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Dans ce monde où la musique dématérialisée et accessible à l’excès nous glisse des mains, les nouvelles technologies musicales donneraient presque la nausée. On l’entend partout « les ventes de CDs se cassent la figure » pourtant, heureusement, certains y croient toujours. Il faut dire que, pour beaucoup, tenir un album, son boîtier, son livret entre les mains, représente un plaisir presque aussi intense que son écoute. A l’opposé de la froideur et de la déshumanisation des MP3, le regain d’intérêt observé depuis quelques années pour le disque vinyle s’impose comme le symbole d’un retour à l’authenticité, comme un gage de qualité.
Parmi ceux qui y croient toujours, il y a EMANES METAL RECORDS. En effet, depuis sa création il y a huit ans, le label nordiste aime à augmenter son catalogue des sorties vinyles avant tout. Comme il le dit si bien lui-même « EMANES METAL aura toujours une forte préférence pour le format vinyle parce que c’est pour nous… la seule véritable façon d’apprécier la bonne musique ! ». Voilà les quelques arguments qui m’ont poussé à réinvestir dans un matériel adapté, parce qu’on peut dire ce qu’on veut, EMANES a bougrement raison !
Pour ceux qui me feraient l’affront de ne pas encore connaître le label, son logo en dit long entre les diverses références typologiques et le catalogue est clair d’emblée : « authentic metal worship ». Ici, on est dans le purement old-school. Pour ceux qui me suivent, vous le savez, des chroniques pour ce label, j’en ai déjà fournis pas mal alors vous allez peut-être finir par croire que je suis subventionné mais quand EMANES propose du matériel à chroniquer, l’équipe de Lords Of Chaos a interdiction d’y toucher… je peux mordre pour ça ! Je suis fan, je parle de qui je veux !
Du Thrash, du Heavy, du Doom, un peu de metal extrême, etc. Sept LPs piochés au hasard dans le catalogue pour un bon tour d’horizon du label, voilà qui devrait finir de vous convaincre. Et le hasard, c’est la main de Laurent Sename (THE label manager) elle-même, qui aura bien fait les choses puisque nous avons droit à un échantillon assez représentatif de ce qu’EMANES est en mesure de proposer et signer.
Commençons par un peu de Thrash…
INFINITE TRANSLATION « Impulsive Attack » (2010)
La première chose qu’il faut savoir pour ce premier album du groupe nordiste, c’est que ce visuel là a été réalisé par Repka, c’est quand même pas n’importe quoi ! Vous savez DEATH, MEGADETH, MUNICIPAL WASTE, TOXIC, etc., une référence en matière d’illustration Thrash, quoi ! A l’intérieur, on découvre un magnifique objet collector qui consiste en un disque rouge transparent et quand on tient ça dans les mains, je peux vous dire qu’on rigole bien des MP3 tout pourris ! On redécouvre ici un Thrash de la première garde, plus direct encore que le second album, très influencé par EXODUS, NUCLEAR ASSAULT ou encore la vague allemande du genre.
Sans temps mort, ni laisser de quoi souffler, ça tabasse sévère et à aucun moment l’agressivité n’est laissée au placard. Pas question de laisser une chance à la mélodie, les riffs façon « assaut » et les soli sauvages (avec quelques approximations apportant une authenticité) sont plaqués sur des tempi évolutifs. Voilà bien un Thrash en mesure d’apporter satisfaction au Laurent-fan de SLAYER !
Chez EMANES, on a aussi du tempo plus lent…
NOMAD SON « First Light » (2009)
C’est en 2008 que sort ce superbe premier album d’un des rares groupes de l’île de Malte. Un partenariat entre METAL ON METAL et notre EMANES du jour permettra sa sortie en vinyle une année plus tard. NOMAD SON nous offre un Doom des plus classiques empruntant à CANDLEMASS ou encore TROUBLE. Avec « First Light », l’esprit 70’s n’est jamais très loin, l’orgue Hammond est très présent pour renforcer cette idée et apporter les atmosphères de culte déjà évoquées dans le beau visuel évocateur. Au milieu d’une lourdeur ambiante, apportée par la frappe toujours pachydermique d’Edward à la batterie et les riffs de Chris, la voix de Jordan est très expressive. La basse rampe pour des atmosphères lugubres. Nous avons même droit à un passage très Rock prog en la matière de « The Light At The End ». La suite de la carrière amènera le groupe à lorgner un peu plus vers les rivages du Heavy.
HOODED PRIEST « Devil Worship Reckoning » (2010)
Autre exemple de groupe allant racler les rythmes dans les bas fonds des forges de Vulcain, HOODED PRIEST débarque des Pays-Bas. Après une démo sortie en 2009, ce premier album à l’écoute agréable arrive une année plus tard et propose un Doom des plus évocateurs mais aussi peut-être plus monotone. Au-delà de quelques cavalcades en triolet, c’est lourd, très lourd, pesant et la voix de Luther Finlay Veldmark est soufflée comme une sombre plainte. Les belles photos live à l’intérieur de la pochette montre un certain potentiel et un penchant pour des prestations théâtrales : un chanteur aux airs de moine désaxé (ça rappelle quelque chose), des maquillages façon Black Metal et surtout… l’utilisation d’une contrebasse ! Tout semble s’articuler pour réveiller le culte du diable en chacun de nous.
