[Chronique] FACTOR HATE – Scary Tales

Herbert Al West - Réanimateur Recalé
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Note : 07/10

Dieu pardonne aux âmes des défunts !!!

Quelque chose de très étrange et fascinant s’est passé il y a peu dans mon antre lorsque j’ai déposé sur la table tachée de brun l’enveloppe envoyée par Ellie Promotion (et au passage, merci Elodie !). Mes outils de découpe s’animèrent d’un coup, frappés d’une sinistre magie et faisant briller l’inox au détour de soubresauts syncopés. Le scalpel fut le premier, léger et aiguisé, à découper de son fil le banal et frêle sarcophage, coiffant au poteau un costotome un brin rouillé et narguant la scie d’autopsie retenue par la trop courte rallonge l’unissant au dieu 220 v.
Victime de ce viol un tantinet sauvage, le papier révéla sous ses jupes déchirées un corps à mes yeux merveilleux. Factor Hate en haut et en dextre, Scary Tales en bas et en senestre, voici pour le nom du groupe et celui de son premier opus. Mais entre les deux s’impose le délicieux croquemitaine marqué en son front de l’initiale du mot Watcher, patronyme d’un possible avatar de slasher. L’héraldique de ce groupe me plait déjà : ombre teintée de gueules au regard sinople sur fond de mur capitonné, sable en pierre tombale d’argent. Voilà qui en jette, on tient là une nouvelle mascotte comme le metal les affectionne, d’Eddie the ‘Ead à Vic Rattlehead en passant par Set Abominae ! Bien simple, j’étais tellement ému que je m’en suis tranché deux doigts (j’en ai greffé de nouveaux, rassurez-vous, et bien plus longs que les anciens) !
Factor Hate, qu’est-ce donc ? Une bande de copains franciliens ayant traîné leurs guêtres dans divers combos, Mainkind (2005-2011) pour les musiciens (les frangins Silver et Sharky, Kev et Hubb) et Heavintage pour le chanteur (Titi « The Watcher »). La musique est sans conteste du heavy, efficace et carré, nourri d’influences suffisamment bien digérées pour ne pas donner dans la récitation. Difficile cependant de ne pas rapidement penser à Alice Cooper, et plus précisément à la période Constrictor/Raise Your Fist and Yell, tant dans la thématique – on y retrouve beaucoup de l’univers du sieur Cooper : la quiet room, la mad nurse et ses injections vicieuses, la camisole, les troubles schizophréniques, le grand-guignol assumé… -, que dans l’enrobage musical – quelques riffs et rythmiques et une façon typique d’aborder le chant sur certains passages. Les titres à eux seuls sont des indices probants tendant à confirmer cette noble ascendance : du premier véritable morceau, You’re in the Nightmare, clin d’œil à l’oeuvre phare du pape du shock-rock, à d’autres que l’on pourrait croire tout droit sortis de la période déjà citée : The Eyes in the Dark, Black Roses, Asylum, Raise your Hands
Chose intéressante à savoir, la musique a été pensée et créée avant que n’arrive le chanteur et nouveau leader du groupe, Titi « The Watcher ». C’est par contre celui-ci, fort de son admiration toute particulière pour Alice Cooper et le rock théâtral – on peut aussi penser aux vétérans de Hell, dans leur attitude plus que dans la musique -, qui a enfanté le concept et les textes qui allaient être greffés sur la musique (concept narrant les aventures d’un croquemitaine aux couleurs du Gigsaw traquant ses proies dans l’univers des cauchemars). Et bien malin celui qui trouvera une quelconque faille ou incohérence dans le tout tant l’ensemble s’imbrique à merveille, reflet du ying joignant son corps au yang.
Entrons maintenant plus avant, si du moins vous l’osez, dans les corridors joliment malsains de l’antre des franciliens. Et commençons par la première impression, un brin amère, susceptible de saper l’entrain de certains : Scary Tales est une auto-production, ce qui n’est évidemment en soi nullement un défaut – il faut bien démarrer, et tout le monde ne peut pas se payer Andy Sneap au premier effort. Et il y  a à vrai dire du bon, notamment le bel équilibre entre les différents ingrédients, batterie, basse, guitares et chant jouant ainsi sur un pied d’égalité, mais l’ensemble pêche d’un indubitable manque de puissance, de ce coup de fouet ne demandant qu’à doper le moindre morceau pour l’élever vers un plus haut niveau. Cela n’enlève rien au talent des compositions, sur lequel je vais bientôt m’étaler, et nombre d’illustres confrères sont déjà passés par là (je pense tout particulièrement à deux perles passées à côté du sans faute : le Cruelty and the Beast, de Cradle of Filth, et le Beyond the Boundaries of Sin de Hellwell, projet annexe de Mark « Manilla Road » Shelton et de son compère bassiste E.C. Hellwell, chef d’oeuvre de composition rendu presque inécoutable par la faute d’une production totalement ratée, impardonnable au vu du CV des messieurs !!!), mais il vous faudra faire un petit effort pour donner sa chance à l’album de refaire un tour de piste. Et vous vous féliciterez alors, car passé cet écueil, on se prend à entrer dans la danse et le savoir-faire des musiciens prend vite le dessus. Entrer dans le concept est tout d’abord aisé, tout cela grâce à quatre interludes (intro et outro comprises) ne lésinant pas sur les accessoires pour installer l’ambiance – narrateur s’interrogeant à la façon schizo du Steven de « qui vous savez », jouet ricanant sinistrement, boîte à musique hantée… -, et à l’investissement d’un chanteur qui se régale, visiblement heureux de nous faire partager ses délires (et nous fera vite passer l’envie de lui reprocher de ne pas se risquer dans les notes perchées et de trop rester sur les basses). Se prendre ensuite à suivre les refrains en chœur tout en tapant du pied, c’est ce qui vous attend tant nombre de morceaux sont d’indéniables réussites calibrées pour l’efficacité : The Watcher, Wild as the Wind, The Eyes in the Dark, Behind Me (mon p’tit chouchou celui-ci, au riff assassin et sur lequel Titi se lâche bien !), Asylum (le single, si le mot signifiait encore quelque chose aujourd’hui), Riding Fast and High et sa double pédale,… euh, ça en fait finalement des titres accrocheurs ! La rythmique est souvent létale, prête à varier le tempo, comme sur le furieux Kingdom of Madness, laissant souvent la place à une basse très présente tout au long de l’album. Quant aux guitares, elles ont particulièrement retenu mon attention, toutes en riffs tranchants (Wild as the Wind, qui vous débite la chair comme sur le Time to Kill du grand Alice) ou plus subtils (The Eyes in the Dark), illuminant l’opus de soli bien plaqués (en fait, chaque morceau possède le sien, pour ma part j’aime beaucoup celui du décidément très réussi Asylum).

