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Note : 08/10
C’est avec un sentiment mêlé d’impatience et d’appréhension que j’ai abordé l’écoute du second opus des californiens d’Ancient Empire. Les frangins Pelletier (basse et batterie) et leur comparse Joe Liszt (guitare et chant) ont thrashé dur sur Hellhound, et adoptent ici un style proche de l’autre combo (troisième en activité donc) de Joe Liszt : Shadowkiller (Slaves of Egypt, sorti en 2013, chronique ici). Le power metal racé de ce dernier, aux mélodies adoptant de subtils accents prog, m’avait séduit d’emblée et donné envie de découvrir When Empire Falls (2014), premier opus d’Ancient Empire. Adoptant un style plus sec et nerveux que son quasi jumeau, le trio avait brillamment imposé son identité, fort d’une redoutable section rythmique. La semi-déception du second opus de Shadowkiller, Until the War is Won (2015) et l’annonce en 2016 de la sortie d’un nouvel album d’Ancient Empire (sans oublier l’album de Hellhound !), me soufflait l’idée que tout cela était peut-être un peu trop précipité.
Et ce n’est pas l’écoute du premier titre, Fight Another Day, qui allait me contredire. Soufflé vite dégonflé du fait d’une trop grande linéarité et d’une longueur déraisonnable (7 mn), le morceau s’avère une bien mauvaise façon d’ouvrir les hostilités, et ce malgré un solo de l’espace évitant de justesse l’assoupissement. Et déboule alors Dark Before the Dawn, avec sa redoutable rythmique digne des meilleurs morceaux d’Iced Earth (influence indéniable des californiens). Titre imparable qui s’écoute en boucle, encore et encore, et dans lequel éclate toute la force du groupe : le chant de Liszt, tout en puissance, dépasse le cadre du power metal avec sa hargne thrashisante dévoilant ses expériences plus véloces (D-Train, Sick Cell et Hellhound) tandis que la frappe de Steve Pelletier dévaste tout sur son passage, fissurant les murs d’un édifice que seule la basse du frangin permet de consolider. La thématique de l’album étant un vaste conflit spatial opposant l’empire des hommes à une race belliqueuse, on peut dire sans se tromper que la guerre des étoiles est déclarée et fait rage dans les ténèbres du cosmos. La science des riffs est un art savamment travaillé chez Ancient Empire, et illumine chaque morceau de ses notes obsessionnelles, comme sur le féroce et très réussi Shadows of War ou sur le speed Empire of Man, morceau rappelant les canons de la NWOBHM et rehaussé d’un solo lumineux démontrant qu’en plus d’être un excellent chanteur, Liszt est aussi un sacré guitariste. La frappe des fûts est sévère sur Resistance, comme sur la plupart des titres, et les assauts du batteur font souvent craindre le pire pour le set martyrisé, montrant ici ce qui diffère essentiellement Ancient Empire de son grand frère Shadowkiller, combo plus nuancé et moins frontal dans l’exercice du power metal, même si redoutable à sa manière. On retrouve d’ailleurs cette approche plus progressive sur le titre le plus envoûtant de l’album, The Forsaken, admirable morceau emprunt d’une lourde menace explosant en un assaut dantesque avant de retrouver le rythme originel et pesant du début. C’est l’heure des vérités, le moment où la race humaine va connaître son destin : Will we find our survival, or desolation in the stars… Grandiose.
Alors d’accord, il y a peut-être un peu de linéarité dans le langage délivré, et l’on peut regretter aussi qu’il n’y ait pas plus de mid tempo, mais force est de constater que la musique dénote une véritable personnalité, promettant le meilleur pour le chapitre à venir, qui demandera juste un peu plus de temps pour mûrir et s’épanouir. Et encore une fois, chapeau au label Stormspell Records, découvreur de talent et défenseur du true metal !
Morceaux incontournables : Dark Before the Dawn et The Forsaken !