Entre les déflagrations du Thrash et l’oppressant écrasement du Doom, le catalogue d’EMANES METAL RECORDS fait également la part belle aux groupes de Heavy.
Du classique…
SIN STARLET « Throat Attack » (2012)
Second album pour ce groupe suisse qui, plus traditionnel, renverra l’auditeur aux années les plus fastes de formations telles que JUDAS PRIEST, avec quelques relents de WASP, voire de FATE. Les codes du Heavy, ces mecs les maîtrisent sur le bout de doigts. C’est 80, c’est brut, c’est authentique et ça fait du bien ! Voilà une musique servie par un chanteur à la voix offrant de belles envolées lyriques et un jeu de guitares très habile. Au-delà des références précitées, on ressent néanmoins de la personnalité à travers ces chansons. « Throat Attack » est un album pour lequel aucune question ne se pose. On place le vinyle sur la platine, on fait le plein d’une énergie pure et on est regonflé pour la journée ! Quant à SIN STARLETT, le nom… il faut bien savoir se baptiser dans ce monde grouillant de patronymes où tout a déjà été piqué !
Du français façon templier…
HÜRLEMENT « Terreur Et Tourment » (2013)
L’éclatement d’EVIL ONE, groupe de Thrash français, aura permis de nous offrir deux formations talentueuses : THRASHBACK et HÜRLEMENT, toutes deux signées chez EMANES. HÜRLEMENT, voilà bien un groupe qui fait la fierté de la nouvelle scène française. Après un premier album arrivé à rupture de stock, le public et la critique accueillent chaleureusement ce second. La troupe sait donner un sens à son imagerie médiévale (notons la superbe illustration de Jean Pascal Fournier) au travers d’un Heavy épique axant beaucoup sur des mélodies de guitare à la saveur folklorique. On ressent bien certaines influences « classiques » ou françaises que je ne citerai pas, ou peut-être juste VIRGIN STEELE autant pour l’approche historique, qu’épique et pour plusieurs aspects musicaux, mais en aucun cas nous ne pouvons réduire le groupe à cette comparaison. Entre textes en français et en anglais, Alexis est un chanteur très tourné vers les suraigus. Parfois proche du forçage, il est évident que ce timbre ne peut plaire à tout le monde cependant il apporte un côté percutant et il serait dommage pour tout serviteur de l’étendard français de passer à côté de ce groupe !
Du français façon peur du noir…
SANCTUAIRE « L’Empreinte De Lucifer » (2011)
On arrive à l’un de mes chouchous français. « L’Empreinte De Lucifer » se pose en préface d’un autre album qui résonne encore bruyamment dans mon esprit depuis sa sortie (chronique de «Sainte Mort», second album de SANCTUAIRE ici). Basés à Grenoble, ces mecs balancent avec ce premier album, un Heavy francophone sombre et plein de talent. Si l’on ressent encore l’héritage de groupes tels que MALEDICTION ou encore HIGH POWER, la personnalité du groupe s’affirmera davantage sur la suite de sa carrière. Comme je le disais dans sa chronique, « Sainte Mort, c’est le plus ! » donc « L’Empreinte de Lucifer », c’est le moins… mais pas de grand-chose ! J’entends essentiellement par là, le fait qu’on soit face à un album plus brut, réclamant encore un peu de maturité. Néanmoins, déjà fort obscur dans ses ambiances et la poésie de ses textes, la démarche est lancée. SANCTUAIRE, c’est le prince du Dark Heavy Metal à la française, rien de moins !
Et du power.
STORMHUNTER « Crime And Punishement » (2011)
Avec un nom comme celui-ci et des origines allemandes, il n’y a aucun doute quant au contenu de la marchandise ! STORMHUNTER pratique bien un Speed mélodique (oui, moi je préfère cette appellation) classique mais terriblement bien fichu, dans la veine d’HAMMERFALL, STORMWARRIOR et tous les autres groupes avec STORM dedans. Toute une scène qui s’est elle-même inspirée de MANOWAR pour le côté guerrier ou HELLOWEEN pour la rapidité d’exécution. Avec ce second album, STORMHUNTER poursuit avec engouement chevauchées épiques et duels de guitares. La voix de Frank Urschler, aidée par des chœurs travaillés à la manière de FREEDOM CALL, n’est pas aussi mélodique que les chanteurs des noms cités ci-dessus mais sait donner le ton. Un périple typiquement allemand (pour révision du « typiquement allemand », se référer ici).
Sept LPs, sept exemples mais le catalogue du label est bien plus riche encore. De quoi amplement vous donner envie de vous refaire une collection. C’est cher ? Peut-être (et encore…) mais ça le vaut. Une discothèque, c’est de l’or entre les mains. Soyez plus exigeants pour vos petites oreilles, lâchez les MP3. Vous savez ce qu’il reste à faire de vos prochains instants … destination EMANES : http://www.emanesmetalrecords.com