[Chronique] GANG – Inject The Venom

Bernard-Henri Leviathan

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Note : 7/10

 

GANG ; s’il y a bien un nom faisant presque figure de parrain, de grand-frère au sein de la scène bien fournie au nord de Paris et perpétuant une vision underground et traditionnaliste du genre, c’est bien celui-ci. Depuis près de 25 ans mais surtout depuis son retour en 2010, le quintet fismois met toute sa passion et sa détermination à réaffirmer les valeurs du Heavy Metal des premières époques. Hyperactifs de la scène, on a pu les voir ces dernières années en compagnie de Paul Di’Anno, TYGER OF PAN TANG, Blaze Bayley, ADX, VULCAIN, HOLOCAUST, etc. Pour ceux qui suivent mes écrits, vous avez souvent entendu parler du label EMANES METAL RECORDS. C’est sur ce label nordiste que GANG nous revient avec « Inject The Venom », son 8ème album déjà.

Avec 10 titres sans ballade, un interlude et une reprise, GANG délivre une collection de morceaux déterminés, dans la plus pure authenticité. Des riffs mordants, des harmonisations à 2 guitares, des refrains entêtants, un chant aigu au service des mélodies… les références sont parfois bien marquées et évidentes mais on sait aussi ce qu’on recherche lorsqu’on écoute un album de GANG. Ainsi, après l’ouverture en guitare claire laissant présager du calme avant la tempête, « Primal Reign » prend des airs de JUDAS PRIEST avec la voix suraigüe, bien qu’ici un peu forcée, de Bill tandis que la basse martèle tout au long du titre. SAXON est également de la partie sur des titres tels que « Dying World » ou « Chaos For Glory ». IRON MAIDEN a son petit carton d’invitation avec ce riff harmonisé typique sur « Man Of Sorrows ». Comment ne pas penser directement à SCORPIONS période Uli Jon Roth sur « All Of The Damned » mais surtout au mythique « Coast To Coast » à l’écoute de l’instrumental « Midnight » tant dans la construction du morceau que dans la progression des accords ? La reprise de « If Heaven Is Hell », chanson épique et enjouée de TOKYO BLADE avec en prime la participation de son actuel chanteur, Nicolaj Ruhnow, enfonce le clou. L’interprétation est réussie et me ferait presque préférer cette version à l’originale. Mais il serait injuste de ne parler que de références car GANG, sans réinventer aucunement le style, sait placer sa propre patte notamment par le biais de la voix très reconnaissable de Bill qui dispose d’un champ large de modulations mais qui pourrait également agacer l’auditoire non averti.

La fin de l’album s’obscurcit, à l’image de son titre vénéneux. « Edge Of Time » commence par l’ambiance posée mais sombre d’un clavier. L’instrumentation électrique arrive sur une marche avant de libérer les atouts d’un morceau sortant du lot : ligne de chant en tension, riffs en contretemps, changements de rythme et riff plus noirs, harmonisations typiques des guitares. L’atmosphère s’assombrit encore sur l’interlude « Behind The Gate » où les claviers, bien qu’aux sonorités midi, accompagnent, comme dans les contes horrifiques de King Diamond, des voix grinçantes et des rires de bébé. « All The Fool Around », morceau classique mais efficace, marque une pause avant de replonger dans nos cauchemars d’enfant juste le temps de clore cet album.

Malheureusement, « Inject The Venom » présente également son lot de faiblesses. Avec un style graphique – en rupture avec leurs standards antérieurs, à rapprocher maintenant des visuels fous du Thrash d’antan ou des récents HAVOK par exemple – j’étais en droit d’attendre une belle évolution de la part du groupe et j’avais, de ce fait, hâte de poser une oreille dessus. Cependant, aux premières écoutes et malgré ma volonté à y revenir, l’album me laisse comme une petite déception, celui-ci présentant quelques maladresses. Avec « Inject The Venom », GANG a choisi la prise de son analogique, sans aucun trigg, le tout à l’ancienne. A l’ère des productions aseptisées, la méthode est tout à leur honneur. Seulement, si j’apprécie particulièrement lorsqu’un album sonne brut, palpable, réel, le problème est, ici, qu’il sonne un peu léger. Le premier souci qui frappe réside dans la batterie sonnant de manière linéaire et manquant de souplesse. Ceci n’empêche cependant pas d’être porté par des patterns intéressants comme ces subtilités à la double pédale sur « State Of Disgrace », par exemple. La seconde difficulté reste, à mon sens, l’interprétation des soli manquant de fluidité pour faire vibrer. Tout est problème de style. Dans le Heavy Metal, il semble assez aberrant pour les musiciens de ne pas proposer de solo dans une chanson. Et pourtant, il est nécessaire de s’interroger sur son intérêt propre dans la progression d’un morceau. Est-il nécessaire d’en placer un simplement pour répondre à des codes ? Alors que les guitares en harmonisation sont finement travaillées et bien dosées pourquoi ne pas utiliser cet atout en lieu et place des soli parfois approximatifs ?

Un album qui se laisse amplement apprécier, surtout lorsque l’envie vous prend de replonger dans les sonorités électriques des années 80, mais pas exempt de tout défaut donc. Après 8 albums, GANG évolue et se garde une petite marge de progression devant lui. Cependant, il y a chez ce groupe un je-ne-sais-quoi de particulier qui lui fait blanchir ses erreurs. Sa sincérité, cette volonté d’acier à défendre l’histoire et les racines de notre musique pour que tout ceci continue à vivre y tient sans doute une bonne part ! Et GANG ayant pris soin de sortir une version vinyle avant le pressage CD, avec un MCD en bonus, les amateurs de l’ancienne garde ont d’autant de bonnes raisons d’avoir le sourire !

Question de Blackdog à BHL : Gang…. Comme le scooby gang ?

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2 commentaires sur “[Chronique] GANG – Inject The Venom”

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