[Chronique] MAGIC DANCE – New Eyes (7 décembre 2018)

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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Si vous êtes occupé à lire cette chronique, c’est que vous êtes un fan des productions Lords of Chaos : la qualité de ses chroniques, la subtilité de ses analyses, sa capacité unique à vous faire découvrir des paysages musicaux à nul autre pareil. Et peut-être êtes vous même un inconditionnel de la série « Herbert al West« , qui en est déjà à sa saison 5 ! L’ignoble cruauté de ses sanglantes autopsies, l’écho crissant de ses outils de torture, le hurlement déchirant de ses victimes terrorisées, sans oublier son humour de croque-mort, tout un programme ! Si vous suivez donc cet immonde personnage qui n’est évidemment autre que mon avatar (un chroniqueur est un acteur qui ombre dans le noir), vous savez que le choix de ses cibles est très aléatoire. Difficile d’ailleurs de lui trouver un profil-type à ce serial-chroniqueur : du black, du power, du heavy, de l’ambient, du psyché et des trucs encore plus zarbis envoyés par son fournisseur Hunter, il touche à tout, se lassant vite d’un genre avant d’y revenir quand il se lasse d’un autre. Il y a cependant quelque chose qui revient, un signal pour lui très clair : la plastique, l’artwork !!! C’est ainsi qu’il achète souvent sur un simple coup de cœur, sans même savoir ce qui se cache sous le rocher, avide d’apprendre ce que va révéler le fatal coup de rasoir.
Pour l’objet qui nous intéresse, New Eyes, placé sous le logo typiquement eighties Magic Dance (ah, ce bel orange s’éclaircissant à mi-chemin du lettrage pour devenir jaune, c’est ce que l’on appelle l’Indiana Jaune Style !), j’ai totalement craqué, ma fibre nostalgique se mettant à vibrer sans retenue à la vue de ces couleurs mauves et violettes, me laissant sans voix devant cette autoroute numérique traversant un paysage désertique, la silhouette d’un probable héros avançant sous le regard de ce qui semble être un alien. Pas vraiment metal comme ambiance, non, ça sent plutôt carrément la synthwave, genre qui connaît un sacré regain depuis les hits de Kavinsky, Perturbator et autres Anoraak ou Carpenter Brut.
Je grimpe dans ma Ford Mustang, crispe mes mains gantées sur le volant, puis insère le cd dans le lecteur monté pour l’occasion, fait ronronner le moteur et taille enfin la route dans le soleil couchant. Et là pas de bol, c’est carrément pas ce que j’attendais. Coulis de framboise sur lit de mousse au citron et mascarpone, New Eyes est de l’AOR dans l’approche la plus soft du genre : comprenez prédominance des claviers, voix de velours et enrobage de guitares, ces dernières se faisant ici très très très discrètes.
Magic Dance est né d’un projet solo, sorti de l’imaginaire du New Yorkais Jon Siejka. Après quelques EP et un premier album, Vanishings, sorti en 2016, l’artiste s’est entouré cette fois-ci de Kevin McAdams (batterie), Jack Simchak et Tim Mackey (guitares), ainsi que Mike Peniston et Kevin Krug (basse), plus musiciens de session que véritables membres d’un groupe se façonnant. Le gimmick musical est simple : proposer à l’auditeur un mélange de mélodies facilement mémorisables, de claviers rappelant les formules musicales de certaines séries des années 80 (influence de la synthwave donc), le tout bercé par une voix langoureuse et accompagné de guitares très discrètes, mais vraiment. Et quand on sait que cet album est plus orienté guitares que le précédent, c’est dire si celui-ci devait être reposant, vous en serez convaincus après avoir écouté New Eyes.
Il ne s’agit donc clairement pas de hard-rock, même vaguement FM, et la musique paraît carrément légère, même pour le label italien Frontiers, prolixe en sorties AOR, mais au fond pourquoi pas ? Si les mélodies sont belles, la voix séduisante et les refrains entraînants, un revival des tubes à la Survivor ou Loverboy pourrait avoir son charme. Le problème est que j’ai beau avoir multiplié les écoutes, donné sa chance à cet album à d’innombrables reprises (15 jours que je bosse dessus !), je n’ai pas su trouver ce qui faisait la saveur des vétérans du genre.
La voix de Jon Siejka est belle mais elle manque cruellement de personnalité. Un titre comme Never Go Back, dont le refrain fait furieusement penser à du Asia, n’a pas le charme que Wetton aurait pu donner au titre. Les refrains sont souvent d’une simplicité frôlant l’indigence (le morceau d’ouverture, You’re Holding Back est à ce titre un modèle du genre, difficile à s’enlever de la tête, mais pas forcément pour les bonnes raisons). Quant aux guitares, elles font vraiment le strict minimum, jouant rarement du solo, excepté sur l’excellent When Nothing’s Real, morceau ENFIN doté d’un peu de muscle, d’une voix plus rugueuse, qui relève heureusement le niveau. Alors oui, je me montre certainement sévère car je regarde la chose d’un œil rock et n’y trouve clairement pas grand chose à me mettre sous la dent, même si je dois avouer que le titre éponyme clôturant l’opus a bien du charme. Il y a un peu de 7th Heaven là dedans, en moins rock cela dit, mais aussi moins racoleur, ce qui n’est pas un mal. Ce qui est sûr, c’est que vous ne trouverez ici aucun riff digne d’être un jour repris par un groupe qui saura en faire un nouvel hymne, comme Nirvana sut le faire avec Smells Like Teen Spirits, en utilisant le riff de More Than a Feeling, de Boston (1976 !). Alors bon, si vous aimez un tant soit peu le rock ultra soft glissant doucement mais sûrement vers la pop, Magic Dance pourrait s’avérer agréable, l’histoire d’un soir, en douce compagnie, nimbant à la fois la pièce et le moment d’un charme liquoreux jamais envahissant. En attendant, tout cela m’a donné une furieuse envie de recevoir le tout dernier Find Me, car Robbie LaBlanc et Daniel Flores, c’est tout de même autre chose !

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