Scary Tales, au fil des écoutes, se révèle un redoutable condensé de passion musicale et un véritable plaisir coupable, pour peu que l’on compense la faiblesse de la production par un son monté à pleine puissance (c’est du metal, ça tombe bien, c’est fait pour ça !!!). Comme chez Hell, Alice Cooper, King Diamond, chaque concert est un véritable délire grand-guignolesque, plein d’ustensiles peu recommandables à des personnes de bonne moralité. Cela tombe bien, car tous les titres sont pensés pour la scène (les refrains, les « ohohoooooh » maidenesques prêts à entraîner la foule sur Behind Me !). Il ne vous reste plus qu’à apprendre les textes par cœur et à guetter la venue dans vos contrées de ces sympathiques musiciens ivres de partager leur plaisir. Gageons qu’à l’avenir les défauts bien pardonnables de ce premier opus seront gommés et décupleront l’impact de Factor Hate, groupe évoluant dans un genre peu joué – et surtout aussi bien – dans notre cher pays.

En cadeau, voici le clip délirant d’Asylum (prononcer « Euh-saille-lomme !).

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2 commentaires sur “[Chronique] FACTOR HATE – Scary Tales”

  1. Ouaouh Helbert, que dire, si ce n’est merci pour cette chronique.
    Nul doute que je viendrais en priorité visiter ton esprit dans les nuits à venir
    A très bientôt
    TITI « The WATCHER »

  2. Ma femme m’a dit que j’avais parlé dans mon sommeil, visiblement très agité (véridique) !… C’était donc toi, le Watcher !!!

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