d’agréables soli à la coloration très vintage (Charonic Journey). On pense parfois à Carach Angren, dépourvu des oripeaux sympho, à sa façon si particulière de tisser des ambiances autour de la thématique des hantises. Varathron aussi m’a caressé l’esprit, à cause de la voix de goule possédée de Laoghaire. L’ultime morceau, le très long (plus de 9 mn) Betwixt the Devil and Witches, convoque quant à lui l’esprit de The Vision Bleak, avec une approche plus subtile de l’art noir, la voix du chanteur se voulant plus inquiétante, culminant dans des lancées claires et graves dignes de Konstanz, doublant les grunts classiques. La batterie est sur ce morceau remarquable de touché, donnant du corps à ce morceau tandis que la basse en constitue le squelette. Car quand j’entends certains esprits chagrins dire que les bassistes sont des guitaristes qui jouent avec des moufles, je leur demande de se pencher sur l’écoute de Charonic Journey, et tant pis s’ils se mettent alors à trembler dans leur coin, domptés par le Peur !

J’ai cité quelques noms qui me sont venus à l’esprit, mais n’allez pas vous leurrer, Vircolac n’a besoin de personne pour imposer sa personnalité. Et nul doute que le prochain effort, un véritable album cette fois-ci, saura asseoir la réputation du groupe et lui faire gagner des points dans le milieu de l’underground, voire même au delà…

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